Le
journal officiel a publié hier 11 octobre un décret officiellement relatif
« aux programmes d’actions à mettre en œuvre en vue de la protection des
eaux contre la pollution par les nitrates d’origine agricole » dont on
retiendra qu’en réalité il relève les plafonds d’autorisations d’épandage
d’azote issu des élevages agricoles !
Les élevages industriels pourront désormais épandre jusqu’à 170 kg d’azote
par hectare de surface agricole totale (SAU), et non plus par hectare de
surface potentiellement épandable (SPE, zone dont étaient déduites les surfaces
à proximité des cours d’eau, du littoral, des tiers). Concrètement, il sera
permis d’augmenter de plus de 20% les quantités d’azote rejetées !
Alors que la Commission européenne a exigé cet été de la France des
explications très détaillées sur ses politiques de (non) lutte contre les
algues vertes, ce décret aura pour conséquences d’ aggraver la pollution des
eaux de rivières, des plages, de l’eau de mer déjà touchée par la prolifération
de micro-algues toxiques. Il en découlera de surcroît pour le contribuable et
le consommateur d’eau un nouvel alourdissement de la part des factures, 1680
millions d’euros par an affectés aux « pollutions agricoles
diffuses » par le ministère de l’écologie lui-même !
L’environnement, "ça commence à bien faire", avait tonné le chef de l’Etat
devant des agriculteurs bretons en 2010. Cette décision est une nouvelle preuve
de la soumission du gouvernement aux lobbies économiques les plus rétrogrades,
ceux qui font prendre du retard à la France alors que des régions agricoles
européennes comme la Bavière, des pays comme le Danemark, ont su ces dernières
années retrouver la qualité de leurs eaux en réduisant de 30% les dispersions
de nitrates et de pesticides dans l’eau, en favorisant notamment l’installation
d’agriculteurs bio.
La signature au bas de ce décret des Ministres de l’écologie et de
l’agriculture, NKM et Bruno Le Maire, est le signe le plus sûr de la
« corruption » irréversible qui affecte l’esprit écologique de ce
gouvernement.
Claude Taleb et Perrine Hervé-Gruyer, conseillers régionaux EELV de
Haute-Normandie