Correspondance de Napoléon Bonaparte en Seine-Maritime

Par un décret du 7 septembre 1854, l’Empereur Napoléon III avait chargé une commission pour « recueillir, coordonner et publier la correspondance de notre auguste prédécesseur Napoléon Ier, relative aux différentes branches d’intérêt public ». Aujourd’hui, la correspondance générale est revue et corrigée par la Fondation Napoléon qui livre les tomes de cette impériale correspondance au fur et à mesure du bicentenaire de la période. En 2021 lorsque nous fêterons les 200 ans de la mort de Napoléon Ier, la correspondance sera rééditée, complétée, annotée intégralement. Enfin normalement. Inventorier l’ensemble des lettres et documents, éparpillés ici et là dans le monde entier, ne doit pas être chose aisée.

En attendant, voici les papiers écrits par le Consul Bonaparte en 1802 lors de son premier voyage en Seine-Inférieure (Seine-Maritime actuelle).


 cambaceres_consulAU CONSUL CAMBACÉRÈS.

Rouen. 8 brumaire An XI (30 octobre 1802).

J’ai reçu, Citoyen Consul, votre lettre du 6, et je reçois celle du 7. Les Normands ne m’ont point paru ce que m’avait dit le citoyen Lebrun. Je suis arrivé à Évreux, après avoir parcouru une ou deux heures le champ de bataille d’Ivry.

J’ai été fort content de l’état des manufactures de Louviers et de Romilly. Je ne connaissais pas encore les départements de la Normandie , et j’ai éprouvé un plaisir bien grand à parcourir ces riches et fertiles contrées.

Nous nous portons tous fort bien, et nous arrivons dans ce moment à Rouen. Je m’empresse de vous faire expédier un courrier pour vous donner de mes nouvelles.

Bonaparte.

L’archevêque est venu à ma rencontre et se porte très-bien.


ALLOCUTIONS FAITES A ROUEN

LE 8 BRUMAIRE AN XI (30 OCTOBRE 1802).
                                                                              AU CLERGÉ.

Le Premier Consul a témoigné au clergé le plaisir qu’il avait de trouver, pour l’Église de Rouen , le même esprit d’union et d’attachement à l’État qui distinguait le clergé de Paris; qu’il en témoignait spécialement sa satisfaction à l’archevêque, qui était animé de cet esprit de piété et d’amour de la patrie qui anime le prélat de Paris.

AU TRIBUNAL CRIMINEL.

Le Premier Consul a témoigné aux membres du tribunal criminel qu’il voyait avec peine que les auteurs des incendies des granges, qui avaient été jusqu’au nombre de six à sept dans le dernier trimestre, n’avaient pas encore été découverts et dès lors punis; que le commissaire du Gouvernement et les magistrats de sûreté devaient employer tout leur zèle et les ressources qu’une imagination bien faite et la connaissance du cœur humain devaient leur suggérer, pour découvrir les coupables, qui laissent toujours après eux quelques traces de nature à les déceler.

AU TRIBUMAL DE PREMIÈRE INSTANCE.

Le Premier Consul a témoigné au tribunal de première instance qu’il voyait avec peine le grand nombre de causes qui se trouvaient en retard; qu’à la prochaine législature on proposerait une nouvelle section pour le tribunal, mais qu’il comptait qu’en attendant les juges emploieraient toute leur activité pour se mettre promptement au courant.

Extrait du Moniteur.


BARBE_MARBOISAU CITOYEN BARBE-MARBOIS,

MINISTRE DU TRÉSOR PUBLIC.

Rouen, 9 brumaire an XI (31 octobre 1802).

J’ai reçu votre lettre du 8 brumaire, Citoyen Ministre. L’aspect de ces départements est extrêmement agréable.

Je ne suis pas d’opinion de négocier les coupes de bois pour 1 pour 100. Je préfère, si vous clos pressé, que vous mettiez dans le portefeuille de floréal les 7,500,000 francs de coupes de bois qui échoient au 1er germinal, et que vous ôtiez 7,500,000 francs d’obligations échéant enfloréal, dont vous vous aiderez pour le service de frimaire, nivôse, ete. J’espère que, dans le courant du mois prochain, nous trouverons à négocier nos coupes de bois à 3/4, et sans commission. Je ne veux pas les donner autrement.

La solde de brumaire, pour tous les corps qui sont en Suisse, sera faite par les divisions où se trouvaient ces corps dans la dernière décade de vendémiaire. Ces divisions sont les 5e, 7e, 27e et la République italienne. Donnez ordre à ces différents payeurs d’envoyer la solde de brumaire par des commis en poste, pour que ces corps ne souffrent pas un instant. La solde de frimaire sera faite directement par vous à Berne, où vous enverrez un payeur à cet effet. Sous aucun prétexte, ce payeur ne pourra payer rien que pour la solde de frimaire. Vous diminuerez d’autant la solde des divisions où étaient ces corps en vendémiaire, afin que cela ne fasse aucune augmentation au total de la solde. Du reste, le pain, la viande et les fourrages doivent être payés par la République helvétique.

Bonaparte.

 


Berthier_generalAU GÉNÉRAL BERTHIER, Ministre De La Guerre.

Rouen, 9 brumaire an XI (31 octobre 1802).

J’ai reçu, Citoyen Ministre, votre lettre relative aux affaires de Suisse : écrivez au général Ney que toute sa conduite est tracée dans les instructions qu’il a reçues du ministre des relations extérieures,

La solde des corps qui sont en Suisse sera payée, pour le mois de brumaire , par les payeurs des divisions où ces corps étaient au I » brumaire.

Le général Ney prendra le titre de ministre plénipotentiaire, général en chef de l’armée française. A compter du 1″ brumaire, il jouira du traitement de général en chef; indépendamment, il touchera, aux relations extérieures, le traitement accordé au ministre de la République à Berne.

Il aura sons ses ordres : deux bataillons de la 27e de ligne, deux de la 16e de ligne, et deux de la 50e ; un des trois bataillons de la 27e continuera à rester à Strasbourg, un des trois de la 16e continuera à rester à Fribourg, et un des trois de la 50e restera à Huningue. Un bataillon de la 10e sera mis en garnison à Bienne. Les détachements de la 61e et de la 2e légère se réuniront à Genève et à Besançon. Indépendamment de ces troupes, le général Ney gardera six bataillons de troupes qui lui viennent de l’armée d’Italie ou du Piémont; ces six bataillons seront composés de corps complets. Il gardera, également complet, le régiment de chasseurs qu’il a dans ce moment-ci.

Vous lui enverrez deux généraux de division et quatre généraux de brigade. La 73° sera également toute réunie à Genève. Une demibrigade restera seule dans le Valais.

Le pain, la viande et les fourrages seront fournis par la Suisse; vous vous en expliquerez avec le citoyen Stapfer1. La solde sera fodrniç par le Gouvernement français; en conséquence, à compter du 1er frimaire, le citoyen Barbé-Marbois aura un payeur pour la Suisse et fera la solde pour frimaire.

Il y aura un inspecteur aux revues, un commissaire ordonnateur, un chef de brigade et un chef de bataillon d’artillerio , et deux offciers du génie.

Donnez ordre à la 2° légère de partir le 1er frimaire de Genève, pour tenir garnison à Chalon-sur-Saône, où elle passera l’hiver.

Un des généraux de division sera le général Barbou. Vous enverrez à Turin le général Rivaud, qui commandait la cavalerie à Livourne, pour commander la 27e division. L’autre général de division sera pris parmi ceux de l’armée d’Italie.

Bonaparte.

 


La suite a venir….

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