Ségolène Royal n’était "pas favorable" à l’écotaxe

Pour la présidente de la région Poitou-Charentes, invitée de Laurence Ferrari, qui avoue ne pas avoir été favorable à l’écotaxe, il faut sortir vite de cette crise qui oppose les Bonnets Rouges au gouvernement français, et « regarder vers le futur ». Elle appelle à ne pas jouer sur les mots, estimant que « tant que l’écotaxe est remise », c’est qu’elle est « supprimée ».
Ségolène Royal ce soir sur BFMTV
Ségolène Royal : osez, Monsieur le président !
Interview au LeParisien.fr
Près de 8 Français sur 10 considèrent que les politiques ne sont pas courageux. Etes-vous d’accord ?
SEGOLENE ROYAL. Ce sondage intervient dans un contexte où la crise et les secousses de toute nature font douter de l’efficacité de l’action politique. Il confirme que le courage est pour les Français une vertu majeure en politique. Savoir prendre des décisions difficiles, au risque de n’être pas entendu par tous. Avoir le courage d’oser des réponses neuves quand les anciennes ne fonctionnent plus.
Comme vous, par exemple ?
Je n’aurais pas cette prétention mais on a souvent dit qu’en 2007, j’étais trop en avance sur l’époque. La France n’était pas encore prête à imaginer une femme Présidente de la République, même si des pays d’Amérique latine avaient déjà anticipé ce mouvement. Et puis, je défendais un certain nombre d’idées qui étaient anti-conformistes dans mon camp politique et qui ont, depuis, fait leur chemin : la sécurité, l’ordre juste, la Nation… Quand j’ai revendiqué, au nom de la gauche, le drapeau français à Marseille, j’ai été très durement critiquée par mes amis politiques. Pourtant, c’était courageux de le faire. Je savais que j’allais à contre-courant de l’idéologie dominante à gauche mais je sentais que j’étais en phase avec l’Histoire, avec ce qu’attendaient les Français, très attachés à la nation et à ses symboles républicains. Le courage, c’est aussi de rompre avec les conformismes de sa famille politique.
Faut-il plus de courage à une femme qu’à un homme pour s’engager en politique ?
Évidemment, oui. Ce qui est difficile, c’est d’assumer la durée de la vie politique. Il faut se relever à chaque fois que l’on trébuche. Le courage c’est, comme le disait Jaurès, de « ne pas livrer sa volonté au hasard des impressions », de garder le cœur chaud et la tête froide, de ne pas lâcher son cap à la première déconvenue tout en ayant la lucidité de tirer les leçons des échecs.
Avez-vous connu des moments de découragement ?
Non, jamais. Il en faut plus pour m’abattre ! J’ai connu des chocs violents, encaissé des coups. Je suis tombée, je me suis posée des questions sur le sens de mon engagement, je me suis fait mal, je suis parfois restée un moment dans un état de stupéfaction, mais je n’ai jamais été découragée. Le courage en politique, c’est aussi de garder une part de gaieté dans l’adversité comme le recommandait Stéphane Hessel qui y voyait « la forme la plus aimable du courage ».
De Nathalie Kosciusko-Morizet et Rachida Dati à Cécilia Attias, les femmes de droite sont nombreuses à avoir salué votre courage. Y êtes-vous sensible ?
Bien sûr. Ce n’est pas un hasard si ce sont des femmes qui le disent. Elles savent les obstacles, les contraintes, les épreuves, les dénigrements que les femmes doivent surmonter dans la vie politique. Elles ne disent pas, comme certains hommes : « Sa candidature à la présidentielle était le produit des sondages ; elle est arrivée là par hasard… »
Nicolas Sarkozy est, aux yeux des Français, le président le plus courageux de ces 30 dernières années. Etes-vous d’accord ?
Ce n’est pas une qualité qui vient spontanément à l’esprit le concernant. Ce n’est pas parce qu’on est énergique qu’on est courageux. Le monde a subi, en 2008, la crise financière la plus violente qui ait existé depuis 1929, et qu’a fait Nicolas Sarkozy ? Il a renfloué les banques sans leur demander aucune contrepartie. Il aurait dû avoir le courage de dire aux banquiers : l’Etat vous remet à flot mais, en échange, il va entrer au capital des banques et nous allons dissocier les activités spéculatives des activités de prêt. Il ne l’a pas fait. Il a été complaisant face aux forces de l’argent. Il a manqué de discernement au moment le plus favorable pour imposer d’autres règles du jeu aux responsables de la crise. C’est une occasion ratée dont nous payons encore le prix.
Et François Hollande, est-il courageux ?
L’intervention au Mali est une décision courageuse. Tout comme les menaces de représailles à l’encontre de Bachar el-Assad après son utilisation des armes chimiques dans le conflit syrien. Ce n’est pas parce qu’on est isolé sur la scène internationale que l’on a tort ! L’histoire lui rendra justice, vous verrez, car c’est son initiative qui a fait bouger la diplomatie, qui a permis d’éviter la guerre, et rendu impossible une nouvelle attaque chimique.
Quelles décisions courageuses faudrait-il prendre aujourd’hui ?
Par exemple, fusionner les départements avec les régions afin de supprimer les doublons et de dépenser moins en dépensant plus efficacement. Ce serait aussi d’appliquer dès maintenant, sans attendre 2017, le non-cumul des mandats. Ce serait également d’aller au bout de la réforme bancaire dont la première étape a été réalisée. Le courage c’est de prendre le risque d’être toujours aux côtés de celles et ceux qui ne baissent pas les bras :
– entrepreneurs qui innovent et se battent,
– ouvrières et ouvriers qui défendent leur savoir faire et leur outil de travail,
– familles qui ne transigent pas sur le devoir d’éduquer,
– enseignants qui ne tiennent pas le droit au savoir pour un privilège de la naissance,
– jeunes dont le désir d’avenir doit être un guide pour l’action.
Vous citez, dans votre livre, une quinzaine de personnalités qui vous inspirent du courage. Si vous deviez n’en retenir qu’une…
La personne qui incarne le courage sous toutes ses formes -physique, psychologique, politique, historique-, c’est Nelson Mandela. Lui-même, pourtant, n’estimait pas être particulièrement courageux. Mais, alors qu’il aurait pu être libéré au bout de quinze ans de captivité en échange du renoncement à son combat politique, il a trouvé la force de dire non. Il a eu ce courage exceptionnel de sacrifier sa vie de famille et sa liberté pour une cause collective, une cause qu’il estimait plus grande que lui. Je crois, comme lui, qu’on ne naît pas courageux mais que l’on peut, lorsque les circonstances historiques l’exigent, se dépasser soi-même et faire preuve d’un courage dont on ne se savait pas capable.
Vous-même, peut-être ?
Je ne pourrais pas sacrifier ma famille. Je suis mère de famille avant d’être femme politique et j’ai toujours lutté pour concilier les deux. C’est aussi une forme de courage : il faut savoir équilibrer sa vie, à condition que les circonstances le permettent, pour ne pas sacrifier les siens à son engagement politique. Il faut avoir comme disait Rudyard Kipling dont on ne se lasse pas de relire le texte magnifique que je mets en ouverture de mon livre, il faut avoir le courage « d’être fort sans cesser d’être tendre ».
Près de 8 Français sur 10 considèrent que les politiques ne sont pas courageux. Etes-vous d’accord ?
SEGOLENE ROYAL. Ce sondage intervient dans un contexte où la crise et les secousses de toute nature font douter de l’efficacité de l’action politique. Il confirme que le courage est pour les Français une vertu majeure en politique. Savoir prendre des décisions difficiles, au risque de n’être pas entendu par tous. Avoir le courage d’oser des réponses neuves quand les anciennes ne fonctionnent plus.
Comme vous, par exemple ?
Je n’aurais pas cette prétention mais on a souvent dit qu’en 2007, j’étais trop en avance sur l’époque. La France n’était pas encore prête à imaginer une femme Présidente de la République, même si des pays d’Amérique latine avaient déjà anticipé ce mouvement. Et puis, je défendais un certain nombre d’idées qui étaient anti-conformistes dans mon camp politique et qui ont, depuis, fait leur chemin : la sécurité, l’ordre juste, la Nation… Quand j’ai revendiqué, au nom de la gauche, le drapeau français à Marseille, j’ai été très durement critiquée par mes amis politiques. Pourtant, c’était courageux de le faire. Je savais que j’allais à contre-courant de l’idéologie dominante à gauche mais je sentais que j’étais en phase avec l’Histoire, avec ce qu’attendaient les Français, très attachés à la nation et à ses symboles républicains. Le courage, c’est aussi de rompre avec les conformismes de sa famille politique.
Faut-il plus de courage à une femme qu’à un homme pour s’engager en politique ?
Évidemment, oui. Ce qui est difficile, c’est d’assumer la durée de la vie politique. Il faut se relever à chaque fois que l’on trébuche. Le courage c’est, comme le disait Jaurès, de « ne pas livrer sa volonté au hasard des impressions », de garder le cœur chaud et la tête froide, de ne pas lâcher son cap à la première déconvenue tout en ayant la lucidité de tirer les leçons des échecs.
Avez-vous connu des moments de découragement ?
Non, jamais. Il en faut plus pour m’abattre ! J’ai connu des chocs violents, encaissé des coups. Je suis tombée, je me suis posée des questions sur le sens de mon engagement, je me suis fait mal, je suis parfois restée un moment dans un état de stupéfaction, mais je n’ai jamais été découragée. Le courage en politique, c’est aussi de garder une part de gaieté dans l’adversité comme le recommandait Stéphane Hessel qui y voyait « la forme la plus aimable du courage ».
De Nathalie Kosciusko-Morizet et Rachida Dati à Cécilia Attias, les femmes de droite sont nombreuses à avoir salué votre courage. Y êtes-vous sensible ?
Bien sûr. Ce n’est pas un hasard si ce sont des femmes qui le disent. Elles savent les obstacles, les contraintes, les épreuves, les dénigrements que les femmes doivent surmonter dans la vie politique. Elles ne disent pas, comme certains hommes : « Sa candidature à la présidentielle était le produit des sondages ; elle est arrivée là par hasard… »
Nicolas Sarkozy est, aux yeux des Français, le président le plus courageux de ces 30 dernières années. Etes-vous d’accord ?
