Le PS l’avait promis, s’il revenait au pouvoir, que la contre-réforme de Sarkozy sur les retraites serait remise en cause. Mais Hollande est passé par là, et il semble que la retraite à 65 ans sera gravée dans le marbre socialiste…
Au fur et à mesure de l’accélération de la campagne présidentielle, certains thèmes émergent, communs aux principaux candidats, déclarés ou non, notamment Sarkozy et Hollande : la sécurité, bien sûr. Ou, plus récemment, la réindustrialisation. Mais aussi, les retraites…
Ainsi, la semaine dernière, François Hollande a été conduit à « clarifier » sa position. Lors de l’adoption du Projet socialiste au printemps dernier, beaucoup avaient compris que le PS – et son candidat à l’élection présidentielle – s’étaient engagés à rétablir le droit à la retraite à 60 ans. Tout au plus des esprits chagrins – au rang desquels il faut bien compter le NPA… – avaient-ils souligné que, par contre, le PS ne s’était pas engagé à revenir sur les décisions successives d’allongement de la durée de cotisation nécessaire pour toucher une retraite pleine et entière. En gros, on pouvait craindre qu’une fois revenue au pouvoir la gauche social-libérale ne prenne une décision purement symbolique – le rétablissement du droit à la retraite à 60 ans – mais assez formelle : les salariés auraient le « choix » de partir à 60 ans… mais avec une retraite amputée pour tous ceux qui n’auraient pas leurs annuités. Or chacun voit bien qu’avec une entrée de plus en plus tardive des jeunes sur le marché du travail, la catégorie de ceux qui, à 60 ans, n’auront pas leurs 41 ou 42 ans de cotisation va aller en augmentant. Situation encore aggravée pour de nombreuses femmes aux carrières professionnelles incomplètes…
En fait, il s’avère que même les plus critiques à l’égard du PS étaient en dessous de la vérité ! Sur RTL, interrogé pour savoir quand les salariés pourront partir en retraite s’il est élu, François Hollande a répondu : « ceux qui ont commencé leur vie professionnelle à 18 ans, qui ont fait 41 années de cotisations, 42 ans, pourront partir à 60 ans. Ceux qui n’ont pas leur durée de cotisations ne le pourront pas ». En quelques mots, tout est dit : non seulement les salariés qui n’ont pas 42 ans de cotisations ne pourront pas partir à 60 ans avec une retraite pleine et entière… mais ils ne pourront même pas partir avec une retraite amputée par le système des décotes. En bref : ils ne pourront pas partir à 60 ans ! En clair, c’est la fin de la promesse du rétablissement de la retraite à 60 ans…
Du projet au programme
Ce « quiproquo » à propos des engagements du candidat PS est assez éclairant sur au moins deux questions importantes : d’abord, ses véritables intentions en matière de retraite, et ensuite, son rapport au projet socialiste et, plus généralement, aux positions de son parti. En fait, comme l’avaient laissé percer ses échanges avec Martine Aubry au cours des débats des primaires, la position de Hollande n’est pas tout à fait nouvelle.D’ailleurs, au mois d’octobre, le député socialiste Pascal Terrasse – par ailleurs conseiller de Hollande sur la question des retraites – avait lâché le morceau : « Il y a à la fois ce que les gens ont compris, ce que dit le PS, et ce qu’on fera. C’est trois choses différentes… C’est compliqué. Ce que les gens ont compris, c’est les socialistes, s’ils reviennent au pouvoir, vont remettre la retraite à 60 ans [à taux plein pour tout le monde]. ça, ça n’a jamais été dit ». Et d’ajouter : « la vérité c’est qu’il faut qu’on aille à 65 ans sur la borne d’âge, pour arriver à trouver un équilibre financier compte tenu des enjeux démographiques lourds que nous avons ». Avec les dernières déclarations de Hollande, nous ne sommes donc sans doute pas au bout de nos (mauvaises) surprises !
Quant au respect du Projet (socialiste) par le candidat (socialiste), au cours de cette même intervention sur les ondes de RTL, François Hollande a été tout à fait explicite : « le candidat prend ses engagements devant le pays… Et donc, il y a, à chaque fois, un projet d’un parti, et le candidat prend dans ce projet ce qui lui paraît le plus essentiel. » Autrement dit, le candidat n’est pas plus engagé que ça par les positions du PS…