Introduction conférence de presse de Jean Louis JEGADEN – mardi 06 septembre 2011
La crise à laquelle les Français font face depuis l’explosion boursière des subprimes en 2008 n’a fait que s’aggraver. L’emploi se dégrade, le pouvoir d’achat diminue et les familles sont étranglées par les charges quotidiennes qui s’accumulent. Quasiment trois ans jour pour jour après cette nouvelle étape de la crise, qu’est-ce qui a changé ? Rien. Le gouvernement UMP dirigé par le Président Sarkozy continue de ponctionner les ménages les plus fragiles, et protège ses amis du Fouquet’s les plus riches.
On a entendu les commentateurs parler de crise de la dette, nouvelle formule après la crise des subprimes. En réalité pour la dette, pour la crise, les origines sont les mêmes : les puissances financières mondiales s’organisent pour ponctionner toujours plus dans la poche des salariés, alors que le peuple est étranglé. Dernière mascarade en date, l’appel de quelques nantis au service de Sarkozy qui, dans le nouvel observateur, réclament de payer plus d’impôts ! S’il n’y avait pas tant d’évasion fiscale ça ferait rire. On y croirait presque si on ne savait pas les fortunes que dépensent ces braves gens auprès des conseillers fiscaux et autres avocats d’affaires pour se faire exonérer un maximum. D’ailleurs la ponction annoncée quelques jours plus tard par François Fillon est loin d’être à la hauteur : 200 millions par an. Comparé au bouclier fiscal qui en représentait le triple ou à l’élargissement de l’assiette de la CSG pour les salariés, qui va leur coûter 600 millions supplémentaires, c’est grotesque.
Ce sont les mêmes qui ont mis notre pays en faillite an asphyxiant ses recettes de fonctionnement. Les exemples ne manquent pas du patronnât implorant une baisse des charges, des « prélèvements obligatoires » comme ils disent. Or le constat est avéré depuis plusieurs années que ces exonérations ne servent pas l’emploi. Le crédit impôt recherche ne sert pas la recherche. Mais le bouclier fiscal a lui bien percé les poches de la France. Elles sont là les origines de la dette.
Du côté du gouvernement c’est clair, la seule règle d’or qui prévaut c’est celle qui consiste à aller chercher l’argent dans la poche d’une majorité de Français et de laisser les nantis se gaver de profits. Tous ceux qui n’ont pas de responsabilité dans cette crise, les salariés, les jeunes, les retraités, se retrouvent placés au même niveau de responsabilité que les requins de la finance : ce serait à eux de payer !
Après la crise financière générée par la spéculation sur l’endettement des ménages, en particulier américains, on nous promettait « la moralisation » de ce système. A peine les Etats, la France en particulier, ont-ils renfloué les banques, sans garantie, ni exigence d’aucune sorte de leur part, que la course au profit est repartie de plus belle. Il suffit d’examiner les résultats des grands groupes, bancaires ou industriels. EDF et Renault ont vu leur bénéfice augmenter de plus de 50% au premier semestre, Technip et Total de plus de 15%.
Et aujourd’hui place à la spéculation sur les dettes des Etats ! Mais la dette, justement, parlons-en !
C’est la politique de cadeaux aux plus fortunés qui l’a creusée : exonérations de cotisations sociales sans répercussion sur l’emploi, crédit impôt-recherche qui sert à tout sauf à développer la recherche, bouclier fiscal pour les groupes du CAC 40, allègement de l’impôt sur la fortune,…
Ce sont des milliards d’aides qui viennent alimenter cette spéculation mortelle alors qu’il y en aurait tant besoin pour l’école, pour la santé, le logement, la justice, améliorer les transports et les infrastructures, aider les collectivités sollicitées par des citoyens de plus en plus en difficulté.
Je pourrais ajouter les prêts accordés aux grands groupes, dans l’automobile par exemple, sans exiger d’eux une véritable politique industrielle, sans même intervenir face à la casse organisée, particulièrement sévère dans notre région.
Aujourd’hui, il n’y aurait plus qu’un seul objectif : « rassurer les marchés financiers » qui n’en n’ont jamais assez, à coup de plan d’austérité et de coupes dans les dépenses sociales.
