Une heure de travail salarié en France est environ deux fois plus chère en 2004 qu’en 1975. Mais elle est 2,3 fois plus productive, de sorte que le coût salarial par unité produite a légèrement diminué en trente ans, selon l’Insee.
Entre 1975 et 2004, le coût d’une heure de travail est passé en métropole de 13,10 à 28,70 euros en euros constants (de 2004) dans l’industrie, la construction, le commerce et les activités financières, soit 2,2 fois plus en moyenne que trente ans auparavant, a calculé l’Insee.
“La croissance du coût horaire a été très forte jusqu’au milieu des années 1980 et plus modérée par la suite”, précise l’institut. Si elle s’explique “en partie” par la hausse des salaires, cette hausse résulte aussi d’autres facteurs, notamment “la réduction du nombre d’heures travaillées, l’éclosion de l’épargne salariale, la hausse des charges pour les entreprises, ainsi que l’augmentation des qualifications de la main d’oeuvre”, note l’auteur de l’étude.
De 1975 à 1984, les salaires, les prix, les congés payés mais aussi le chômage ont augmenté, tirant ensemble à la hausse le coût horaire du travail (+5,5% par an).
Sur cette période, la forte croissance du salaire net réel a contribué pour près d’un tiers et la réduction du temps de travail (passage de la durée légale hebdomadaire à 39 heures en 1982 et instauration de la cinquième semaine de congés payés en 1982) pour un autre tiers à la croissance du coût horaire.
La montée en qualification a aussi pesé, la part des employés et des ouvriers dans l’emploi total ayant reculé à 72% en 1984 (-8 points en 10 ans).
L’augmentation des cotisations sociales salariales et patronales, liée à la très forte montée du chômage et au vieillissement de la population, a également joué dans la hausse du coût du travail de 1975 à 1984.
De 1984 à 1992, le coût d’une heure de travail n’a crû que de 1,2% par an. La hausse des salaires a été ralentie par la montée du chômage et la fin de leur indexation sur les prix. Ce sont surtout l’essor de l’épargne salariale et des cotisations salariales (introduction de la CSG en 1991, etc) ainsi que la montée en qualification accrue qui ont tiré le coût du travail à la hausse.
De 1992 à 2004, le coût horaire du travail a progressé de 1,8% par an. Sur cette période, les cotisations sociales ont continué à augmenter, mais elles ont été compensées en moyenne pour les entreprises par des exonérations sur les bas salaires, qui ont réduit le coût du travail peu qualifié.
La durée du travail a diminué (35 heures), expliquant plus de la moitié de la hausse du coût horaire. Mais cette réduction du temps de travail s’est accompagnée d’une “modération salariale encore plus marquée, notamment à partir de 2000, ainsi que de gains de productivité et d’exonérations de cotisations visant à compenser la hausse des coûts pour les employeurs”, note l’Insee.
Sur 30 ans, la hausse du coût d’une heure de travail a été “compensée par des gains de productivité de même ampleur”, puisque la productivité horaire du travail a été multipliée par 2,3 entre 1975 et 2004, souligne l’étude.
“Le coût salarial par unité de valeur ajoutée produite a donc diminué de 5,5% en 30 ans”, selon l’Insee.
Par secteurs d’activité, le coût d’une heure de travail salarié a crû “dans des proportions similaires” en 30 ans (+2,2% par an en euros constants dans le commerce, +2,6% dans l’industrie et dans le BTP), mais les gains de productivité ont été plus grands dans l’industrie (+3,8% par an) qu’ailleurs.