Ce n’est pas une qualité qui vient spontanément à l’esprit le concernant. Ce n’est pas parce qu’on est énergique qu’on est courageux. Le monde a subi, en 2008, la crise financière la plus violente qui ait existé depuis 1929, et qu’a fait Nicolas Sarkozy ? Il a renfloué les banques sans leur demander aucune contrepartie. Il aurait dû avoir le courage de dire aux banquiers : l’Etat vous remet à flot mais, en échange, il va entrer au capital des banques et nous allons dissocier les activités spéculatives des activités de prêt. Il ne l’a pas fait. Il a été complaisant face aux forces de l’argent. Il a manqué de discernement au moment le plus favorable pour imposer d’autres règles du jeu aux responsables de la crise. C’est une occasion ratée dont nous payons encore le prix.
Et François Hollande, est-il courageux ?
L’intervention au Mali est une décision courageuse. Tout comme les menaces de représailles à l’encontre de Bachar el-Assad après son utilisation des armes chimiques dans le conflit syrien. Ce n’est pas parce qu’on est isolé sur la scène internationale que l’on a tort ! L’histoire lui rendra justice, vous verrez, car c’est son initiative qui a fait bouger la diplomatie, qui a permis d’éviter la guerre, et rendu impossible une nouvelle attaque chimique.
Quelles décisions courageuses faudrait-il prendre aujourd’hui ?
Par exemple, fusionner les départements avec les régions afin de supprimer les doublons et de dépenser moins en dépensant plus efficacement. Ce serait aussi d’appliquer dès maintenant, sans attendre 2017, le non-cumul des mandats. Ce serait également d’aller au bout de la réforme bancaire dont la première étape a été réalisée. Le courage c’est de prendre le risque d’être toujours aux côtés de celles et ceux qui ne baissent pas les bras :
– entrepreneurs qui innovent et se battent,
– ouvrières et ouvriers qui défendent leur savoir faire et leur outil de travail,
– familles qui ne transigent pas sur le devoir d’éduquer,
– enseignants qui ne tiennent pas le droit au savoir pour un privilège de la naissance,
– jeunes dont le désir d’avenir doit être un guide pour l’action.
Vous citez, dans votre livre, une quinzaine de personnalités qui vous inspirent du courage. Si vous deviez n’en retenir qu’une…
La personne qui incarne le courage sous toutes ses formes -physique, psychologique, politique, historique-, c’est Nelson Mandela. Lui-même, pourtant, n’estimait pas être particulièrement courageux. Mais, alors qu’il aurait pu être libéré au bout de quinze ans de captivité en échange du renoncement à son combat politique, il a trouvé la force de dire non. Il a eu ce courage exceptionnel de sacrifier sa vie de famille et sa liberté pour une cause collective, une cause qu’il estimait plus grande que lui. Je crois, comme lui, qu’on ne naît pas courageux mais que l’on peut, lorsque les circonstances historiques l’exigent, se dépasser soi-même et faire preuve d’un courage dont on ne se savait pas capable.
Vous-même, peut-être ?
Je ne pourrais pas sacrifier ma famille. Je suis mère de famille avant d’être femme politique et j’ai toujours lutté pour concilier les deux. C’est aussi une forme de courage : il faut savoir équilibrer sa vie, à condition que les circonstances le permettent, pour ne pas sacrifier les siens à son engagement politique. Il faut avoir comme disait Rudyard Kipling dont on ne se lasse pas de relire le texte magnifique que je mets en ouverture de mon livre, il faut avoir le courage « d’être fort sans cesser d’être tendre ».
Ségolène ROYAL, femme de vérité et d’expérience
Ségolène Royal appelle la gauche "à se calmer"
Le Monde.fr | 16.10.2013
Ségolène Royal refuse de crier avec les loups. Invitée mercredi de l’émission « Questions d’info » sur LCP, en partenariat avec Le Monde, l’AFP et France Info, la présidente de la région Poitou-Charentes s’est désolidarisée des ministres et des responsables de gauche qui ont fait part de leur émotion ou de leur désapprobation après l’expulsion de Leonarda, la collégienne kosovare.
« J’appelle les uns et les autres à se calmer », a-t-elle déclaré. « Tous ceux qui se précipitent dans des réactions alimentent une fois de plus la polémique sur la question de la sécurité, ce qui est très mauvais pour la gauche. »
Au président de l’Assemblée nationale, Claude Bartolone, qui avait déclaré :« La gauche ne saurait transiger avec ses valeurs, sous peine de perdre son âme », Ségolène Royal a répliqué : « Les valeurs de la gauche, c’est aussi le respect de la loi. Et manifestement, l’enquête le montrera, la loi a été respectée, puisque tous les recours que cette famille pouvait adresser à la justice ont été épuisés. »
MINISTRES QUI BROUILLENT LA LIGNE GOUVERNEMENTALE
Qualifiant Manuel Valls de « ministre compétent », la socialiste a défendu le principe des « reconduites à la frontière, lorsqu’elles se font dans le cadre de la loi ». A ses yeux, la lutte contre l’immigration clandestine est pleinement « une valeur de gauche » car « la gauche ne peut pas accepter que ce soit les populations les plus défavorisées qui subissent l’immigration clandestine ». Donc, dit-elle, « il faut tenir bon ».
La présidente de Poitou-Charentes affirme ne rien revendiquer à titre personnel, mais s’irrite des chamailleries entre ministres qui brouillent la ligne gouvernementale. Elle se moque de les voir « pleurnicher », puis corrige ce terme, qu’elle juge trop « désobligeant » sans se déjuger sur le fond : « Ils ont la chance d’être ministres. Ils ont la chance de diriger un magnifique pays qui est la France, ils ont la chance d’avoir des responsabilités, donc ils n’ont que des devoirs », insiste-t-elle. Diagnostiquant « un manque de visibilité sur l’avenir », elle estime que le gouvernement à « un gros effort d’explication » à fournir.
Interrogée par ailleurs sur la primaire socialiste à Marseille, l’ex-candidate à la présidentielle ne cache pas sa préférence pour Samia Ghali, parfois qualifiée de « Ségolène de Marseille ». « Elle a la possibilité de mobiliser les électorats des quartiers populaires, dont elle vient », a jugé Ségolène Royal, en ajoutant que si elle était choisie par les militants, « ça serait intéressant ».
Nicolas Dufourcq et Ségolène Royal, de Bpifrance : Combatifs

Sur le quai de la gare de Rennes plongé dans la pénombre émerge une haute silhouette dans l’attente du train pour Paris. Nicolas Dufourcq, le directeur général de la Banque publique d’investissement, pardon de Bpifrance, reprend son souffle. Physique affûté, regard bleu vif cerclé de fines lunettes, ce marathonien de l’investissement achève ce 6 septembre une tournée des 22 régions à la rencontre de ses « clients », les patrons de PME. « J’ai fait le compte, j’en ai vu 3.000 », dit-il sans forfanterie. Entre deux provinces françaises, il s’est aussi rendu en pèlerinage dans des temples internationaux de l’innovation : la Silicon Valley, Tel-Aviv. Et malgré ce programme d’enfer, son visage ne porte pas de traces de fatigue. La résistance physique d’un grand marcheur.
Mauvais départ
Tant mieux. Car la mission assignée à cet inspecteur des finances est épuisante. En plus de créer, sur les cendres d’Oséo, de CDC Entreprises et du Fonds stratégique d’investissement, un monstre inédit, chargé, excusez du peu, de « réindustrialiser la France », il doit composer avec Ségolène Royal. La femme politique la plus médiatique du pays en a en effet été nommée vice-présidente et porte-parole. Dufourcq n’avait pas été mis au courant. Un faux pas contribuant largement aux premiers pas chaotiques du couple. Informé de cette nomination seulement à la veille du premier conseil d’administration de la BPI, à Dijon le 21 février, le nouveau directeur général a fait savoir abruptement qui était le patron. « J’ai marqué mon territoire, et rappelé la différence entre des fonctions exécutives et non exécutives », justifie Nicolas Dufourcq a posteriori. Mais avec une telle raideur que sa mise au point a provoqué la stupéfaction générale. Interloquée, l’ex-députée demandait à ses voisins : « Qu’est-ce qu’il me veut, celui-là? »
Elle saura s’en souvenir… Bien plus tard, quand le directeur général se laisse piéger dans une interview et déclare que le sauvetage de Florange ou de Petroplus ne serait pas un « bon business » pour la BPI, la vice-présidente lâche immédiatement : il a commis un « grave dérapage ». L’égérie de « l’ordre juste » s’en prend aussi au train de vie de la BPI : une adresse boulevard Haussmann, dans le triangle d’or parisien; 300.000 euros de dépenses de communication… Autant d’argent qui aurait pu, s’indigne-t-elle, aider des PME. Nicolas Dufourcq comprend alors la portée de la boutade lancée en 2004 par François Hollande : « Je ne souhaite à personne d’avoir Ségolène Royal pour adversaire. »
Comment pourraient-ils s’entendre? Tout les oppose. A commencer par l’écart qui sépare un manager inconnu d’une diva politique. Un technocrate rationnel d’une reine des tribunes. Lorsque David Azéma, patron de l’Agence des participations de l’Etat, souffle son nom pour diriger la future banque des PME, Nicolas Dufourcq, qui n’a pas encore 50 ans, est le numéro deux de Capgemini. S’il jouit d’une réputation de dirigeant entrepreneur et de l’appui d’un patron « hollando-compatible », Paul Hermelin, c’est un novice sur la scène médiatique. Tout l’inverse de la madone du peuple. Démonstration le 23 avril, jour du deuxième conseil de la BPI à Paris : à la tribune, Nicolas Dufourcq entame, seul, la conférence de presse. Frustrés, les journalistes n’attendent qu’une chose : l’arrivée de la tête d’affiche. Radieuse à son entrée, Ségolène Royal électrise aussitôt la salle.
Terreaux différents
« Ils sortent du même moule », objecte un administrateur de la banque. Certes, l’un et l’autre sont passés, avec huit ans d’intervalle, par l’ENA. Ségolène Royal est sortie de la fameuse promotion Voltaire en 1980. De dix ans son cadet, Nicolas Dufourcq est un millésime 1988, promotion Montaigne. Un passage dont il garde le goût de la chose publique. Un plus petit dénominateur commun. Pour le reste – enfance, carrière, tempérament, réseau… –, tout les sépare.