Le Premier ministre en appelle à l’unité nationale en ce sens. Mais nous pensons que nous n’avons pas pour tâche de concourir au titre de « meilleur gestionnaire de la crise », mais au contraire de mettre en œuvre des solutions pour en sortir.
Si unité nationale il doit y avoir, c’est pour désarmer les marchés financiers.
Les communistes en Seine-Maritime, avec les différentes composantes du Front de Gauche, portent la voie d’une alternative à cette politique. Il n’y a pas d’union sacrée possible sur l’austérité. Il n’y a que le changement de politique. D’autant que la « règle d’or » chère à Fillon et Sarkozy n’est que la traduction des obligations ultra-libérales européennes rejetées par notre peuple en 2005. Depuis, le pacte de « l’euro + » veut mettre au pilon les services publics et la protection sociale.
Nous voyons bien qu’il ne s’agit pas simplement d’une crise de la dette, un trou qu’il faudrait reboucher. Quelqu’un ici a-t-il déjà essayé de reboucher un trou sans fond ? C’est bien d’une crise du système dont il s’agit. On ne compte plus les plans de sauvetage un jour pour les banques, un jour pour la Grèce, un jour pour le Portugal,… Les solutions prônées par la droite nous propulsent plus encore dans cette crise. Celles portées par les sociaux démocrates européens ne sont guère plus efficaces.
Depuis plusieurs années nous portons comme ligne globale « l’humain d’abord », parce qu’il y en a assez des politiques qui ne peuvent rien, nous pensons que les politiques doivent reprendre la main sur le monde, et que ce ne sont plus aux marchés financiers de diriger.
Au Département de Seine-Maritime nous avons porté l’idée forte du bouclier social dans la campagne de mars dernier. C’est notre fil conducteur, et c’est ce qui nous a amené à ne pas voter le plan de « consolidation » proposé par la Présidence du Département et qui s’apparente plus à un plan d’austérité, mais au contraire à avancer un certain nombre de propositions pour que justement le Département voit ses missions sociales consolidées vraiment, et protège les habitants de notre Département.
Nous avons été les premiers à nous opposer avec force à la réforme des collectivités territoriales du Président Sarkozy. Non pas par corporatisme ou pour une lutte de pouvoir, mais parce que cela va à l’encontre de la démocratie dans notre pays. Le conseiller territorial sera élu sur un territoire élargi, avec des missions plus grandes. Or, il n’y a que 24 heures dans une journée et nous pensons pertinent l’échelon cantonal parce qu’il garantit la démocratie et la proximité.
Aujourd’hui nous nous félicitons des déclarations encourageantes d’autres organisations de gauche qui rejoignent ce combat et demandent le retrait de la réforme. C’est en effet pour nous une des premières mesures essentielles d’un gouvernement de gauche. Il en faudra d’autres pour reconstruire le service public local, départemental, national mis à mal par le Gouvernement de Nicolas Sarkozy.
La question posée est également une question financière puisque l’Etat, dans sa volonté centralisatrice, étrangle les collectivités voulant les empêcher de mener la politique pour laquelle les différentes assemblées ont été élues. Cela s’est traduit sous ce mandat présidentiel par un bouleversement sans précédent de la fiscalité, une absence de compensations aux transferts de charges, menant des départements au bord de la faillite. Nous continuons d’ailleurs d’exiger que le l’Etat rembourse au Département la somme qu’il nous doit, soit quelques 670 millions d’euros !
Pas d’union sacrée pour l’austérité, comme nous le disions en mars : l’austérité ne doit pas franchir les portes du Département. Une politique de gauche doit se traduire par des engagements forts, et je vais vous en énumérer quelques exemples.
Cela signifie qu’à l’échelon départemental, partout où les populations souffrent de l’abandon de l’Etat, partout où la crise frappe durement, nous devons mettre en œuvre les solidarités nécessaires à la lutte contre les inégalités. Cela veut dire qu’aucune réduction de moyens ne doit s’opérer dans ces 4 secteurs. Au contraire, l’investissement doit y être massif.
