La France a été un des pays pionniers dans l’instauration d’une école gratuite, laïque, qui, s’adressant à toutes et tous, fut un des moteurs de l’ascenseur social et un des marqueurs du niveau de développement économique. Mais la marchandisation de l’éducation est en marche et, mois après mois, les études accumulent les signes de régression. Notre système éducatif est devenu élitiste. Le nombre d’enfants d’ouvriers qui entrent dans le supérieur recule. Loin d’offrir ses chances à chacun, il est maintenant source d’accroissement des inégalités. Le taux de scolarisation des adolescents est en baisse. Les matières qui forgent l’esprit critique (l’histoire, l’art, les sciences sociales…) sont attaquées et le gouvernement plaide pour réintroduire la morale. On n’a même plus la bosse des maths, puisque la France est le pays de l’OCDE qui a le plus régressé pour les performances mathématiques de ses élèves de quinze ans. Sans vouloir faire de mauvais calculs, comment ne pas accoler à ces données celles de la statistique : les dépenses d’enseignement primaire et secondaire ne représentaient plus, en 2008, que 3,9 % du PIB, contre 4,3 % en 2000.
Oui, l’éducation a besoin de moyens. Comme la culture d’ailleurs. C’est même une urgence pour penser un projet de vivre ensemble qui valorise tous les savoirs, porte haut l’ambition d’émancipation de chacun, laisse place à la fortification des esprits critiques, encourage la construction des opinions… Le pari déjà réussi du monde éducatif est d’avoir incrusté cette question dans le débat présidentiel.
Paule Masson éditorialiste de l’huma.