D’abord, ces deux fleurs d’énarchie ont poussé sur des terreaux bien différents, acide pour elle, généreux pour lui. Quatrième d’une fratrie de huit enfants, Ségolène Royal a forgé son mental d’acier dans un creuset dur et provincial. Elle a été élevée dans un milieu ultraconservateur, sous la férule brutale d’un père officier. Une enfance « amère, froide et âpre », résume le journaliste Daniel Bernard, dans laquelle elle a puisé sa révolte et son féminisme.
De ses jeunes années à lui, Nicolas Dufourcq ne semble conserver que des souvenirs heureux. C’est un premier de la classe ouvert aux larges horizons par des parents stimulants. Sa mère, docteure en sciences politiques, a travaillé sous la direction du grand René Rémond et a été secrétaire d’Etat à la Recherche au gouvernement Juppé. Son père, ambassadeur, lui fait voir du pays. Japon, URSS, Congo. Quand il arrive au lycée Henri-IV, à 16 ans, c’est le choc. « Je venais du collège de Brazzaville, où je menais une vie de Far West, à mobylette, avec mes copains africains », rigole-t-il.
Après l’ENA, la voie qu’elle a choisie pour « s’en sortir », Ségolène Royal mène la carrière qu’on connaît : conseillère de François Mitterrand, puis députée, ministre, elle sera la première femme française à briguer la présidence de la République, affrontant un autre Nicolas. Figure christique, elle enflamme des foules en transe qui scandent « Fra-ter-ni-té ». Elle met en scène, dans une confusion inédite des genres, sa vie de femme, de dirigeante, de mère.
La voie plus discrète suivie par Nicolas Dufourcq est celle du business. Repéré par Michel Bon, il fonde et dirige Wanadoo. Evincé par Thierry Breton, il poursuit sa carrière sur un rythme effréné à Capgemini. En voyage « 100 jours par an », il n’est pas pour autant indifférent à son avenir de numéro un. Quand Paul Hermelin devient PDG au retrait du fondateur Serge Kampf, Dufourcq n’y va pas par quatre chemins : « A quel âge penses-tu partir? » lui demande-t-il. Hermelin lui répondant que, nommé à 59 ans, il n’est pas pressé, son adjoint lui rétorque : « Alors tu m’autoriseras à décrocher mon téléphone si un job se libère… »
Signes de réchauffement
Quand le téléphone sonnera, ce sera pour la BPI. Il dira oui mais sans savoir que Ségolène Royal est dans le ticket. D’où la guerre de tranchées. Depuis, ils ont appris à cohabiter. Bien obligés. En déplacement à Tokyo avec le chef de l’Etat, Nicolas Dufourcq aurait eu droit à un petit recadrage. Prière d’arrêter les chamailleries. Ségolène Royal fait aussi des efforts. Présente aux seuls conseils d’administration, elle se tient à la première règle de gouvernance des entreprises : se garder des déclarations intempestives. De timides signes de réchauffement percent. « On a fait un très bon lancement en Poitou-Charentes », se félicite le directeur général.
Chacun sa partition
Les clashs n’auraient-ils été que des malentendus? « Ils étaient handicapés par un double problème culturel, analyse un membre du conseil. Ségolène ne connaissait pas les entreprises, Nicolas n’avait pas l’habitude des codes du politique. Ils sont en train d’apprendre. » Natalie Rastoin, présidente de l’agence Ogilvy et proche de l’ex-compagne du chef de l’Etat, est même optimiste : « A mon avis, c’est un excellent couple professionnel qui pourrait avoir une forte conscience de sa complémentarité. Il y a une part experte, très bien représentée par Nicolas Dufourcq, et une part politique représentée par Ségolène Royal. D’ailleurs, aucun ne veut de la place de l’autre. » Chacun joue donc désormais sa partition.
La femme politique n’exerce plus qu’un très discret « ministère de la parole ». Aucune décision d’investissement ne lui revient. Tant mieux : dans la région Poitou-Charentes, l’acharnement qu’elle a mis à défendre l’équipementier Heuliez n’a pas été payant. « Il y a eu beaucoup d’argent public investi sans résultat dans les éco-industries qu’elle a voulu soutenir à tout prix », critique Jean-François Fountaine, ancien vice-président de la région et patron d’un chantier naval à La Rochelle. Pour lui, ce danger n’existe pas à la BPI. « Elle n’est qu’une administratrice parmi d’autres. Le vrai duo, c’est le directeur général et le président, Nicolas Dufourcq et Jean-Pierre Jouyet », souligne un membre du conseil.
Et aux commandes, « Nicolas Dufourcq est un être extraordinairement vertébré », assure son condisciple à l’ENA Jean-Pierre Denis, créateur d’Oséo et président du Crédit mutuel de Bretagne. Pierre Kosciusko-Morizet, qui l’a connu comme administrateur de Price-Minister, a pu admirer sa « hauteur de vues » et son « sens du concret ». Atout supplémentaire, il a monté cinq start-up du temps où il était sur les bancs de HEC. Une expérience qu’il met en avant pour créer l’empathie avec les entrepreneurs. « Se réveiller à 4 heures du matin en faisant la liste de tout ce qu’on ne réussira pas à faire en une journée, avoir à remplir des liasses de formulaires compliqués, je sais ce que c’est, je l’ai vécu », raconte-t-il ainsi aux 300 invités – entrepreneurs, banquiers et élus – venus inaugurer l’antenne bretonne de Bpifrance.
Charismes évidents
Ce fonceur a pris à bras-le-corps sa mission, à sa manière : autoritaire, et peu protocolaire. Il circule à vélo. Préfère le bus qui transporte les équipes à la limousine des officiels. « C’est quelqu’un d’éthique, qui ne conspire pas », ajoute Paul Hermelin. Il discute avec le patron du bar ou la pharmacienne dès qu’il pose son sac dans un village. Très accessible, il répond en trente secondes à un texto, utilise deux mobiles. Un surdoué sympathique qui, dans le contexte tendu de la fusion de trois entreprises, se fait aussi des ennemis. Directif, il peut être raide. Energique, il aurait tendance à se disperser. « A force de concentrer tous les pouvoirs, il retarde l’exécution des dossiers », lâche un membre de son équipe. « C’est la caricature de l’inspecteur des finances qui sait tout sur tout, s’approprie les décisions et peut expliquer sans sourciller à un patron du CAC ce qu’il doit faire », cogne un cadre d’Oséo. « Je crains qu’il ne confonde l’envie d’optimiser ce qui existait avec celle de construire son petit empire », siffle un ancien de la Caisse. « Il est tranchant dans la manière de faire passer les décisions, mais il y parvient avec beaucoup de charisme et de conviction », nuance un autre cadre. S’il est encore tôt pour juger de son action, ses qualités de leader s’enracinent déjà. Il ponctue avec bonheur ses interventions avec les mots « désir, énergie, rêve »… « Vous aimez tous Oséo, vous allez aimer Bpifrance », promet-il aux entrepreneurs.
Il reconnaît d’ailleurs que Ségolène Royal peut être un atout sur ce plan : « Si avec sa réputation et sa notoriété elle enclenche un discours probusiness en France, c’est une bonne nouvelle », avançait Dufourcq en mai. Le lobbyiste Paul Boury y croit : « Grâce à sa proximité avec les PME, elle incarne le bon sens dans une boîte qui pourrait devenir une boîte de technocrates. » Et la directrice générale du think tank Terra Nova complète : « Elle va donner un sens grand public à l’action de la BPI, elle parle un langage que les gens comprennent. » Enfin, pas tous… « Les chefs d’entreprise pensent encore que nous sommes les amis de Ségo et Montebourg, raconte un chargé d’investissement. Et nous passons des heures à leur expliquer que la BPI n’est pas ce qu’ils croient. » Pour le duo d’enfer, il y a encore du pain sur la planche.
Sur le quai de la gare de Rennes plongé dans la pénombre émerge une haute silhouette dans l’attente du train pour Paris. Nicolas Dufourcq, le directeur général de la Banque publique d’investissement, pardon de Bpifrance, reprend son souffle. Physique affûté, regard bleu vif cerclé de fines lunettes, ce marathonien de l’investissement achève ce 6 septembre une tournée des 22 régions à la rencontre de ses « clients », les patrons de PME. « J’ai fait le compte, j’en ai vu 3.000 », dit-il sans forfanterie. Entre deux provinces françaises, il s’est aussi rendu en pèlerinage dans des temples internationaux de l’innovation : la Silicon Valley, Tel-Aviv. Et malgré ce programme d’enfer, son visage ne porte pas de traces de fatigue. La résistance physique d’un grand marcheur.
Mauvais départ
Tant mieux. Car la mission assignée à cet inspecteur des finances est épuisante. En plus de créer, sur les cendres d’Oséo, de CDC Entreprises et du Fonds stratégique d’investissement, un monstre inédit, chargé, excusez du peu, de « réindustrialiser la France », il doit composer avec Ségolène Royal. La femme politique la plus médiatique du pays en a en effet été nommée vice-présidente et porte-parole. Dufourcq n’avait pas été mis au courant. Un faux pas contribuant largement aux premiers pas chaotiques du couple. Informé de cette nomination seulement à la veille du premier conseil d’administration de la BPI, à Dijon le 21 février, le nouveau directeur général a fait savoir abruptement qui était le patron. « J’ai marqué mon territoire, et rappelé la différence entre des fonctions exécutives et non exécutives », justifie Nicolas Dufourcq a posteriori. Mais avec une telle raideur que sa mise au point a provoqué la stupéfaction générale. Interloquée, l’ex-députée demandait à ses voisins : « Qu’est-ce qu’il me veut, celui-là? »
Elle saura s’en souvenir… Bien plus tard, quand le directeur général se laisse piéger dans une interview et déclare que le sauvetage de Florange ou de Petroplus ne serait pas un « bon business » pour la BPI, la vice-présidente lâche immédiatement : il a commis un « grave dérapage ». L’égérie de « l’ordre juste » s’en prend aussi au train de vie de la BPI : une adresse boulevard Haussmann, dans le triangle d’or parisien; 300.000 euros de dépenses de communication… Autant d’argent qui aurait pu, s’indigne-t-elle, aider des PME. Nicolas Dufourcq comprend alors la portée de la boutade lancée en 2004 par François Hollande : « Je ne souhaite à personne d’avoir Ségolène Royal pour adversaire. »
Comment pourraient-ils s’entendre? Tout les oppose. A commencer par l’écart qui sépare un manager inconnu d’une diva politique. Un technocrate rationnel d’une reine des tribunes. Lorsque David Azéma, patron de l’Agence des participations de l’Etat, souffle son nom pour diriger la future banque des PME, Nicolas Dufourcq, qui n’a pas encore 50 ans, est le numéro deux de Capgemini. S’il jouit d’une réputation de dirigeant entrepreneur et de l’appui d’un patron « hollando-compatible », Paul Hermelin, c’est un novice sur la scène médiatique. Tout l’inverse de la madone du peuple. Démonstration le 23 avril, jour du deuxième conseil de la BPI à Paris : à la tribune, Nicolas Dufourcq entame, seul, la conférence de presse. Frustrés, les journalistes n’attendent qu’une chose : l’arrivée de la tête d’affiche. Radieuse à son entrée, Ségolène Royal électrise aussitôt la salle.