En matière de logement Habitat 76, l’office public départemental, doit marquer son opposition à la loi BOUTIN et à la fin du logement social. Il doit être un office au service de tous les locataires, garant de la mixité sociale, opposant résolu aux augmentations de loyers et de charges. J’alerte d’ailleurs sur les Conventions d’Utilité Sociale qui vont accentuer le phénomène. Il doit devenir un espace de concertation et de co-élaboration permanente avec les différentes associations de locataire.
En matière de santé, notre département n’est pas épargné par la casse du système de santé : fusions d’hôpitaux, réductions d’effectifs, déserts médicaux. Soigner coûte de plus en plus cher à l’usager. La responsabilité incombe à l’Etat, à la droite et à sa politique, une part de la réponse est dans la mise en place par la majorité départementale d’une politique ambitieuse : développement des Centres Médico-Sociaux et création de maison de santé pluridisciplinaire, mais également soutien aux salariés touchés par la Révision Générale des Politiques Publiques, RGPP qui à l’Hôpital se traduit par une réduction de la qualité des soins.
En matière d’éducation toutes les suppressions de postes doivent être combattues, aucun enfant de notre département ne doit subir les choix irresponsables de la droite au pouvoir en matière d’éducation. L’école publique n’est plus facteur de réduction d’inégalités mais d’aggravation ! C’est inacceptable et la politique départementale doit maintenir le cap : pas de fermetures de collèges, investissements massifs dans les établissements, actions pour que rouvrent en cette rentrée les classes qui ont fermées… et pas non plus de multiplication par 4 du coût des transports d’élèves pour les familles.
En matière de services publics le Département doit être un rempart contre leur démantèlement. La Révision Générale des Politiques Publiques se met progressivement en place et vient aggraver la situation de nos services publics.
Chaque recul aggrave les inégalités entre nos concitoyens, chaque recul impacte l’activité économique de nos territoires. La Seine-Maritime se caractérise par sa mixité entre territoire urbain et rural avec, partout, une identité industrielle qui a marqué son histoire et qui est au cœur de la bataille de l’emploi. Nous devons tout faire pour consolider et développer cet atout industriel, nous devons tout faire pour multiplier les initiatives de rencontres et de concertation de tous les acteurs sur les grandes filières génératrices d’activités comme la chimie, le verre, l’automobile et les activités portuaires.
Je le disais, il est possible d’inverser la tendance amorcée. L’austérité n’est pas une fatalité et c’est pourquoi les élus communistes demandent au Président du Département et aux élus socialistes de reprendre le bon cap en cette rentrée. Cela passe par l’annulation de l’augmentation des tarifs de cars pour les collégiens et lycéens, caractéristique en cette rentrée de la grogne des seino-marins envers l’assemblée départementale.
Face à ces plans d’austérité, départemental et national, les élus communistes et républicains proposent des solutions alternatives,
- au plan national avec une réforme de la fiscalité mettant à contribution toutes les richesses, dont les revenus et les actifs financiers des grosses entreprises, pour engendrer des recettes nouvelles notamment au bénéfice des collectivités locales
- au plan départemental, avec la mise en place de critères, pour des programmes d’investissements et de fonctionnement en faveur des territoires fragilisés et des personnes les plus en difficulté.
Dans la période qui s’ouvre, où des élections vont inviter les français à s’exprimer pour un autre avenir, la responsabilité de la gauche est d’organiser la mobilisation pour imposer d’autres choix – et sortir de la soumission aux forces financières.
D’ailleurs un récent sondage Harris publié le 25 août dans l’humanité dimanche montre que ces idées avancent dans l’opinion puisque :
89% des sondés se déclarent favorables à l’augmentation des impôts des personnes les plus fortunés de France, 80% sont favorables au rétablissement de l’ISF, 79% sont favorables à une taxation des transactions financières, 76% sont favorables à la suppression du bouclier fiscal, 69% sont favorables à la hausse des impôts sur les revenus du capital et 50% sont favorables à la hausse des impôts sur les sociétés.
Les élus communistes et républicains, déjà engagés dans cette bataille, continueront d’y prendre toute leur place et appellent tous les élus et tous les citoyens à prendre le chemin de l’action.