Taclant le gouvernement qui ignore leurs propositions, cinq syndicats, la CGT, la CFDT, la FSU, Solidaires et l’Unsa, appellent à une nouvelle journée de mobilisation le 24 juin.
Réunis le 31mai au siège de la CGT, les représentants de cinq confédérations syndicales (CGT, CFDT, FSU, Unsa, Solidaires) ont décidé, après trois heures d’échanges, d’appeler les salariés à une nouvelle journée d’action sur la retraite. Ce sera le 24 juin, soit quelques jours après la présentation par le gouvernement de son projet de réforme, attendu autour du 18 juin. La CFDT, qui tient, la semaine prochaine, un congrès dont les travaux seront largement focalisés sur le dossier retraite, a finalement résolu, sans attendre, de s’associer à ce rendez-vous. Seule la CFTC, qui participait à la réunion d’hier, a jugé nécessaire de consulter ses instances pour décider si elle s’y joint ou non. Alors que le gouvernement avait affiché son intransigeance au lendemain de la mobilisation du 27mai, l’intersyndicale, qui porte « une appréciation positive » sur cette dernière journée, parlant de « dynamique de rassemblement », répond donc en montrant sa détermination à monter encore la pression.
Etre plus nombreux
Nadine Prigent, dirigeante de la CGT, en fixait la barre hier, indiquant : « On est tout à fait en capacité de réussir le 24 juin une journée supérieure au 27 mai. Il faudra être encore plus nombreux. » Dans un communiqué commun, les cinq confédérations constatent en effet que « les orientations du gouvernement ignorent l’essentiel des exigences formulées par les organisations syndicales ». Elles taclent le cabinet Fillon qui, « avec mépris, a affirmé vouloir maintenir le cap sans prendre en compte la mobilisation des salariés » et qui « écarte toute idée d’un véritable débat et distille son projet au fil de l’eau ».
Sur le fond, l’intersyndicale juge « inacceptable et injuste » la remise en cause de l’âge légal à 60 ans, qui ferait porter les efforts sur les salariés qui ont commencé à travailler tôt et les précaires. Cela aurait, a souligné Marcel Grignard, le numéro deux de la CFDT, « des conséquences extrêmement lourdes », avec « une incidence nulle pour certains et une augmentation de trois ans de la durée d’activité pour d‘autres ». L’intersyndicale considère « incontournable » la reconnaissance de la pénibilité, qui « ne peut se concevoir à partir d’un examen médical » (méthode qu’envisage le gouvernement et qui limiterait considérablement le nombre de salariés astreints à des travaux pénibles et susceptibles de bénéficier d’un départ anticipé).
« Rien n’est joué ! »
Enfin, en dépit de l’annonce très floue par le ministre du Travail d’une « contribution des hauts revenus et des revenus du capital », les syndicats estiment que « la question des nouvelles ressources reste pleine et entière », et ils rappellent l’importance, pour la retraite, du problème de l’emploi.
Alors que « le gouvernement a choisi le rapport de forces avec les syndicats », « il est extrêmement positif qu’on ait pu décider d’une nouvelle journée d’action », se réjouit Pierre Khalfa, de Solidaires. « On ne peut pas laisser le gouvernement annoncer son projet sans réagir », renchérit Bernadette Groison, pour la FSU, pointant les « silences lourds de menaces » sur la question de l’harmonisation entre secteur public et privé. Pour Nadine Prigent, « les salariés ne s’y trompent pas : dans les négociations salariales, c’est zéro, les plans de suppressions d’emplois continuent, et maintenant, on leur annonce qu’ils vont devoir payer sur la retraite ! Ils commencent à comprendre l’injustice d’être sans arrêt mis à contribution ». « Rien n’est joué ! », conclut l’intersyndicale, en annonçant son intention de « se retrouver régulièrement tout au long du processus qui court jusqu’à l’automne ».
Prochaine réunion le 14 juin, pour fixer les modalités de la journée du 24 juin.