http://www.congres49.cgt.fr/
Les syndicats, et le premier d’entre eux en particulier, pouvaient-ils « faire plus » après la réussite des 29 janvier et 19 mars ? Le débat sur le rapport d’activité, approuvé à 77,29 % des mandats, a tourné autour de cette question.
Nantes (Loire-Atlantique), envoyée spéciale.
C’est un sentiment bien présent, même si une fois la question posée, il semble difficile de trouver des réponses. Les syndicats, et parmi eux la CGT, pouvaient-ils « faire plus », « faire mieux » ou « faire autrement », pour amplifier le rapport de forces après les mobilisations des 29 janvier et 19 mars derniers contre la crise ? Le premier des débats du congrès a retourné la question dans tous les sens lors la discussion sur le rapport d’activité hier. Celui-ci a été approuvé à 77,29 % des mandats, un chiffre en recul de cinq points par rapport au dernier congrès. La veille, Bernard Thibault avait pris soin de préciser que, pour lui, la démarche de la CGT n’est pas en cause. « Vous êtes tous témoins que, lorsque nous parvenons à la mettre en œuvre, ça marche ! » avait-il assuré.
quelles revendications mettre en avant ?
Et parfois, cela ne marche pas, ou pas autant que souhaité, ont tempéré plusieurs délégués. « Il y a des désillusions sur la conduite du mouvement intersyndical », fait part Laurent Delaporte, de la fédération des ports et docks. Mais, explique Philippe Valla, du commerce, « il faut apprécier nos résultats en fonction de nos forces ». Pour Sophie Duquesme, des Chantiers navals de Saint-Nazaire : « En janvier, nous étions dans un conflit offensif qui a ouvert des espoirs. Six mois plus tard, nous sommes retombés dans un conflit défensif. »
« Ce n’est pas avec une mobilisation tous les trois ou quatre mois qu’on fera reculer le gouvernement. La CGT ne doit pas être dans l’accompagnement du système actuel », a affirmé Jean-Pierre Delannoy, de la métallurgie du Nord, opposant déclaré de la confédération. Si le rythme du mouvement interroge, la question de savoir quelles revendications mettre en avant occupe aussi les esprits. « La crédibilité syndicale dépend de la capacité à proposer des solutions radicales face à la crise », argumente Denis Durand, de la fédération des finances. Certaines, exprimées, revendiquent un refus plus affirmé des licenciements ou encore une revendication salariale chiffrée. Être plus offensif dans les revendications, est-ce compatible avec une démarche d’unité syndicale ? Certains, minoritaires, doutent. D’autres, sans réclamer un isolement de la CGT, suggèrent de savoir prendre un peu de distance. Alain Le Maux, de Rennes, se demande s’il n’aurait pas été fructueux « d’appeler à la grève tout seul après le 19 mars ». Mais, pour Raymond Vacheron, de la fédération du textile, « être unitaire n’est pas contradictoire avec du volontarisme revendicatif. Ce sont les revendications qui fédèrent et conduisent à l’action ».
Les salariés sans papiers n’ont pas expliqué autre chose. Motibo Traoré, intervenant « au nom des 6 000 grévistes », a lancé : « Nous sommes dans la lutte pour obtenir une circulaire claire, applicable sur tout le territoire national. » Chiaka Fane, qui a, grâce à cette bataille, obtenu des papiers a tenu à dire que « la solidarité est la clé de notre combat alors que le désespoir pousse chacun à aller de son côté. J’étais un sans-voix et vous m’avez donné la parole ».