Terreaux différents
« Ils sortent du même moule », objecte un administrateur de la banque. Certes, l’un et l’autre sont passés, avec huit ans d’intervalle, par l’ENA. Ségolène Royal est sortie de la fameuse promotion Voltaire en 1980. De dix ans son cadet, Nicolas Dufourcq est un millésime 1988, promotion Montaigne. Un passage dont il garde le goût de la chose publique. Un plus petit dénominateur commun. Pour le reste – enfance, carrière, tempérament, réseau… –, tout les sépare.
D’abord, ces deux fleurs d’énarchie ont poussé sur des terreaux bien différents, acide pour elle, généreux pour lui. Quatrième d’une fratrie de huit enfants, Ségolène Royal a forgé son mental d’acier dans un creuset dur et provincial. Elle a été élevée dans un milieu ultraconservateur, sous la férule brutale d’un père officier. Une enfance « amère, froide et âpre », résume le journaliste Daniel Bernard, dans laquelle elle a puisé sa révolte et son féminisme.
De ses jeunes années à lui, Nicolas Dufourcq ne semble conserver que des souvenirs heureux. C’est un premier de la classe ouvert aux larges horizons par des parents stimulants. Sa mère, docteure en sciences politiques, a travaillé sous la direction du grand René Rémond et a été secrétaire d’Etat à la Recherche au gouvernement Juppé. Son père, ambassadeur, lui fait voir du pays. Japon, URSS, Congo. Quand il arrive au lycée Henri-IV, à 16 ans, c’est le choc. « Je venais du collège de Brazzaville, où je menais une vie de Far West, à mobylette, avec mes copains africains », rigole-t-il.
Après l’ENA, la voie qu’elle a choisie pour « s’en sortir », Ségolène Royal mène la carrière qu’on connaît : conseillère de François Mitterrand, puis députée, ministre, elle sera la première femme française à briguer la présidence de la République, affrontant un autre Nicolas. Figure christique, elle enflamme des foules en transe qui scandent « Fra-ter-ni-té ». Elle met en scène, dans une confusion inédite des genres, sa vie de femme, de dirigeante, de mère.
La voie plus discrète suivie par Nicolas Dufourcq est celle du business. Repéré par Michel Bon, il fonde et dirige Wanadoo. Evincé par Thierry Breton, il poursuit sa carrière sur un rythme effréné à Capgemini. En voyage « 100 jours par an », il n’est pas pour autant indifférent à son avenir de numéro un. Quand Paul Hermelin devient PDG au retrait du fondateur Serge Kampf, Dufourcq n’y va pas par quatre chemins : « A quel âge penses-tu partir? » lui demande-t-il. Hermelin lui répondant que, nommé à 59 ans, il n’est pas pressé, son adjoint lui rétorque : « Alors tu m’autoriseras à décrocher mon téléphone si un job se libère… »
Signes de réchauffement
Quand le téléphone sonnera, ce sera pour la BPI. Il dira oui mais sans savoir que Ségolène Royal est dans le ticket. D’où la guerre de tranchées. Depuis, ils ont appris à cohabiter. Bien obligés. En déplacement à Tokyo avec le chef de l’Etat, Nicolas Dufourcq aurait eu droit à un petit recadrage. Prière d’arrêter les chamailleries. Ségolène Royal fait aussi des efforts. Présente aux seuls conseils d’administration, elle se tient à la première règle de gouvernance des entreprises : se garder des déclarations intempestives. De timides signes de réchauffement percent. « On a fait un très bon lancement en Poitou-Charentes », se félicite le directeur général.
Chacun sa partition
Les clashs n’auraient-ils été que des malentendus? « Ils étaient handicapés par un double problème culturel, analyse un membre du conseil. Ségolène ne connaissait pas les entreprises, Nicolas n’avait pas l’habitude des codes du politique. Ils sont en train d’apprendre. » Natalie Rastoin, présidente de l’agence Ogilvy et proche de l’ex-compagne du chef de l’Etat, est même optimiste : « A mon avis, c’est un excellent couple professionnel qui pourrait avoir une forte conscience de sa complémentarité. Il y a une part experte, très bien représentée par Nicolas Dufourcq, et une part politique représentée par Ségolène Royal. D’ailleurs, aucun ne veut de la place de l’autre. » Chacun joue donc désormais sa partition.
La femme politique n’exerce plus qu’un très discret « ministère de la parole ». Aucune décision d’investissement ne lui revient. Tant mieux : dans la région Poitou-Charentes, l’acharnement qu’elle a mis à défendre l’équipementier Heuliez n’a pas été payant. « Il y a eu beaucoup d’argent public investi sans résultat dans les éco-industries qu’elle a voulu soutenir à tout prix », critique Jean-François Fountaine, ancien vice-président de la région et patron d’un chantier naval à La Rochelle. Pour lui, ce danger n’existe pas à la BPI. « Elle n’est qu’une administratrice parmi d’autres. Le vrai duo, c’est le directeur général et le président, Nicolas Dufourcq et Jean-Pierre Jouyet », souligne un membre du conseil.
Et aux commandes, « Nicolas Dufourcq est un être extraordinairement vertébré », assure son condisciple à l’ENA Jean-Pierre Denis, créateur d’Oséo et président du Crédit mutuel de Bretagne. Pierre Kosciusko-Morizet, qui l’a connu comme administrateur de Price-Minister, a pu admirer sa « hauteur de vues » et son « sens du concret ». Atout supplémentaire, il a monté cinq start-up du temps où il était sur les bancs de HEC. Une expérience qu’il met en avant pour créer l’empathie avec les entrepreneurs. « Se réveiller à 4 heures du matin en faisant la liste de tout ce qu’on ne réussira pas à faire en une journée, avoir à remplir des liasses de formulaires compliqués, je sais ce que c’est, je l’ai vécu », raconte-t-il ainsi aux 300 invités – entrepreneurs, banquiers et élus – venus inaugurer l’antenne bretonne de Bpifrance.
Charismes évidents
Ce fonceur a pris à bras-le-corps sa mission, à sa manière : autoritaire, et peu protocolaire. Il circule à vélo. Préfère le bus qui transporte les équipes à la limousine des officiels. « C’est quelqu’un d’éthique, qui ne conspire pas », ajoute Paul Hermelin. Il discute avec le patron du bar ou la pharmacienne dès qu’il pose son sac dans un village. Très accessible, il répond en trente secondes à un texto, utilise deux mobiles. Un surdoué sympathique qui, dans le contexte tendu de la fusion de trois entreprises, se fait aussi des ennemis. Directif, il peut être raide. Energique, il aurait tendance à se disperser. « A force de concentrer tous les pouvoirs, il retarde l’exécution des dossiers », lâche un membre de son équipe. « C’est la caricature de l’inspecteur des finances qui sait tout sur tout, s’approprie les décisions et peut expliquer sans sourciller à un patron du CAC ce qu’il doit faire », cogne un cadre d’Oséo. « Je crains qu’il ne confonde l’envie d’optimiser ce qui existait avec celle de construire son petit empire », siffle un ancien de la Caisse. « Il est tranchant dans la manière de faire passer les décisions, mais il y parvient avec beaucoup de charisme et de conviction », nuance un autre cadre. S’il est encore tôt pour juger de son action, ses qualités de leader s’enracinent déjà. Il ponctue avec bonheur ses interventions avec les mots « désir, énergie, rêve »… « Vous aimez tous Oséo, vous allez aimer Bpifrance », promet-il aux entrepreneurs.
Il reconnaît d’ailleurs que Ségolène Royal peut être un atout sur ce plan : « Si avec sa réputation et sa notoriété elle enclenche un discours probusiness en France, c’est une bonne nouvelle », avançait Dufourcq en mai. Le lobbyiste Paul Boury y croit : « Grâce à sa proximité avec les PME, elle incarne le bon sens dans une boîte qui pourrait devenir une boîte de technocrates. » Et la directrice générale du think tank Terra Nova complète : « Elle va donner un sens grand public à l’action de la BPI, elle parle un langage que les gens comprennent. » Enfin, pas tous… « Les chefs d’entreprise pensent encore que nous sommes les amis de Ségo et Montebourg, raconte un chargé d’investissement. Et nous passons des heures à leur expliquer que la BPI n’est pas ce qu’ils croient. » Pour le duo d’enfer, il y a encore du pain sur la planche.
DOMINIQUE BERTINOTTI “ SÉGOLÈNE POURRAIT DÉTOURNER L’ÉLECTORAT POPULAIRE DU FN”
La ministre déléguée à la Famille plaide pour l’entrée de Ségolène Royal au gouvernement.
Paris Match. Pourquoi voulez-vous créer un statut pour les 16-18 ans ?
Dominique Bertinotti. Pas forcément pour leur permettre de voter aux élections locales – il faudrait pour cela changer la Constitution –, mais pour cesser de découper les ados “prémajoritaires” en tranches. Aujourd’hui, la majorité sexuelle est à 15 ans. Mais un mineur de moins de 18 ans ne peut acheter ni alcool ni tabac. Quant à la conduite accompagnée, elle est autorisée dès 16 ans. Il s’agit d’harmoniser ces règles et de créer un vrai ministère de l’Enfance. Avec des droits et des devoirs pour tous.
Allez-vous supprimer l’avantage fiscal pour les parents d’enfants collégiens et lycéens ?
