Bernard Thibault : « La CGT ira jusqu’au bout »

arton186244b70.jpg (Ouest France 17 septembre)  

Bernard Thibault : « La CGT ira jusqu’au bout »

Le secrétaire général du syndicat refuse « la surenchère verbale ». Il veut convaincre les retraitéset les jeunes de se rallier aux manifestations du 23 septembre.

Entretien

Qu’attendez-vous de la journée d’actions du 23 septembre ?

Le but est de grossir et d’élargir la mobilisation aux nombreuses personnes, notamment non syndiquées, qui nous soutiennent, mais qui n’ont pas encore participé aux manifestations. Après on avisera, chaque chose en son temps. En sachant qu’il arrive un moment où tout responsable politique, fût-ce le chef de l’État, ne peut plus résister à un mouvement de grande ampleur.

Il y a des failles dans la mobilisation. Côté retraitéspar exemple ?

Les retraités peuvent avoir le sentiment qu’en obligeant les actifs à travailler plus longtemps, leur retraite sera mieux assurée. Ce n’est pas du tout le cas. La réforme, qui n’est qu’un plan d’économies, aura mécaniquement comme conséquence de diminuer le niveau des pensions versées à l’avenir. Si elle passe, on versera les retraites plus tard et leur montant va continuer à diminuer, puisque les critères deviendront plus contraignants. Par ailleurs, les retraités doivent prendre garde que les jeunes générations ne se détournent d’un système par répartition qu’ils considèreraient comme injuste et inefficace. Avec le risque de bloquer la pompe financière des retraites d’aujourd’hui.

Les jeunes, eux non plus, ne manifestent guère, malgréleur hostilité à la réforme ?

Leur première attente ce n’est pas la retraite, mais de décrocher un boulot. Sauf qu’ils doivent savoir que le fait de demander aux salariés en place de rester deux ans de plus, ça veut dire qu’on ferme un million d’emplois aux jeunes d’ici à 2016 ! L’effet immédiat, pour les jeunes, c’est qu’un million d’entre eux restera deux ans de plus au chômage.

La CGT paraît radicale dans le ton, plus prudente dans l’action. Pourquoi ?

Le 7 septembre c’est dans les rangs de la CGT qu’il y avait le plus de manifestants. Qu’on ne se méprenne pas : la CGT ira jusqu’au bout de la protestation pour obtenir le maintien du droit de départ à la retraite à 60 ans, car on sait que ce type de réforme, une fois adoptée, demeure, quel que soit le parcours des dirigeants en place. Pour cela, l’unité syndicale est un facteur essentiel afin d’obtenir une mobilisation toujours plus massive. Elle doit se faire dans le cadre d’une action réfléchie, organisée. On ne décrète pas d’autorité telle ou telle forme d’action.

FO ne semble pas spécialement adhérer à l’unité syndicale ?

Je ne m’explique pas la position de FO : un pied dedans, un pied dehors. Je ne suis pas sûr que ses adhérents se l’expliquent eux-mêmes.

FO, Sud et quelques autres plaident pour la grève générale reconductible. La CGT ?

FO a déjà fait un appel à la grève au mois de juin. On sait ce que cela a donné. La responsabilité de la CGT, c’est de créer les conditions pour que les salariés soient entendus, pas de se faire plaisir ou de jouer la surenchère verbale. Il faut éviter le piège de la division, entre syndicats, entre salariés. Éviter le piège de la politique aussi. Le sujet c’est la retraite à 60 ans, pas l’élection de 2012.

Où en êtes-vous de vos relations avec Éric Woerth ?

Il n’y a pas de relations. Mais il ne souhaite pas en avoir. Depuis juin, le ministre du travail n’a pris aucun contact avec nous.

Recueilli par Paul BUREL.

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