C’est un scandale !
Les grands patrons atteints par la crise… de foie
Les licenciements boursiers permettent au CAC 40 de flamber de nouveau. Voici le retour des revenus insolents.
La crise, la crise, la crise… Il faudrait être grincheux comme l’un de ces cinquante mille salariés jetés sur le pavé chaque mois depuis le début de l’année pour trouver à y redire. Pour préserver ou réduire la baisse de leurs profits, les entreprises licencient. L’État renfloue la finance. Et le résultat est là. Il suffit de lire le magazine Capital de novembre pour s’en persuader. Un copieux dossier, nourri de force tableaux et chiffres, détaille le sort des grands patrons. Les titres indiquent déjà à quel point la crise ne les atteint que peu, et cela pas du fait des filets de notre système de protection sociale : « Leurs bonus ont moins baissé que les bénéfices. » Ou encore : « Actionnaires, malgré la crise, les dividendes continuent à pleuvoir. » Enfin : « Stars de la finance, retour aux superbonus déjà en perspective. »
Bernard Arnault, le PDG du groupe de luxe engagé dans une stratégie ultrafinancière, ne gagne que 4 malheureux millions d’euros par an. Heureusement pour ce brave homme dans la peine, ses dividendes s’élèvent à 219 millions d’euros. François Pinault émarge, lui, à 211 millions, et Martin et Olivier Bouygues à 105. Ces quatre-là sont derrière l’as des as, Liliane Bettencourt, de L’Oréal : 265 millions de dividendes. « Quant aux 40 suivants, ils ont empoché chacun, 12 millions, en moyenne. Soit 750 années de SMIC ».
« Pour une majorité de patrons actionnaires, la crise a glissé comme l’eau sur les plumes d’un canard », précise le mensuel, qui dévoile un secret de chef : « Pour compenser la baisse des profits, certains en ont distribué une plus grande part (60 % ou plus) aux détenteurs de titres. » Autant de moins donc pour l’emploi, les salaires, la formation ou l’investissement productif. De plus, ces revenus « échappent au coup de projecteur des médias ou des syndicats », « bénéficient ensuite d’une fiscalité douce » et « même à l’heure du bouclier fiscal, ce régime reste très avantageux ». Il y aurait toutefois des malheureux dans ce petit monde. « Chez les Wendel, ce n’est pas encore le retour à la mine mais presque : la somme des dividendes reçus a été divisée par deux pour les héritiers des maîtres des forges »…, à 17,5 millions. On ne va peut-être pas sortir nos mouchoirs.
Il y a des cas de figure intéressants dans ce palmarès de la richesse insolente. Ainsi M. Marc Ladreit de Lacharrière gagne-t-il 2,4 millions d’euros l’an en salaire, auxquels s’ajoutent 34 autres millions au titre des dividendes perçus en 2009. « La rémunération du patron et propriétaire de Fimalac », commente la revue, « a moins baissé que ses activités ». Quelle sont- elles ? La notation financière. Amusant, non ? On apprend aussi que certains réalisent « de jolies opérations » en Bourse.
Ah! Quel beau capitalisme moral que revoilà!