http://www.rfi.fr/europe/20120115-naufrage-costa-concordia-italie-securite-bord-croisiere
Le commandant du Costa Concordia, Francesco Schettino (D), interpellé à Grossetto, le 14 janvier 2012.
REUTERS/Enzo Russo/ANSA
Par Claire Arsenault
Alors que les passagers étaient loin d’avoir tous été évacués, le commandant du navire de croisière Costa Concordia avait déjà quitté son bateau, contrairement à toutes les règles en usage dans la marine. Francesco Schettino a d’ailleurs été interpellé ainsi que son second dans le cadre de l’enquête qui a été ouverte quelques heures après le drame survenu vendredi soir, le 13 janvier, sur la côte italienne et qui a fait cinq morts et une quarantaine de blessés. Quinze personnes sont toujours portées disparues.
Le commandant du bateau de croisière Costa Concordia qui s’est échoué vendredi soir tout près de la côte italienne est aujourd’hui sous les verrous. Francesco Schettino est sous le coup d’une enquête pour « homicide multiple, naufrage et abandon de navire », a indiqué le procureur Francesco Verusio qui a confirmé que le commandant « avait quitté le navire bien avant que tous les passagers soient évacués ».
Commandement défaillant
Selon le commandant des pompiers de la ville de Grossetto, « la dernière personne à avoir été extraite du bateau, l’a été vers 6 heures du matin (le samedi) ; elle avait une jambe cassée ». Or, certains médias italiens ont rapporté que le commandant avait été retrouvé sur le rivage vers 23H40. Des éléments que l’enquête qui a été confiée au parquet de Grossetto devra vérifier, de même que les dysfonctionnements dans le commandement qui ont été soulignés par le procureur.
De nombreux rescapés ont fait état de la pagaille qui a régné à bord dès que le bateau s’est incliné, victime d’une importante voie d’eau après avoir heurté un rocher. Pour les 4 229 passagers et membres d’équipage, dont 460 Français, c’est le sauve-qui-peut ! Et l’occasion de vérifier pour beaucoup le degré d’impréparation, autant de l’équipage que du matériel, si on en croit les témoignages qui continuent d’affluer et dont plusieurs évoquent le souvenir du Titanic…
Plus de 36 heures après le naufrage, les secours sont toujours sur place, à quelques encablures de l’île de Giglio en Toscane. Les pompiers ont réussi en fin de matinée, ce dimanche, à extraire un naufragé qui était resté coincé depuis l’accident. Il s’agit d’un Italien, membre de l’équipage, qui a finalement été évacué par hélicoptère. Nous avions « entendu une voix » provenant de la partie immergée du Costa Concordia, « d’une zone située sur le pont numéro 3 » avaient précisé les pompiers. Les opérations pour rejoindre ce point ont été très, très compliquées, expliquent les secouristes qui doivent dégager portes, meubles et débris de toutes sortes qui encombrent les coursives du bateau semi-immergé et couché sur le flanc à 80 degrés.
Mauvaise carte ou erreur de navigation
Le Costa Concordia, véritable ville flottante de 114 500 tonnes et de 290 mètres de long, est sorti en 2006 des chantiers navals italiens Fincantieri Sestri. Selon son opérateur, Costa Crociere, filiale de Carnival Corp & Pic, la plus importante entreprise de croisière au monde, le paquebot est doté de tous les équipements les plus modernes de navigation et de sécurité. D’ailleurs, un des rescapés a raconté comment le commandant du Costa Concordia leur avait vanté ses radars prétendument efficaces dans un rayon de 170 km !…
Il faudra attendre les résultats de l’enquête pour comprendre comment un bateau aussi moderne a pu ainsi percuter des rochers. Si on en croit le commandant, il assure que ce récif ne figure pas sur les cartes marines. Une affirmation qu’il sera facile de vérifier. Mais selon le témoignage du porte-parole de la garde-côte, le bateau se serait approché dangereusement du bord, « ce qui a probablement causé l’accident » a conclu Luciano Nicastro. On en saura un peu plus grâce à la boîte noire dont sont équipés ce type de navires, à l’instar des avions ; elle été récupérée et saisie par la justice.
Le paquebot avait déjà eu un accident et subi des dégâts, le 22 novembre 2008, heurtant alors un mur du port de Palerme où il allait s’amarrer.
La croisière ne connaît pas la crise
Les Américains (États-Unis, Canada et Mexique) représentent les plus gros bataillons de croisiéristes avec plus de 12 millions de passagers par an, mais l’Europe arrive derrière avec en 2010, 5 millions et demi de croisiéristes, un chiffre en augmentation de près de 10% sur 2009. Les plus nombreux sont les Britanniques, 1 million et demi de passagers, suivis par près d’un million d’Allemands.
L’industrie de la croisière, en plein développement, représente un marché de 35 milliards d’euros par an et génère 300 000 emplois. La construction navale bénéficie de cette progression et, en 2010, plus de 4 milliards d’euros ont été investis dans de nouveaux paquebots qui sont à 90% construits en Europe.
Ainsi les chantiers navals européens devraient livrer plus de 20 navires neufs d’ici 2014. Cela représente un investissement de près de 11 milliards d’euros pour une capacité supplémentaire de 60 000 lits, alors que la tendance est à l’augmentation de la capacité des bateaux. L’Europe conserve pour l’instant sa suprématie en matière de paquebots mais le Japon et la Corée constituent une menace à terme.
RFI