Le bonheur, mode d’emploi

    

Rina Kumari Sahani,                                                                                   agéee de 6 ans, travaille à casser des cailloux, à Siliguri, en Inde

Ce n'est que lorsqu'il aura fait tomber le dernier arbre, contaminé le dernier ruisseau, pêché le dernier poisson, que l'homme s'apercevra que l'argent n'est pas comestible.                                                                            Indien MOHAWK   

                 social – économie

             Le bonheur, mode d’emploi

Le directeur du Bureau international du travail appelle à prendre mieux en compte le rôle et l’importance du travail.

« Pourquoi les habitants des pays riches ne voient pas leurs conditions de vie s’améliorer lorsque le PIB augmente ? » La première réponse qui vient est déjà connue. Ces trente dernières années, la croissance du PIB s’est concrétisée par l’explosion des revenus d’une minorité et la relative stagnation d’une majorité.                                                                                    L’autre réponse revient à pulvériser la conception malthusienne qui consiste à penser que produire et consommer suffirait à satisfaire les besoins. En clair, le bonheur ne se résume pas à avoir la dernière voiture à la mode, mais se joue aussi dans la qualité de la vie. S’il n’y a pas de définition unique de celle-ci, la notion renvoie à celle d’un bien-être individuel et collectif qui peut s’objectiver à travers un faisceau d’indices et de critères : avoir un revenu permettant de vivre décemment, pouvoir se former tout au long de sa vie, vivre dans un environnement non pollué et paisible, avoir des perspectives d’évolution sociale et professionnelle, disposer d’une offre de services publics accessibles et de qualité (soins, éducation, petite enfance, culture…), pouvoir participer pleinement au processus politique, etc.                                                                                      Prenant l’exemple du travail, Juan Somavia, directeur général du Bureau international du travail (BIT), a expliqué l’importance des travaux réalisés par la commission, tout en affichant ses limites. « Aujourd’hui, il n’existe pas de mesure de la précarité du travail.                                        Or, la précarité existe dans le travail. Celle-ci empêche d’être confiant dans ses décisions. De la même manière, le rôle social du travail n’est pas sondé. Le travail pour le moment est identifié comme un coût de production, mais, en tant que source de dignité de la personne, paix dans la famille, essentiel dans l’organisation de la société, etc. il est jusqu’à maintenant évacué ». Développant son analyse, le directeur du BIT montre que cette vision rétrécie a conduit à flexibiliser le travail entraînant la suprématie du capital contre les salaires. Résultat, cette dualité a amené les ménages à s’endetter, ce qui a provoqué la crise. « Les grands dirigeants nous parlent déjà de reprise. Mais il n’existe pas de reprise sans création d’emploi. Et on ne peut pas s’en satisfaire », développe l’économiste. Dans ce sens, la politique économique ne doit plus seulement viser la croissance de l’activité économique, mais aussi la croissance de la qualité de vie de l’ensemble des concitoyens. Ainsi, les pouvoirs publics auront à coeur d’investir massivement dans les services d’intérêt général, de favoriser une croissance riche en emplois de proximité et de qualité, écologiquement et socialement plus responsables, en production plus soutenable et équitable. La croissance de l’activité ne serait plus le but mais la conséquence de cette nouvelle pratique. La commission Stiglitz ne va pas malheureusement pas jusque-là, mais en réfléchissant à l’amélioration des indicateurs de la qualité de la vie, elle fait avancer le débat.

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