Nous supprimons bien cette « niche » dans le projet de loi de finances. Nous l’avions annoncé dès le 3 juin avec d’autres mesures pour rééquilibrer les comptes de la branche famille et des mesures en faveur des ménages modestes. Je ne préjuge pas de ce que voteront les parlementaires. Mais je souligne que cette réduction ne profite qu’à la moitié des ménages français qui paient l’impôt sur le revenu, pas à l’ensemble des classes moyennes.
«IL EST ABERRANT DE RENDRE OBLIGATOIRE LA GARDE ALTERNÉE DES ENFANTS DONT LES PARENTS SE SÉPARENT»
Le Sénat a voté un amendement pour rendre la garde alternée obligatoire. Continuez-vous à penser que c’est une “fausse bonne idée” ?
Bien sûr. C’est même une aberration. Qu’on partage l’autorité parentale est normal mais chaque histoire de séparation est singulière. Ce qui peut poser problème, c’est qu’un juge aux affaires familiales, souvent débordé, décide en l’espace de dix-huit minutes que la garde va à la mère ou au père. Car chaque histoire de séparation est singulière. Je propose donc de déjudiciariser le processus de séparation en rendant la médiation entre parents obligatoire. Au Québec, où ce système a été adopté, 80 % des médiations se soldent par un accord.
Y a-t-il suffisamment de médiateurs en France ?
Ils sont 600. Mais 250 équivalents temps plein. Et seulement 4 % des couples qui divorcent ont recours à eux.
Le Front national progresse. Les couacs se multiplient au gouvernement. Ségolène Royal y aurait-elle sa place, selon la ségoléniste que vous êtes ?
Ségolène Royal nous manque. Elle réussirait à détourner une partie de l’électorat populaire du Front national. Car elle est inclassable, ni a droite, ni à gauche, ni au centre. Et elle a une capacité de compréhension et de proximité avec les Français et les classes populaires.
Heuliez : Interview de Ségolène Royal suite à la rencontre avec les salariés
Roms : Ségolène Royal demande au gouvernement de "faire preuve de discipline collective"
lundi 30 septembre, la présidente de la région Poitou-Charentes ne s’est pas privée pour partager à nouveau son regard réprobateur sur l’attitude des ministres du gouvernement de Jean-Marc Ayrault au sujet des Roms.
Invitée sur le plateau des 4 vérités, sur France 2, cette dernière a commenté l’accrochage entre Manuel Valls et Cécile Duflot ainsi que la polémique qui en a découlé: « un gouvernement se doit de jouer collectif et j’appelle les ministres à rassembler leurs compétences plutôt qu’à les soustraire ». (voir la vidéo en tête d’article)
« Arrêtons de polémiquer »
Des remarques que l’on retrouve aussi dans un entretien accordé au Parisien Aujourd’hui en France lundi 30 septembre. Présente sur la Une du quotidien, la présidente de la région Poitou-Charentes demande notamment aux ministres d' »arrêter de polémiquer ».
A New York, Ségolène Royal en mission “fundraising”
« Je n’ai pas de chèques, mais beaucoup des cartes de visite, de femmes essentiellement ».
Ségolène Royal était en opération séduction, mercr…
Dossier Heuliez : le point de vue de Ségolène Royal.
Bon anniversaire Ségolène Royal !
Ségolène Royal, invitée politique de Guillaume Durand avec LCI
Ségolène Royal : "On ne peut pas prendre les Français en otage avec la fiscalité"
La rédaction de RTL.fr | Publié le 16/09/2013 à 08h14

Ségolène Royal, invitée de RTL, lundi 16 septembre 2013
Crédit : Damien Rigondeaud / RTL.fr
INVITÉE RTL – L’ex-candidate à la présidentielle est revenue sur l’intervention télévisée de François Hollande. Elle a salué sa position sur la fiscalité.
Elle est satisfaite de l’intervention de François Hollande. « Il a pris acte de l’exaspération fiscale des Français », se réjouit Ségolène Royal, invitée de RTL au lendemain du grand oral télévisuel du chef de l’État. « Il faut aussi se satisfaire d’avoir entendu que l’écologie ne se résume pas à un impôt », affirme-t-elle, saluantl’abandon de la taxe sur le diesel « à un moment où les Français subissent déjà une fiscalité très lourde ».
Et Ségolène Royal de rappeler le principe de la fiscalité écologique : « Un différentiel fiscal entre des bons comportements protecteurs de la planète et de mauvais comportements. » Sauf que souvent, les Français n’ont, par exemple, pas le choix de prendre leur voiture, argue-t-elle, faute de transports en commun ou de réelle alternative électrique.
« Accélérons déjà la mutation industrielle de l’écologie pour que les consommateurs puissent choisir », réclame la présidente de la région Poitou-Charentes. « Encore faut-il que les Français puissent changer de véhicule », argumente-t-elle, concernant l’hypothèse d’une taxe diesel. « On ne peut pas prendre les Français en otage avec la fiscalité s’ils ne peuvent pas réorienter leurs comportements. »
« Les Français ne demandent qu’à être écologistes »
« Les Français ne demandent qu’à être écologistes », assure-t-elle, car « cela coûte moins cher » : moins de consommation d’énergie signifie moins de dépenses, explique Ségolène Royal. Mais reste à réaliser les travaux d’isolation des logements, baisser le prix des voitures électriques, développer les énergies renouvelables, liste-t-elle.
Si on ne veut pas casser la relance de la croissance économique, il faut baisser la pression fiscaleSégolène Royal
Tout cela sans impôt. « Je souhaite que les entreprises privées embauchent grâce à la relance de la croissance économique », explique Ségolène Royal. « Si on ne veut pas la casser, il faut baisser la pression fiscale. »
SYRIE : UN RISQUE DE « GUERRE MONDIALE », DIT ROYAL CHEZ BOURDIN
Ségolène Royal était invitée ce mercredi matin sur RMC et BFMTV. La présidente de la région Poitou-Charentes et vice-présidente de la Banque publique d’investissement estime que la position française ferme sur la Syrie a permis de débloquer la situation et éviter « une guerre mondiale ». Ségolène Royal a aussi appelé à compenser chaque nouvelle dépense de l’Etat par une baisse par ailleurs.
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Sur l’interview de Ségolène Royal au Point où la journaliste affirme que l’élue a dit qu’elle « ferait de l’ombre au gouvernement » si elle y était.
8h55 – Ségolène Royal : « Je ne le pense pas, je ne l’ai pas dit. J’assume les vérités que je dis. Quand un journal pour se faire de la pub prétend avoir une interview de ma part, je dis que ce n’est pas correct. Il faudrait être totalement idiote pour tenir de tels propos. Ma responsabilité est de ne pas dégrader le débat politique. Je me suis fixée une règle, c’est de ne dire du mal de personne. Cette journaliste n’a pris aucune note, et le directeur du journal m’a appelé pour me demander comment réparer ».
Sur le Front national
François Fillon a sous-entendu qu’il n’appellerait pas forcément à voter socialiste face au Front national.
8h51 – Ségolène Royal : « Fillon remet le FN au milieu du débat politique. J’aurais attendu d’un responsable politique qu’il apporte des solutions. La vraie question est de savoir pourquoi il y a un vote vers les extrêmes : parce que les gens se sentent déracinés. On ne voit pas quelles sont les règles du jeu de demain, et seule une petite minorité de gens va s’en sortir. Les gens ne l’acceptent plus ».
Impôts, retraites et pouvoir d’achat
Sur la réforme des retraites
8h48 – Ségolène Royal : « Il y a de bonnes choses, comme la prise en compte de la pénibilité, un rattrapage pour les femmes. Je trouve que la réforme est globalement bonne ».
Faut-il aider les plus modestes (chèque énergie, prime pour l’emploi, etc.) ?
8h46 – Ségolène Royal : « Il faut donner du pouvoir d’achat, c’est compliqué. Par exemple sur l’énergie, il faut financer les travaux d’économie d’énergie. Sur les transports, aussi, pourquoi la mutation vers la voiture électrique n’est pas plus rapide ? On peut faire un stationnement gratuit, une baisse de la TVA pour les voitures électriques, l’équipement des services public ».
8h44 – Ségolène Royal : « On a échappé à la hausse de la CSG pour les retraites. La confiance revient si les gens voient les règles du jeu. La capacité à créer des emplois dépend de la capacité à créer de la confiance. Dans ma région, je n’ai pas augmenté les impôts depuis 9 ans. A chaque dépense nouvelle, il faut l’économie correspondante. Il faut changer les règles du jeu. L’impôt est important, mais il faut un impôt juste, stable et efficace ».
Sur la pause fiscale. Pas de hausse d’impôts dans le budget 2014 ?
8h42 – Ségolène Royal : « Il faut qu’elle soit appliquée [Ségolène Royal rit]. Ça a été dit, ça doit être fait. Je connais les tentations de résoudre les problèmes par des impôts nouveaux, c’est le degré 0 de la politique. Il ne faut pas casser par des impôts les indices de reprise économique, l’esprit d’entreprendre, le retour de la confiance ».
Sur la Syrie
->Syrie : une chance pour la diplomatie ?
Sur le contrôle des armes chimiques par la communauté internationale, une proposition russe acceptée par Damas.
8h39 – Ségolène Royal : « La France a raison de continuer son rapport de force. Il faut mettre au crédit des présidents français et américain d’avoir mis sur la table cette menace qui va permettre, sans doute, d’éviter la guerre. Je crois que la guerre est évitée, c’est notre responsabilité de construire un monde de paix ».
8h37 – Ségolène Royal : « Il faut accorder du crédit à ce qui est dit [par Damas, ndlr], ça n’empêche pas d’exiger des preuves ».
8h36 – Ségolène Royal : « Tout est préférable à une guerre. Au moins, on ne déclenche pas une guerre mondiale. Il y a un risque d’intervention, mais aussi de non-intervention, car ce serait un feu vert à la dissémination des armes chimiques et nucléaires, c’est pourquoi la solution diplomatique est la meilleure. Avec des frappes, bien sûr qu’on peut déclencher une guerre mondiale. Si on n’intervient pas, on peut la déclencher aussi. La menace d’intervention doit être suffisamment forte pour que les tyrannies renoncent à leurs instincts, et c’est ce qui est en train de se passer. Je souhaite que ça aille au bout ».
Retrouvez aussi l’intégralité de l’émission Bourdin & Co de ce mercredi.
