L’axe Netanyahou-Hamas

Mais Marwan Barghouti, dirigeant du Fatah et condamné à cinq fois la prison à perpétuité, ne serait pas sur la liste, pas plus qu’Ahmed Saadat, leader du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), ni même d’importants dirigeants du Hamas, comme Abdallah Barghouti, Abbas Sayyed, Jamal Abou El Hija, Ibrahim Ahmad et Hassan Salama. Les principaux dirigeants du Hamas libérés seront « éloignés » ainsi que les deux prisonnières les plus célèbres : Saher Saïdi et Ahlam Tamimi, qui seront expulsées vers la Jordanie et l’Égypte.

L’accord passé illustre le jeu de dupes entre Tel-Aviv et l’organisation islamiste, au détriment de la revendication nationale palestinienne.

L’accord qui vient d’être passé entre le Hamas et le gouvernement israélien n’est évidemment pas fortuit. Même si l’on peut se réjouir de la libération d’un prisonnier israélien (mais aussi français) contre plus d’un millier de détenus palestiniens, il intervient dans un contexte politique bien précis.

Benyamin Netanyahou, à la tête d’une coalition la plus à droite de toute l’histoire d’Israël, négocie avec un ennemi qui, officiellement, ne le reconnaît pas ! Le paradoxe n’est qu’apparent. Les deux parties avaient en effet intérêt à redorer leur blason sérieusement écorné. C’est que le discours de Mahmoud Abbas, en tant que président de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), a eu un impact politique majeur. Le mouvement national palestinien a repris toute sa place sur la scène internationale. Plus question d’attentats, de sécurité ou de danger islamiste. Abbas a redit le droit du peuple palestinien à disposer d’un État, à s’installer à Jérusalem-Est, la capitale, à ouvrir le droit au retour pour les réfugiés, à discuter de l’utilisation de l’eau. Bref, à parler des frontières de 1967.

Pour le gouvernement israélien, la division géographique – l’Autorité palestinienne à Ramallah, le Hamas à Gaza – est pain bénit. Quelle meilleure chance pour le projet sioniste que cette division ! Pour le mouvement islamiste, dont l’autorité et la rigueur si vantée sont particulièrement remises en cause à l’épreuve du pouvoir – la corruption a repris ses droits et les règlements de comptes concernant les prébendes issues du trafic des tunnels avec l’Égypte se multiplient –, il s’agit de retrouver une aura politique. Tel-Aviv lui en donne les moyens, tant la question des prisonniers est une question sensible au sein de la société palestinienne. Le Hamas est déstabilisé et pas si conforté par les Frères musulmans égyptiens. Les jeunes Palestiniens ont aussi exprimé leurs revendications. Elles s’adressaient à l’occupant israélien et à la communauté internationale – ils veulent la reconnaissance de leur État – mais aussi aux dirigeants des mouvements politiques, en réclamant l’unité nationale.

Les négociations doivent reprendre justement entre le Fatah – la principale composante de l’OLP – et le Hamas. Cette dernière va ainsi pouvoir se présenter, si ce n’est en position de force, en tout cas dans une posture politique plus intéressante. Netanyahou le sait bien. Mis à mal par les peuples du monde – même si les gouvernements occidentaux, à l’instar de la France et de l’Union européenne, poursuivent un soutien éhonté à l’occupation – qui manifestent sur tous les continents en soutien au peuple palestinien, Tel-Aviv persiste et signe. Après tout, si Alain Juppé se fait le héraut des intérêts du peuple syrien, il est beaucoup moins disert et beaucoup moins actif s’agissant de la Palestine.barghouti.jpg

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