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Retraites
Ignorées par le conseil d’orientation des retraites (COR), une taxation des revenus financiers, évoquée par Nicolas Sarkozy, et une réforme de la cotisation patronale permettraient de résorber le déficit.
C’est un premier grain de sable dans la machine à penser en rond. La retraite ? Tout simplement un problème démographique, nous répétait-on jusqu’alors. Le nombre de retraités augmente plus vite que celui des actifs, le déficit des régimes se creuse, des sacrifices supplémentaires de la part des assurés sociaux sont inéluctables. Lundi, lors du sommet social, Nicolas Sarkozy a introduit un léger bémol dans ce discours en évoquant un « effort financier supplémentaire des hauts revenus et des revenus du capital ». Comment ? Combien ? Tout reste à préciser. Bien sûr, aucune illusion n’est permise sur les intentions d’un chef de l’État qui s’est surtout employé, depuis 2007, à bichonner les bénéficiaires des revenus du capital. Au demeurant, cette annonce vise moins à résoudre la question du financement de la retraite qu’à donner un vernis d’« équité » à la réforme en gestation. Une manière, en somme, de mieux faire avaler aux assurés sociaux la pilule d’un report de l’âge légal de départ et d’un allongement de la durée de cotisation. Des mesures injustes et à peine moins inefficaces que les précédentes réformes de 1993 et 2003, comme le montrent les simulations réalisées par le COR, rendues publiques hier : dans leur variante la plus sévère, elles équivaudraient à une sorte de hold-up de 23 milliards d’euros (à l’horizon 2050) sur la population retraitée, tout en ne résorbant qu’une petite partie du déficit.
LA DÉGRADATION DES COMPTES DES RÉGIMES
Éviter un tel scénario catastrophe n’a rien d’utopique. À condition d’ouvrir en grand la porte, tout juste entrebâillée, du débat sur les ressources du système de retraites. La clé du problème est connue : c’est l’emploi. Le rapport du COR publié le mois dernier sur les projections financières des régimes l’a clairement montré : la dégradation des comptes (32 milliards d’euros de déficit prévus en 2010) est la conséquence directe de la crise économique actuelle, avec son corollaire, la perte de quelque 600 000 emplois depuis 2008. Pour soigner la retraite, il s’agirait donc d’abord de conduire une politique visant réellement le développement d’un emploi qualifié, bien rémunéré. Vaste chantier, qui pourrait être attaqué par des mesures pénalisant les entreprises recourant à la précarité. Mais aussi par une remise en question des exonérations de cotisations sociales (qui s’élèvent à plus de 30 milliards d’euros par an, dont 10 milliards de cotisations pour la branche retraite de la Sécurité sociale) : une « médecine » dont les effets promis sur l’emploi ne sont toujours pas avérés, mais qui, par son effet « trappe à bas salaires », pèse très lourd sur les rémunérations, et donc sur les recettes de la Sécu. Selon une estimation de la CGT, la moitié des besoins de financement de la retraite pourraient être couverts par le retour au plein-emploi.
PROPOSITIONS DES SYNDICATS ET PARTIS DE GAUCHE
Pour le reste, syndicats et partis de gauche ont mis sur la table une série de propositions dessinant une véritable réforme du mode de financement. La plupart d’entre eux s’entendent pour préconiser la mise à contribution des revenus du capital. Si elle était sérieusement envisagée, une telle mesure ne serait pas simplement symbolique : appliquée aux 250 milliards d’euros de revenus financiers des entreprises (et pas seulement ceux des particuliers), une cotisation du même niveau que celle appliquée aux salaires rapporterait 20 milliards d’euros (l’équivalent des deux tiers du déficit !). Beaucoup préconisent en outre de faire cotiser les revenus de l’intéressement et de la participation, actuellement exonérés : une mesure dont le rendement est estimé à 3 milliards d’euros. Au-delà, des propositions portent sur un changement de la cotisation patronale, certaines (PS) pour en étendre l’assiette à toute la valeur ajoutée, d’autres (PCF, CGT) pour la moduler en fonction de la part des salaires dans la valeur ajoutée, dans le but d’initier un processus vertueux favorable au travail, et, du coup, à la Sécu. À quand des simulations du COR sur ces pistes ?