Ségolène Royal : AGENDA MEDIAS

Cher (e) s ami (e) s
Nous avons le plaisir de vous informer que Ségolène Royal sera l’invitée
Mercredi 11 septembre 2013
8h30 Bourdin Direct (BFM TV – RMC)
Jeudi 12 septembre 2013
7h40 Le face-à-face de Christophe Barbier (i>télé)
12h00 Le Talk (Orange-Le Figaro)
19h15 C à vous (France 5)
Amitiés
L’équipe de Ségolène Royal
Occasion à saisir pour JL Borloo,F Bayrou and co !
13h15, le Dimanche… Ségolène Royal et Jacques Weber
La social-démocratie et la gauche en France aujourd’hui : retrouvez le compte rendu et la vidéo du débat de Terra Nova aux Universités du PS à La Rochelle
Dans le cadre des Universités d’été 2013 du Parti socialiste à la Rochelle, Terra Nova a organisé le 24 août dernier une conférence intitulée « La social-démocratie et la gauche en France aujourd’hui », en présence de Michel Rocard, ancien Premier ministre et président du Conseil d’orientation scientifique de Terra Nova ; Michel Sapin, Ministre du Travail, de l’Emploi, de la Formation professionnelle et du Dialogue social ; et Yann Algan, chercheur en économie à Sciences-Po. Nous vous proposons de retrouver ci-dessous l’intégralité de ces échanges en vidéo.
Synthèse
Texte intégral pdf
Le démenti…….à propos du "non-itw du Point"
Ségolène Royal invitée du 19/20 fr3 Poitou-Charentes.
« Partout dans le monde, les droits des femmes devraient être une priorité. »
Entretien avec Najat Vallaud-Belkacem, ministre française des droits des femmes
Les 2 et 3 septembre à Paris, un colloque international devrait permettre d’approfondir les polit…
Mieux vaut hériter que mériter
ANALYSE Dans son essai «le Capital au XXIe siècle», l’économiste Thomas Piketty dénonce l’impact de l’héritage sur l’accroissement des inégalités sociales.
Il a conseillé Ségolène Royal, candidate à la présidentielle, a tenté de convaincre François Hollande d’adopter sa «révolution fiscale» (3), en vain et à sa grande déception.
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Socialement, c’est une thèse explosive. Alors que l’économie est en berne, qu’experts et politiques se disputent sur des décimales de croissance, jamais le poids de l’héritage n’a autant pesé dans la répartition des richesses. Comble du cynisme financier, une faible croissance, comme celle que traverse la France, favorise encore davantage les patrimoines établis que les salaires mensuellement acquis. «L’héritage n’est pas loin de retrouver en ce début du XXIe siècle l’importance qu’il avait à l’époque du Père Goriot.» C’est à cette conclusion à rebours de l’idée de progrès pour tous que parvient l’économiste Thomas Piketty (1) dans le Capital au XXIe siècle, l’un des livres événement de la rentrée.
Rentiers. Certes, les héritiers d’aujourd’hui ne se distinguent plus par des hauts de forme portés par une poignée d’individus. L’émergence d’une classe moyenne patrimoniale au XXe siècle a dilué les héritages façon Balzac, avoisinant les 30 millions d’euros, en de multiples sommes plus restreintes – de 200 000 à 2 millions. La France est ainsi devenue une société de rentiers plus ou moins riches, notamment grâce à l’envolée des biens immobiliers (lire page 14). Conséquence directe de cette suprématie des revenus du capital sur ceux du travail, les inégalités sont reparties à la hausse depuis la fin des années 70. Entraînées aussi par l’explosion sans précédent des très hauts revenus du travail.
A ce constat historique et récurrent, des héritiers et de la reproduction sociale façon Bourdieu, du creusement incessant des inégalités et de la constitution des ghettos de riches décrits par les Pinçon-Charlot, qu’apporte de plus, versant économique, ce nouveau Capital ? Une méthode, d’abord. Pour parvenir à ce tableau peu digne d’une société méritocratique dont la démocratie française se voudrait le modèle – ne vaut-il pas mieux épouser un riche héritier plutôt que travailler, hypothèse valable pour les deux sexes ? -, Thomas Piketty part de «faits». Pas d’évaluation au doigt mouillé, ni d’analyse théorique, mais de l’exploitation d’archives et de statistiques mondiales sur les revenus et les héritages remontant sur trois siècles (2). «La question de la répartition des richesses a toujours été au centre de l’économie politique, dit-il, en particulier au XIXe siècle, avec Ricardo et Marx, ainsi qu’au XXe siècle avec Kuznets. Mais les recherches historiques sur ces questions ont toujours été relativement limitées, et les économistes se sont surtout consacrés à des spéculations purement théoriques.»Voire idéologiques, comme la croyance en un divin marché qui régulerait naturellement les inégalités.
En travaillant autant comme historien que comme économiste – une pluridisciplinarité revendiquée face à la suprématie d’une science économique matheuse aux spéculations parfois fort hasardeuses -, Piketty démontre que ce sont bien plutôt les guerres et les grands choix de société (comme les investissements dans la formation et les qualifications) qui ont réduit au milieu du XXe siècle les inégalités. Que le capitalisme n’inverse pas à lui seul le rapport du capital en faveur du travail, celui de la compétence face à la naissance. «Il serait illusoire, affirme Piketty, fort de ce recul historique, d’imaginer qu’il existe dans la structure de la croissance moderne, ou dans les lois de l’économie de marché, de forces de convergence menant naturellement à une réduction des inégalités patrimoniales ou à une harmonieuse stabilisation.» De la grande illusion libérale, Thomas Piketty nous dessille, avec une boîte à outils de son époque revenue des analyses à la faucille et au marteau. Agé de 18 ans à la chute du mur de Berlin, il n’a jamais été fasciné par les régimes communistes. «Je suis vacciné à vie contre les discours anticapitalistes convenus et paresseux», prévient-il en introduction de son Capital.
De Balzac à d’incontestables faits statistiques et équations mathématiques, Thomas Piketty entame une sorte de troisième voie dont le but serait une «société juste». Une approche autant scientifique que politique. Chercheur en sciences sociales, il est un citoyen engagé et revendiqué. Il a conseillé Ségolène Royal, candidate à la présidentielle, a tenté de convaincre François Hollande d’adopter sa «révolution fiscale» (3), en vain et à sa grande déception.
«Emir». Au terme de sciences économiques, Piketty préfère donc celui d’économie politique. A la main invisible du marché, chère à Adam Smith, il fera donc plutôt confiance à celle de l’homme pour gommer les effets les plus dévastateurs d’une économie inégalitaire. Ainsi, propose-t-il d’instaurer une sorte de super ISF mondialisé, un impôt progressif mondial sur le capital. Mesure utopique diront certains, mais Thomas Piketty sait très bien qu’il faut forger longtemps à l’avance les concepts socialement audacieux si on espère un jour les voir appliquer.
En attendant, face à une concentration du capital mondial toujours plus intense, il ne joue pas les Madame Irma. «Il est beaucoup trop tôt pour annoncer au lecteur qu’il devra payer son loyer à l’émir du Qatar d’ici à 2050. Comme toujours, le pire n’est pas certain…»
(1) Il est aussi chroniqueur à «Libération». (2) Une World Top Incomes Database a été créée par une trentaine de chercheurs à travers le monde, dont Emmanuel Saez et Anthony B. Atkinson, constituant la plus vaste base de données historique disponible sur l’évolution des inégalités de revenus. (3) «Pour une révolution fiscale», Seuil, 2011.
Thomas Piketty Le Capital au XXIe siècle Seuil, 800 pages, 25 € A paraître jeudi.
Pourquoi la création des métropoles crée un malaise croissant chez les élus locaux?
Rappelons d’abord que les métropoles relèvent, en l’état actuel du vote par l’Assemblée Nationale, d’un nouveau cadre institutionnel imposé par la loi, qui fixe pour certaines, un périmètre (Paris, Marseille), et des compétences. Ce cadre s’ajoute à bien d’autres sur l’intercommunalité : communauté urbaine, communauté d’agglo, communauté de communes, syndicat intercommunal, …. on peut de ce fait déjà s’interroger sur les raisons de multiplier les formes juridiques de l’intercommunalité !
Le débat ne porte pas, pour moi, sur la nécessité de l’intercommunalité mais sur l’utilité de ce nouveau cadre institutionnel et les conditions de sa mise en place.
Sur la forme d’abord :
Aucune concertation préalable n’a précédé la mise en place de ces métropoles : la concertation lancée par le Sénat à la fin 2011 sur l’acte 3 de la décentralisation n’abordait pas du tout cette question. Ni dans le programme ni dans les promesses de campagne, la création des métropoles n’apparaissait pas : « j’engagerai une nouvelle étape de la décentralisation en associant les élus locaux. Je ferai voter une loi sur le renforcement de la démocratie et des libertés » affirmait au contraire François Hollande dans son programme.
Ensuite nous insurgions avec force il y deux ans, contre le volontarisme à marche forcée de Sarkozy, dans les commissions départementales de l’intercommunalité : Difficile d’accepter qu’on impose maintenant un statut ou un périmètre quand on s’est tant battu sur la base du libre choix des communes : je renvoie à ce que j’écrivais à l’époque » on ne peut gérer les territoires contre les élus » !
Les votes contradictoires du Sénat puis de l’Assemblée Nationale témoignent si l’en était besoin de ces difficultés et des approches contradictoires des élus sur ce sujet. Bien des évolutions législatives restent encore possibles avant l’adoption de la loi !
Sur le fond Ensuite :
Ceux qui y sont le plus favorables disent « on ne peut pas continuer avec 36000 communes » : alors dans ce cas remplaçons les élus par des fonctionnaires et fusionnons les communes : je ne suis pas sur que l’on y gagnera en efficacité, en démocratie, en proximité ! Mais ce serait au moins un choix clair.
La métropole n’est pas simplement une intercommunalité qui s’ajoute aux autres formes déjà trop nombreuses. C’est une collectivité locale de plein exercice puisque la moitié de ses membres devrait, après un amendement « surprise » voté par l’Assemblée, être élue au suffrage universel directe ; elle s’ajoute à la région, au département, aux communes, …, elle renforce le millefeuille institutionnel, à l’opposé de la simplification voulue.
La double légitimité au sein d’un même conseil de métropole sera source de conflits et de difficultés. Quelle compréhension pour le citoyen ? On peut d’ailleurs s’interroger sur le caractère Constitutionnel de ce double niveau de légitimité dans une même assemblée ?
