Intervention sur le plan lecture de la ville du Havre

Monsieur le Maire,

Cette charte aurait pu être un très beau texte, puisqu’il est censé rendre hommage au livre.

J’ai pu constater en effet que vous avez pu y mettre des éléments qui nous parlent. C’est normal puisque vous pouvez enfin affirmer que la bibliothèque de Graville (et celle de Montgaillard d’ailleurs) resteront ouvertes. Si au côté des usagers et des enseignants nous n’avions pas lutté pour le maintien de ces bibliothèques je ne suis pas sure que cela aurait être possible.

La même chose en ce qui concerne la gratuité ; combien de luttes, d’intervention pour faire fléchir la municipalité UMP en 2009 (faut il vous rappeler que la gratuité était déjà citée dans la charte en 1991… et que la municipalité UMP s’était empressée de mettre en place la création d’un droit d’adhésion en 1996). Et la gratuité, elle doit l’être jusque dans les pénalités : au Havre 0.50 cts par document pour le prêt adulte et par semaine de retard, lorsque l’on sait que l’on peut emprunter jusque 20 documents, je vous assure que la facture peut être lourde : 1 mois de retard : 40 euros de pénalités !!

Il y a pourtant la possibilité pour sanctionner les retours tardifs et sensibiliser au respect des délais, de passer de pénalités financières à une suspension de prêt d’une ou plusieurs semaines, sans pénaliser les familles les moins aisées financièrement…

Un autre point pour la reprise d’une idée qui nous tient à cœur la Ludothèque… je m’interroge : page 2 de l’annexe «Il y en aurait donc déjà une à Salacrou… ». Cela me fait peur car je n‘en vois pas, une est bien prévue dans le projet de Niemeyer mais je souhaiterais que vous me confirmiez ce que vous entendez par LUDOTHEQUE pour savoir si l’on parle bien de la même chose.

On note que l’artothèque n’est pas mentionnée dans le projet de médiathèque. On sait pourtant qu’André Malraux y voyait aussi un outil de médiation directe entre œuvre et public lorsqu’il inaugurait la première Artothèque au Havre en 1961.

Déjà sur ce point, il vous est difficile de dire que c’est une histoire liée à la maison de la culture, que vous avez malmenée en limitant un espace culturel exceptionnel alors que l’urbanisme de notre ville permettait et cette médiathèque que nous attendons et un projet pérenne autour du volcan et de ses deux salles.

Donc peut mieux faire.

Peut mieux faire en effet, sur les questions de service public, il ne suffit pas à mon sens de citer sur ce sujet-là la charte fondatrice.
Il aurait été de bon sens de réaffirmer la place de ce service public dans le domaine de la lecture. En insistant par exemple sur le service public de proximité. Certes, c’est un concept difficile à défendre quand un maire d’une grande ville comme la nôtre essaie de se refaire une image en oubliant de stipuler qu’il a fermé 2 bibliothèques de quartier (Aplemont et Mare Rouge)… la visée de l’homme de droite que vous êtes est claire : il ne veut surtout dire qu’il a une conception du service public de proximité à géométrie variable.

De plus, le service public n’est-il pas assuré par un personnel qualifié, issu d’une filière spécifique disposant, sauf exception (bénévole, contractuel, vacataire), d’un statut de fonctionnaire garantissant la continuité et la permanence du service public. Pourquoi un tel oubli ou plutôt un tel voile ?

L’avant-projet politique que vous sortez 9 mois avant les prochaines municipales veut il porter un projet de lecture publique sans ces professionnels à la qualification spécifique ? Qu’en est-il également des effectifs concernés ? Même les bénévoles ou les vacataires qui peuvent intervenir ne sont pas cités. Car une charte définie des objectifs mais aussi des moyens. Certaines chartes signées ailleurs s’engagent dans ces domaines. Pas vous.

On aurait aimé y voir une démarche qui favorise la consultation des havrais et une étude sur les attentes du public (étude des usagers et des publics potentiels) sur des projets de développement des services à la lecture. Ainsi, auriez-vous eu la possibilité de savoir que les enseignants utilisant par exemple le relais lecture d’Aplemont sont bien déconcertés pour les « petits points lecture », protestent contre l’usage limité qui leur est demandé : 3 fois par an uniquement, dans des locaux non adaptés, accueillis par un animateur/trice… Tant pis ces Havrais devraient habiter ailleurs s’ils en veulent plus. Nous ne partageons évidemment pas ces restrictions.

Cette charte documentaire semble donc oublier que la question de l’accueil du public et de l’action culturelle passe aussi par les bibliothèques et est à la limite de supplanter la prédominance du travail autour des collections.

C’est bien dommage. Voilà pourquoi nous nous abstiendrons sur cette délibération.

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