Le fin mot de l’histoire

Samedi 22 octobre, la linguiste Marie Treps ouvre le cycle "Les Mots d’où" par une causerie intitulée "Promenade dans une Europe sérieusement toquée de mots français". Une échappée belle sous le signe du désir et de l’humour… qui ne mâche pas ses mots. "Messieurs les Anglais", comme l’écrit avec humour Marie Treps dans son ouvrage Les Mots migrateurs (Seuil), ont forgé au XVIIIe siècle le terme de "gallomanie"… Probablement moins hystérique (mais plus aristocratique) que l’invasion british nommée "beatlemania" — qui devait convertir les années 1960 en décennie Beatles —, cette gallomanie dont la linguiste fait remonter les origines à Guillaume le Conquérant sacré roi d’Angleterre en 1066 (soit donc neuf cents ans avant le sacre des quatre garçons de Liverpool, il n’y a peut-être pas de hasard), n’a jamais totalement cessé d’exercer son influence sur l’imaginaire européen, malgré le triomphe apparent de l’anglais. C’est ainsi, la langue française séduit l’Europe depuis bientôt mille ans… Car il s’agit bien là d’une longue histoire de séduction, explique Marie Treps, "on n’impose pas une langue contre la volonté des gens, c’est le désir qui a donné l’envie aux aristocrates et à la haute bourgeoisie d’Europe d’adopter le français comme une seconde langue maternelle." Les choses semblent un peu moins évidentes aujourd’hui, lâche toutefois la linguiste, "l’exemple que donne Nicolas Sarkozy au sommet de l’État ne joue pas forcément en faveur d’un désir de langue française chez nos voisins".

La politique n’explique cependant pas tout, même si elle n’est pas étrangère au désir que suscite une langue, "l’Europe a été fascinée par la langue française grâce au rayonnement culturel de la France de Louis XIV, puis des Lumières, ajoute Marie Treps, tout comme l’anglais s’est imposé parce que nous sommes fascinés par l’économie et la contre-culture américaines." L’imaginaire et l’humour pétaradant jouent également un grand rôle dans la vitalité d’une langue et cela, jusque dans ses aspects les plus quotidiens… Marie Treps (avec l’illustrateur Gwen Keraval) est aussi l’auteur des ouvrages pour la jeunesse Les Mots d’oiseau et Lâche pas la patate (Le Sorbier), dans lesquels elle entraîne le lecteur dans un étonnant voyage. Les 9-12 ans pourront embarquer le matin même du 22 octobre à bord de ces pages où l’on apprend notamment que le mot "cauchemar" est un mélange de français et de néerlandais et veut dire… "tu marches sur des fantômes" et qu’en Belgique "avoir un gros cou" veut dire "avoir les chevilles qui enflent".

Samedi 22 octobre, à la bibliothèque Elsa-Triolet. Atelier d’écriture pour 9-12 ans de 14 à 16 heures ; causerie de Marie Treps à 17 heures. Entrée gratuite.
Les mots d’où est un programme thématique des bibliothèques municipales en partenariat avec le centre socioculturel Jean-Prévost. Il se déroule du 18 octobre au 30 décembre, avec notamment, à la bibliothèque Elsa-Triolet, une exposition-jeu pour apprendre les secrets de la langue française en s’amusant intitulée "Le français par tous les temps", ainsi qu’une exposition au centre Jean-Prévost, "Mots d’où ?" consacrée aux nombreux mots arabes de la langue française (environ 250 mots contre 100 ou 150 d’origine gauloise !), en décembre.
Le programme complet de ce cycle d’expositions, de rencontres et de jeux consacré à la langue française est consultable dans le programme DiverCité.

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