Compétences imposées dont certaines vident le contenu du pouvoir des communes : urbanisme, voirie…Quel progrès pour la démocratie, pour les habitants, avec moins de proximité, plus de lourdeurs administratives? Laissons donc les territoires décider des compétences qu’ils souhaitent partager en fonction des réalités et des histoires locales!
La métropole créé de fait une Inégalité entre acteurs sur le « qui gouverne », » qui paie », « qui décide »….Le transfert de compétences des départements ou des régions vers la métropole ne peut qu’accroitre l’incompréhension des citoyens puisque dans un même département, une même région, une même compétence pourra relever d’acteurs institutionnels différents. La notion de chef de file perd son contenu. Quel sera le rôle d’un conseiller général élu dans un canton au sein d’une métropole, surtout s’il n’est pas conseiller communautaire ?
Enfin rien n’est dit sur les périmètres de ces métropoles : quelles sont les évolutions possibles? Peut-on en sortir ? Pour notre agglomération certains évoquaient une métropole Caen/Rouen/Le Havre? Qu’en est-il des pôles métropolitains qui se mettaient en place? À partir du moment ou la loi détermine ces métropoles, leurs évolutions seront elles soumises à une nouvelle loi?
Ce débat sur la métropole n’est pas une question d’image ou d’attractivité, mais de gouvernance : la métropolisation des territoires, l’urbanisation sont des réalités qui s’imposent, face auxquelles la question de la gouvernance démocratique de ces territoires se pose : on ne peut la régler que sur la base d’un projet partagé, non impose d’en haut, évolutif dans ses dimensions, et fonction de l’histoire de ces territoires ! N’est ce pas l’essence même de la décentralisation?
L’intercommunalité comme la construction européenne, c’est un long processus ou la démocratie doit toujours être présente faute de quoi les évolutions institutionnelles qu’elles traduisent , marqueront le pas, ou pire, seront rejetées par les citoyens .
Faire confiance à l’intelligence territoriale : Rapport du sénat
Ségolène Royal «Réformer la France, réformer l’Europe» – Club Suisse de la Presse
Interview de Ségolène Royal
Par Luisa Ballin
Ségolène Royal, Présidente de la région Poitou-Charentes, est cette année l’invitée d’honneur de la Fête de la Communication au Club suisse de la presse à Genève. Celle qui fut ministre dans les gouvernements de Pierre Bérégovoy et de Lionel Jospin et première femme à accéder au second tour de l’élection présidentielle française en 2007, a reçu Luisa Ballin dans son fief de Poitiers, à la veille de son retour sur le devant de la scène politique, lors de l’université d’été du Parti socialiste français à La Rochelle. Entretien autour d’un livre, d’un engagement et d’une vision de l’Europe.
Madame la Présidente, peut-on changer les choses en n’étant plus ni au Gouvernement ni au Parlement ?
Comme disait Roosevelt et comme je l’écris dans mon livre, il faut faire les choses là où l’on est avec les moyens que l’on a. La gestion d’un territoire régional est très importante car elle permet de mettre en application les discours et les actes sur des sujets aussi importants que l’excellence environnementale et climatique, thématique sur laquelle j’ai été élue en 2004 et qui a anticipé les politiques nationales qui sont venues ensuite. Je considère la région que je préside comme un laboratoire dans lequel je peux expérimenter les modes d’actions politiques auxquels je crois, dans le domaine économique, écologique, culturel, social et démocratique. J’ai aussi des responsabilités internationales : je suis Vice-Présidente de l’Internationale socialiste, Présidente de l’Association internationale des régions francophones et Vice-Présidente de la Banque publique d’investissement, une de mes propositions politiques que j’ai le plaisir de voir être mise en application et à la réussite de laquelle je participe.
Vous êtes toujours sollicitée sur le plan national, notamment par les médias. Seriez-vous intéressée par un mandat ou une mission sur le plan international, comme l’a été votre amie Michelle Bachelet, l’ancienne Présidente du Chili, qui après avoir dirigé l’agence ONU Femme sera sans doute à nouveau candidate à l’élection présidentielle de son pays?
J’évite d’être candidate à quoi que ce soit. J’essaie de bien faire les choses là où je suis. Je continue en effet d’être écoutée et entendue et c’est ce qui importe. J’ai une cohérence politique qui continue à faire écho. J’ai ouvert des chemins et proposé des idées neuves qui se sont concrétisées et auxquelles je crois.
Dans votre livre « Cette belle idée du courage » (paru chez Grasset), en écho à votre parcours et à votre expérience, vous laissez percer des envies. Ce livre est-il une nouvelle étape pour aller au bout de vos rêves ?
Oui. Ce livre m’a permis de faire le récit d’événements auxquels j’ai participé et que je n’avais jamais écrit. Ce livre remet à niveau une densité politique sur la base d’une idée du courage. Je l’ai écrit après avoir observé des cheminements qui ont soutenu mon engagement politique.
Qu’est-ce que la politique pour vous ?
Je crois que la politique c’est d’être au service du plus grand nombre. Les énergies que j’ai trouvées dans les personnages que je décris, j’ai voulu les mettre à disposition du plus grand nombre. Ce qui me fait le plus plaisir ce sont les lettres que je reçois, les messages de toutes ces personnes qui me disent avoir retrouvé le courage à la lecture de ce livre.
Précisément, juste après le poème de Rudyard Kipling, vous citez Paulo Coelho et sa phrase : « Un guerrier sait bien qu’une guerre est faite de plusieurs batailles : il poursuit ». Vous allez donc poursuivre ?
En tous les cas je n’arrête pas ! Je poursuis tranquillement ma route. Je ne suis pas en manque de je ne sais quoi. C’est ce qui fait ma liberté et ma force. Je suis là. Si l’histoire doit repasser, elle repassera.
Et au fond de vous, vous avez la conviction que l’histoire repassera…
L’histoire est faite de tant de choses : ce sont des circonstances et une époque. Je ne suis pas en attente, je vis bien les choses que je fais en ce moment.
Vous avez dit et écrit : j’ai été à nouveau candidate parce que je ne voulais pas que l’on dise que je n’étais qu’un accident de l’histoire.
Oui. Je sentais bien que c’était difficile, mais je n’avais pas le choix. Il fallait que j’y retourne. D’ailleurs certains me poussaient à faire une annonce plus tôt dans ma région. Lorsque j’ai été réélue ici, dans ma région, avec 61% des voix, tout candidat qui comme moi avait tenté de conquérir la présidentielle aurait immédiatement dit : je repars !
Que dites-vous à ce moment-là ?
Je me protège, parce que je me dis que si je dois vivre pendant deux ans en état de candidate à la présidentielle, je vais devoir affronter tous ceux qui vont sortir leurs griffes. Je me protège et je dis : on verra. Alors que dans la dynamique politique il faut s’exprimer, il ne faut pas se protéger. Je ne dis pas cela pour refaire l’histoire, mais je ne voulais pas que l’on dise que ma présence au deuxième tour de l’élection présidentielle était un accident de l’histoire, une personne surgie de nulle part, un produit des sondages, un personnage secondaire de la vie politique et autres amabilités que j’ai entendues, y compris de la part de certains socialistes. Je ne pouvais pas arrêter. Cela m’a encouragée à rester, même si je savais que ce serait difficile et que les choses ne se déroulaient pas comme je l’avais voulu.
Comment l’expliquez-vous ? Etait-ce trop tôt d’avoir une femme au second tour de l’élection présidentielle en France?
C’est difficile à dire, mais si j’avais été un homme je n’aurais pas eu la majorité de l’appareil de mon parti contre moi. Et puis il y avait ce procès en incompétence que l’on faisait en permanence contre les femmes, qui a cessé depuis et qui a fait que les choses se sont retournées. En tant que femme, c’était plus dur d’ouvrir le chemin. Aux Etats-Unis, l’élection de Barak Obama a été une transgression extraordinaire. Peut-être que si Barak Obama avait été élu avant moi, la transgression de voter pour une femme en France aurait fait bouger les lignes.
En pensant à vous et à Hilary Clinton, on peut se demander si ce n’est pas un handicap ou en tout les cas une difficulté supplémentaire que d’être à la fois une femme politique de haut niveau et l’épouse ou la compagne d’un homme politique qui est au plus haut niveau ?
Non, parce que l’on partage beaucoup de choses et on comprend les contraintes. C’est plutôt un atout…
Dans votre livre, vous citez l’ancien Président du Brésil Lula, en soulignant le fait qu’il a persévéré à quatre reprises pour être élu, qu’il a analysé ce qui n’a pas marché et qu’il a beaucoup appris de ses erreurs jusqu’à la victoire. Et, vous, avez-vous fait des erreurs ?
Bien sûr et on apprend beaucoup de ses erreurs, notamment sur l’organisation d’une campagne. Si j’avais eu plus de soutien, ma capacité d’organisation en aurait été multipliée. Du moins cela a été utile pour la suite car le candidat socialiste de 2012, François Hollande en a fait l’analyse. Tout cela a été décrypté et a servi pour la victoire de 2012, et c’est tant mieux.
A Genève, votre intervention sera centrée sur le thème : « Réformer la France, réformer l’Europe ». Que faire pour réformer l’Europe qui est dans une impasse et pour réformer la France qui vit une période difficile ? Que manque-t-il à l’Europe et à la France ?
Il manque un désir d’avenir, une lisibilité de l’avenir et une espérance. C’est cela qu’il faut construire pour que les peuples d’Europe, dans leur diversité, se tournent collectivement vers un horizon commun. Il faut que cela soit encouragé, porté, fédéré, sur des thèmes comme l’écologie, l’énergie, l’esprit d’entreprendre, l’emploi, les biotechnologies et aussi sur la diversité, la culture et la jeunesse. Mais je vous en dirai plus lors de mon intervention !
La Suisse et la France traversent un moment difficile, sur le plan économique notamment. Comment faire pour que les relations entre nos deux pays soient moins tendues ?
Peut-être faut-il des projets culturels communs. Les peuples se comprennent mieux lorsqu’ils ont des projets communs qui les élèvent.
Et par rapport aux divergences en matière de fiscalité ?
Un rapprochement entre les deux pays peut se faire par l’esprit d’entreprendre.
