Le syndicalisme d’une nouvelle génération

 

cgtvide.jpgLa FSU et la CGT ont organisé conjointement un colloque sur les jeunes et leurs relations avec les syndicats. Des réflexions qui demandent à sortir des clichés sur l’individualisme de la jeunesse.

Sur le grand écran de la Bourse du travail à Paris, une jeune fille témoigne : « S’engager ? Il y a un million de raisons de s’engager. » C’était mercredi, en prélude au colloque sur les relations entre les jeunes et les syndicats organisé conjointement par la CGT et la FSU. « Pourquoi réfléchir seulement chacun de notre côté sur ces rapports entre les jeunes et les syndicats ? Nous avons fait de cette question, l’un et l’autre, une priorité et nous avons des conceptions syndicales assez proches », se justifiaient ensemble les leaders de la CGT et de la FSU, Bernard Thibault et Bernadette Groison.

Chercheurs et syndicalistes étaient donc appelés à confronter leurs études, points de vue et expériences. Un exercice qui nécessitait de mettre en pièces nombre de clichés. À commencer par cette généralisation qui met un signe d’égalité entre jeunesse et précarité. La sociologue Nathalie Moncel, du centre d’études et de recherches sur les qualifications, étudie les « débutants sur le marché du travail » et note la grande diversité des situations des jeunes face à l’emploi. Elle tient à distinguer une « jeunesse qui galère et dont on parle », « une jeunesse laborieuse et silencieuse » et cette « génération Y », « cette nouvelle jeunesse » de diplômés des écoles de commerce et d’ingénieurs qui ne représente que 6 % des jeunes.

Préjugé aussi qu’une jeunesse qui ne se définirait plus que comme « individualiste », rétive à toute forme d’esprit collectif. « Cet individualisme qu’on reproche aux jeunes n’est pas un carriérisme égoïste, dénonce le sociologue Michel Vakaloulis en s’appuyant sur une étude menée pour l’union générale des cadres CGT. Il traduit des aspirations d’autoréalisation dans le travail au-delà des individualismes marchands. »

Contrairement à ce qu’en disent les médias en général, les Français et particulièrement les jeunes ne portent pas un regard négatif sur les syndicats. Selon Jean-Daniel Lévy, directeur du département « opinion » de l’institut Harris, « sur 10 jeunes pris au hasard, et quelles que soient leur situation, leur intégration ou non dans le monde du travail, 5 ou 6 disent faire confiance aux syndicats ». Il note aussi, s’appuyant sur les luttes menées dans le commerce à Paris : « Les syndicats gagnent à être connus. »

Pour Philippe Lataud, dirigeant de la CGT, « les jeunes ne sont pas un problème mais des potentialités ». « Il y a surtout un énorme enjeu de renouvellement qui appelle des mesures volontaristes », fait remarquer la politologue Sophie Béroud. Pourquoi tant de difficulté à syndiquer les jeunes, à ce qu’ils s’engagent durablement ? Accueil des jeunes dans l’entreprise et le syndicat, renouvellement des pratiques syndicales, transmission des savoirs… même non exhaustive, la liste des efforts que syndicats et syndiqués doivent effectuer pour accueillir les jeunes est impressionnante. Il faut surtout qu’on donne leur place aux jeunes dans l’organisation car « chaque génération construit le syndicat de son temps », assure Bernard Thibault, tandis que Bernadette Groison souhaite que les travaux du colloque trouvent leurs prolongements.

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