C’est au peuple, debout, de faire l’Histoire.

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La bataille du peuple

«Plus que jamais, retenons une leçon immuable : pour agir politiquement, il faut penser historiquement. » Voilà ce que Jacques Derrida (1)murmurait à ses derniers visiteurs, comme s’il sentait, par-delà son propre temps trop tôt achevé, l’impérieuse nécessité de transmettre le sens du combat commun pour s’ériger contre les périodes sombres du futur.

Nous y sommes. 
Avec le projet de loi de démantèlement de nos retraites, qu’il nomme fièrement « mère de toutes les batailles », 
Sarkozy a décidé de franchir un cap dans l’ensauvagement français, déchirant un peu plus le pacte social.

Ce qui, hier, était l’un des piliers de la passion, de la confiance, du vivre-ensemble intergénérationnel, du lien social et de solidarité, devient, par la volonté du Palais et le diktat des marchés financiers, l’odieuse prébende(2), la déchirure, la méfiance, la culpabilisation, l’envie et la régression à tous les étages. L’espérance de vie est un bien commun de civilisation. Comment admettre que l’on transforme ce progrès humain en un vulgaire handicap nécessitant d’abattre nos retraites, sachant que la somme à trouver représentera au pire 3 % des richesses de demain, ce qui est loin des dix points de richesse déplacés des poches du travail vers celles du capital en un peu plus de vingt ans… Quel héritage partagé laisserons-nous à nos enfants, sinon la promesse d’une rigueur coulée dans le marbre européen, sinon cette prédation que la finance opère au détriment du travail sur la richesse produite ?

Dans un sondage exclusif CSA , pas moins de 68 % des Français soutiennent l’appel aux mobilisations. Nous ne sommes pas surpris de cette continuelle et cristalline présence du peuple, celui qui se dresse, celui qui, périodiquement, sait dire « non » à l’inacceptable, celui qui témoigne …   Peuple de luttes si décrié pour « toutes ces manifestations stériles », comme le prétendait hier un éditocrate, pronostiquant « l’heureuse fin de la retraite 
à 60 ans »… Seulement voilà, le climat évolue vite et l’opinion publique entame à peine son long et patient apprentissage :

la prise de conscience collective sur la réelle perversité 
du projet n’en est qu’à ses balbutiements. Certains ont parié gros en misant sur une éventuelle apathie citoyenne à la faveur du Mondial (sic) et de l’été. Éric Woerth l’admettait le 23 juin: « La mobilisation sera certainement forte, nous l’attendons, nous ne la redoutons pas. » Un aveu.

Chacun l’a bien compris : les jeux ne sont pas faits ! D’autant qu’il faut remonter loin – au CPE – pour que les syndicats et toute la gauche se retrouvent unis dans la même bataille. Pour un enjeu plus important encore. Car la France va mal, très mal. Et ses déchirements n’annoncent rien de bon. La gravité de la situation qui touche désormais toutes les catégories du monde du travail élargit inévitablement le spectre des combattants d’une transformation sociale radicale. , la mobilisation du 24 juin a constitué donc une étape cruciale dans la constitution d’un front large et populaire, pour faire reculer ce projet inefficace et injuste. Il y avait un million de personnes dans les rues le 23 mars dernier., ce chiffre est de loin dépassé… Et la gigantesque entreprise de conditionnement mental des Français organisée par le gouvernement et tous ses relais  a subit un revers de taille ? Et si la peur commençait à changer de camp ? « Pour agir politiquement, il faut penser historiquement », disait le philosophe.

C’est au peuple, debout, de faire l’Histoire.

(1) Derrida Jacques – 1930/2004-  Philosophe et écrivain français. philosophie générale et logique .

(2)prébende:On nomme parfois prébendes les distributions de vivres qui furent effectuées quelque temps à Rome au milieu de la décadence de l'Empire, puis disparurent

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