Le chef de l’État a multiplié, les allusions à l’Ancien Régime et au christianisme pour livrer sa vision de « l’identité nationale ».
Nicolas Sarkozy a détaillé, à la Chapelle-en-Vercors (Drôme), une vision aussi contestable qu’inquiétante de la République, passée au crible de ses injonctions sur « l’identité nationale française ». « La République, c’est l’autorité de l’État, l’égalité des chances, le mérite, le travail », a-t-il lancé, en fustigeant « l’égalitarisme ». Avec des accents dignes du procès de Riom de 1942, intenté par les vichystes à Léon Blum et aux républicains, le président de la République a présenté les 35 heures comme une « erreur tragique » entérinant le « renoncement à la valeur du travail ». Il a ensuite exalté « le travail et la famille » pour défendre la suppression des droits de succession et l’instauration du bouclier fiscal. Chômeurs et autres « assistés » ont été violemment pris pour cible, dans le même temps, par le chef de l’État, qui entend opposer « celui qui fait son travail » et « celui qui ne fait rien ». Curieuse vision de la République, aussi, lorsque l’hôte de l’Élysée a exalté ce que celle-ci devrait, selon lui, « à l’Ancien Régime ».
Fidèle à sa stratégie de réécriture et de manipulation de l’histoire, Nicolas Sarkozy a vilipendé « l’expérience sanglante de la Terreur », mais glorifié « le rêve capétien réalisé » de l’unité de la France. Avant d’appeler à « vibrer avec le sacre de Reims » des rois de France. Dans une envolée antilaïque, il a ensuite assuré qu’il n’y avait « pas un seul libre penseur, pas un franc-maçon, pas un athée qui ne se sente, au fond de lui, héritier de la chrétienté ». Confondant « l’identité nationale » avec « les cathédrales, les clochers d’église », il a décrété : « Être français est un honneur, il nous appartient à tous de le mériter. » Paraphrase limpide d’un slogan du FN.