Depuis
samedi, le Danemark est devenu le deuxième pays au monde à instaurer une taxe sur les graisses. Pizzas, biscuits et même beurre, tout y passe. C’est le portefeuille des consommateurs qui va faire
grise mine.
Afin de
lutter contre l’obésité, le Danemark vient d’instaurer sur tous les produits contenant plus de 2,3 % d’acides gras, qu’ils soient importés ou de fabrication danoise, une taxe « gras ».
Concrètement,
le prix de ces produits augmentera de 2,15 € par kilogramme de graisses saturées. Par exemple, le prix d’une brique de beurre de 250 grammes, qui contiendrait 63 % d’acides gras, augmentera de 40
centimes.
Au Danemark,
les professionnels de la Santé doutent que cette taxe puisse avoir un impact sur la santé et pour preuve la semaine dernière les supermarchés danois ont littéralement été dévalisés.
«
La semaine a été assez chaotique, avec beaucoup de rayons vides. Les gens ont rempli leurs congélateurs . Nous avons dû faire des stocks de tonnes de beurre et de margarine pour être en mesure de
servir nos clients », a déclaré à l’AFP un responsable du groupe de produits laitiers Arla Distribution, Soeren Joergensen.
Au-delà de
ça, si les distributeurs se frottent les mains, les professionnels font grise mine.
Car que les
produits soient de fabrication danoise ou importés, il faudra réclamer des déclarations aux producteurs sur la quantité de graisses saturées contenues dans le produit mais également utilisées
dans sa préparation. Et tout ceci aura un coût qui sera répercuté sur les consommateurs.
Aussi en
Hongrie
Mais le
Danemark n’est pas le premier pays à instaurer une telle taxe. En Hongrie, depuis le 1er septembre, les produits « excessivement » sucrés , salés ou gras sont aussi taxés. Les tarifs des sodas
ont été revus à la hausse.
Plus près de
chez nous, la France tente de faire accepter une nouvelle taxe sur les boissons gazeuses sucrées. Cette mesure, qui vise aussi à lutter contre l’obésité, devrait rapporter 120 millions à l’État
et augmenter la cannette d’un centime mais cette mesure ne toucherait ni les sodas light ni les jus de fruits. Alors que l’on sait que l’aspartame est régulièrement pointé du doigt et que
certains jus de fruit contiennent autant de sucres que de fruits.
Bientôt en
Belgique ?
Mais de
telles taxes seraient-elles envisageables chez nous ? La sénatrice Marleen Temmerman (sp.a) y voit en tout cas un intérêt. À ses yeux, le système danois transposé chez nous ne serait pas
seulement bon pour les individus, mais aussi pour la société, l’obésité et les maladies qui y sont associées coûtant beaucoup d’argent en soins de santé.
La sénatrice
souligne que des solutions avec des graisses saturées saines existent aux côtés des aliments contenant des graisses insaturées malsaines, mais que celles-ci sont souvent plus chères.
Pour elle, il
pourrait dès lors être utile de mettre sur pied un système qui rende les aliments malsains plus onéreux, et la nourriture saine plus abordable.
Privilégier
la prévention
La N-VA a
fait savoir qu’elle n’était pas favorable à l’instauration d’une taxe sur les mauvaises graisses. La formation nationaliste entend plutôt privilégier la prévention à l’instauration d’une nouvelle
taxe.
« Il est
évident qu’il est urgent de faire quelque chose envers nos habitudes de consommation », a réagi le sénateur nationaliste Louis Ide.
« Mais une
taxe sur les graisses n’apporterait rien. On ne supprime pas des pratiques alimentaires malsaines avec une nouvelle taxe. Cela ne ferait que nourrir davantage les caisses de l’Etat. Si l’on veut
vraiment améliorer la santé de nos citoyens, il convient plutôt d’encourager les Communautés à investir davantage dans la prévention », selon lui.
Et M. Ide de
tirer une comparaison avec le tabac. « Le relèvement du prix des paquets de cigarettes n’a pas changé grand chose aux habitudes des fumeurs. De plus, ce serait tendre vers une surrégulation »,
estime l’élu. Celui-ci réagissait aux propos de la sénatrice sp.a Marleen Temmerman qui, lundi matin en radio, voyait un intérêt pour la Belgique à étudier la voie empruntée par le
Danemark.
