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Archives de SMI de 2007 à 2014
Du temps de l'âge d'or des papeteries, le secteur a employé plus de 3 000 personnes en Charente, dont 1 400 rien qu'à l'usine Laroche-Joubert, l'actuelle papeterie de Saint-Michel. Après la fermeture de Veuze, à Magnac, et le sauvetage in extremis de Saint-Michel au prix de suppressions d'emplois, les fabricants de papier vont employer moins de 250 personnes. On en est arrivé à ce constat : la transformation des papiers-cartons réunit dans le département plus de salariés que la production.
Le siècle d'or papetier s'est terminé en Charente dans les années 60. Un long déclin du secteur s'est ensuivi, marqué par des disparitions, des réductions de personnel. « Entre 1970 et 1986, les deux tiers des papeteries ont fermé, la cause principale étant des problèmes d'investissement », rappelle Denis Peaucelle, conservateur du musée du Papier à Angoulême. La dernière page noire en date est la fermeture de Veuze, mi-mars, une papeterie de plus d'un siècle d'existence.
« Petit et malin »
Alors que le département a compté jusqu'à une trentaine d'unités de production actives en même temps, il ne reste plus que quatre papeteries industrielles (1), ne peut que constater Denis Peaucelle. Une sur la Charente, Saint-Michel ; une sur la Boëme, la Cartonnerie de la Boëme à La Couronne ; une sur la Touvre à Ruelle, Alamigeon ; et une sur la Lizonne, à Saint-Séverin, en Sud-Charente, Ahlstrom specialties
Elles sont debout, bien vivantes et parfois même en bonne santé économique. Trois d'entre elles – ce n'est pas un hasard – se sont calées dans des niches : elles font du papier peu courant, des spécialités pointues.
La concentration d'entreprises dans le secteur papetier (additionnée à une dernière crise particulièrement longue dans le temps) a été sans pitié pour celles de taille moyenne placées sur des types de papiers courants.
Plusieurs interlocuteurs du secteur ont avancé la même analyse : ceux qui ont réussi à surnager sont les petits, installés sur des créneaux précis, avec des débouchés judicieux, offrant des particularités, qui sont souples, réactifs et savent s'adapter aux demandes du client. « Petit et malin », résume un des patrons.
« Nous créons des produits avec nos clients », va même jusqu'à expliquer un responsable commercial d'Alamigeon.
Pas de fatalité . Ces entreprises sont la preuve qu'il n'y a pas de « fatalité » à la disparition de l'industrie de production de papier en Charente.D'autant qu'elle s'inscrit souvent dans des schémas bien vus de nos jours : matière première recyclée, matière finie recyclable, circuits courts. En revanche, des investissements et choix stratégiques malhencontreux en début de crise peuvent suffire à couler une entreprise en quelques années. C'est ce qui s'est passé pour Veuze, selon les salariés de Norampac (2) qui avaient mené l'audit de la papeterie début mars, à la demande d'un repreneur potentiel.
« Nous sommes arrivés dix ans trop tard », avait relevé Norampac, parlant d'une entreprise « laissée à l'abandon avec des erreurs stratégiques d'investissement et de gestion de la part de la famille Dubois », propriétaire.
Quelles que soient les raisons de la disparition des entreprises, il est difficile de continuer à parler du « poids du secteur papetier » dans la région, sauf à inclure la transformation et l'emballage. Car pour ce qui concerne la production, la région Poitou-Charentes pèse 1,7 % sur le plan national en valeur, selon les données de la Confédération française de l'industrie des papiers, cartons et cellulose. En tonnage, la région pèse 2,3 %. Et il s'agit des chiffres 2009. Avant la fermeture de Veuze.
Nous n'oublions pas le Moulin du verger, unique, mais artisanal. (2) Papeterie du Pas-de-Calais.
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