Ségolène Royal prendra la parole au Club suisse de la presse, pour une intervention intitulée : « Réformer la France, Réformer l’Europe ». Villa La Pastorale, 106, route de Ferney, 1202 Genève. Jeudi 29 août à 16h30, dans le cadre de la Fête de la Communication.
Cet entretien sera également publié dans l’édition du 12 septembre 2013 du bimensuel suisse La Cité : www.lacite.info
Interview de Ségolène Royal
Par Luisa Ballin
Ségolène Royal, Présidente de la région Poitou-Charentes, est cette année l’invitée d’honneur de la Fête de la Communication au Club suisse de la presse à Genève. Celle qui fut ministre dans les gouvernements de Pierre Bérégovoy et de Lionel Jospin et première femme à accéder au second tour de l’élection présidentielle française en 2007, a reçu Luisa Ballin dans son fief de Poitiers, à la veille de son retour sur le devant de la scène politique, lors de l’université d’été du Parti socialiste français à La Rochelle. Entretien autour d’un livre, d’un engagement et d’une vision de l’Europe.
Madame la Présidente, peut-on changer les choses en n’étant plus ni au Gouvernement ni au Parlement ?
Comme disait Roosevelt et comme je l’écris dans mon livre, il faut faire les choses là où l’on est avec les moyens que l’on a. La gestion d’un territoire régional est très importante car elle permet de mettre en application les discours et les actes sur des sujets aussi importants que l’excellence environnementale et climatique, thématique sur laquelle j’ai été élue en 2004 et qui a anticipé les politiques nationales qui sont venues ensuite. Je considère la région que je préside comme un laboratoire dans lequel je peux expérimenter les modes d’actions politiques auxquels je crois, dans le domaine économique, écologique, culturel, social et démocratique. J’ai aussi des responsabilités internationales : je suis Vice-Présidente de l’Internationale socialiste, Présidente de l’Association internationale des régions francophones et Vice-Présidente de la Banque publique d’investissement, une de mes propositions politiques que j’ai le plaisir de voir être mise en application et à la réussite de laquelle je participe.
Vous êtes toujours sollicitée sur le plan national, notamment par les médias. Seriez-vous intéressée par un mandat ou une mission sur le plan international, comme l’a été votre amie Michelle Bachelet, l’ancienne Présidente du Chili, qui après avoir dirigé l’agence ONU Femme sera sans doute à nouveau candidate à l’élection présidentielle de son pays?
J’évite d’être candidate à quoi que ce soit. J’essaie de bien faire les choses là où je suis. Je continue en effet d’être écoutée et entendue et c’est ce qui importe. J’ai une cohérence politique qui continue à faire écho. J’ai ouvert des chemins et proposé des idées neuves qui se sont concrétisées et auxquelles je crois.
Dans votre livre « Cette belle idée du courage » (paru chez Grasset), en écho à votre parcours et à votre expérience, vous laissez percer des envies. Ce livre est-il une nouvelle étape pour aller au bout de vos rêves ?
Oui. Ce livre m’a permis de faire le récit d’événements auxquels j’ai participé et que je n’avais jamais écrit. Ce livre remet à niveau une densité politique sur la base d’une idée du courage. Je l’ai écrit après avoir observé des cheminements qui ont soutenu mon engagement politique.
Qu’est-ce que la politique pour vous ?
Je crois que la politique c’est d’être au service du plus grand nombre. Les énergies que j’ai trouvées dans les personnages que je décris, j’ai voulu les mettre à disposition du plus grand nombre. Ce qui me fait le plus plaisir ce sont les lettres que je reçois, les messages de toutes ces personnes qui me disent avoir retrouvé le courage à la lecture de ce livre.
Précisément, juste après le poème de Rudyard Kipling, vous citez Paulo Coelho et sa phrase : « Un guerrier sait bien qu’une guerre est faite de plusieurs batailles : il poursuit ». Vous allez donc poursuivre ?
En tous les cas je n’arrête pas ! Je poursuis tranquillement ma route. Je ne suis pas en manque de je ne sais quoi. C’est ce qui fait ma liberté et ma force. Je suis là. Si l’histoire doit repasser, elle repassera.
Et au fond de vous, vous avez la conviction que l’histoire repassera…
L’histoire est faite de tant de choses : ce sont des circonstances et une époque. Je ne suis pas en attente, je vis bien les choses que je fais en ce moment.
Vous avez dit et écrit : j’ai été à nouveau candidate parce que je ne voulais pas que l’on dise que je n’étais qu’un accident de l’histoire.
Oui. Je sentais bien que c’était difficile, mais je n’avais pas le choix. Il fallait que j’y retourne. D’ailleurs certains me poussaient à faire une annonce plus tôt dans ma région. Lorsque j’ai été réélue ici, dans ma région, avec 61% des voix, tout candidat qui comme moi avait tenté de conquérir la présidentielle aurait immédiatement dit : je repars !
Que dites-vous à ce moment-là ?
Je me protège, parce que je me dis que si je dois vivre pendant deux ans en état de candidate à la présidentielle, je vais devoir affronter tous ceux qui vont sortir leurs griffes. Je me protège et je dis : on verra. Alors que dans la dynamique politique il faut s’exprimer, il ne faut pas se protéger. Je ne dis pas cela pour refaire l’histoire, mais je ne voulais pas que l’on dise que ma présence au deuxième tour de l’élection présidentielle était un accident de l’histoire, une personne surgie de nulle part, un produit des sondages, un personnage secondaire de la vie politique et autres amabilités que j’ai entendues, y compris de la part de certains socialistes. Je ne pouvais pas arrêter. Cela m’a encouragée à rester, même si je savais que ce serait difficile et que les choses ne se déroulaient pas comme je l’avais voulu.
Comment l’expliquez-vous ? Etait-ce trop tôt d’avoir une femme au second tour de l’élection présidentielle en France?
C’est difficile à dire, mais si j’avais été un homme je n’aurais pas eu la majorité de l’appareil de mon parti contre moi. Et puis il y avait ce procès en incompétence que l’on faisait en permanence contre les femmes, qui a cessé depuis et qui a fait que les choses se sont retournées. En tant que femme, c’était plus dur d’ouvrir le chemin. Aux Etats-Unis, l’élection de Barak Obama a été une transgression extraordinaire. Peut-être que si Barak Obama avait été élu avant moi, la transgression de voter pour une femme en France aurait fait bouger les lignes.
En pensant à vous et à Hilary Clinton, on peut se demander si ce n’est pas un handicap ou en tout les cas une difficulté supplémentaire que d’être à la fois une femme politique de haut niveau et l’épouse ou la compagne d’un homme politique qui est au plus haut niveau ?
Non, parce que l’on partage beaucoup de choses et on comprend les contraintes. C’est plutôt un atout…
Dans votre livre, vous citez l’ancien Président du Brésil Lula, en soulignant le fait qu’il a persévéré à quatre reprises pour être élu, qu’il a analysé ce qui n’a pas marché et qu’il a beaucoup appris de ses erreurs jusqu’à la victoire. Et, vous, avez-vous fait des erreurs ?
Bien sûr et on apprend beaucoup de ses erreurs, notamment sur l’organisation d’une campagne. Si j’avais eu plus de soutien, ma capacité d’organisation en aurait été multipliée. Du moins cela a été utile pour la suite car le candidat socialiste de 2012, François Hollande en a fait l’analyse. Tout cela a été décrypté et a servi pour la victoire de 2012, et c’est tant mieux.
A Genève, votre intervention sera centrée sur le thème : « Réformer la France, réformer l’Europe ». Que faire pour réformer l’Europe qui est dans une impasse et pour réformer la France qui vit une période difficile ? Que manque-t-il à l’Europe et à la France ?
Il manque un désir d’avenir, une lisibilité de l’avenir et une espérance. C’est cela qu’il faut construire pour que les peuples d’Europe, dans leur diversité, se tournent collectivement vers un horizon commun. Il faut que cela soit encouragé, porté, fédéré, sur des thèmes comme l’écologie, l’énergie, l’esprit d’entreprendre, l’emploi, les biotechnologies et aussi sur la diversité, la culture et la jeunesse. Mais je vous en dirai plus lors de mon intervention !
La Suisse et la France traversent un moment difficile, sur le plan économique notamment. Comment faire pour que les relations entre nos deux pays soient moins tendues ?
Peut-être faut-il des projets culturels communs. Les peuples se comprennent mieux lorsqu’ils ont des projets communs qui les élèvent.
Et par rapport aux divergences en matière de fiscalité ?
Un rapprochement entre les deux pays peut se faire par l’esprit d’entreprendre.
Ségolène Royal prendra la parole au Club suisse de la presse, pour une intervention intitulée : « Réformer la France, Réformer l’Europe ». Villa La Pastorale, 106, route de Ferney, 1202 Genève. Jeudi 29 août à 16h30, dans le cadre de la Fête de la Communication.
Cet entretien sera également publié dans l’édition du 12 septembre 2013 du bimensuel suisse La Cité : www.lacite.info
La 1ère réforme des retraites qui met l’égalité femmes-hommes au centre
Aujourd’hui les hommes retraités perçoivent en moyenne chaque mois une retraite totale de 1 749 € et les femmes de 1 165 € pour les femmes, soit un écart d’un tiers. Le Conseil d’Orientation des Retraites a montré que ces écarts ne se résorberont pas spontanément. Si rien n’est fait, ils resteront même importants, de l’ordre de 20% pour les générations nées dans les années 70. Cela s’explique par les interruptions d’activités liées aux naissances, par le temps partiel et les écarts salariaux.
Pour la première fois, une réforme des retraites met cette question de l’égalité femmes-hommes au cœur de ses objectifs. Parmi les cinq réformes des retraites qui étaient intervenues depuis 1993, aucune n’avait fait ce choix essentiel ; chaque fois, nous avions constaté qu’une réforme qui n’intègre pas dès le départ la dimension égalité court le risque d’aggraver les inégalités. En 2010, le recul de deux ans de l’âge de départ sans décote a ainsi massivement pénalisé des femmes. Non seulement ce paramètre n’est pas utilisé dans la réforme actuelle, mais nous allons continuer à en corriger les effets en étendant encore de deux trimestres la prise en compte de la maternité dans le dispositif carrières longues et en validant autant de trimestres que de période de 90 jours de congé maternité.
Au-delà, plusieurs mesures qui ont ainsi été présentées hier par le Premier ministre seront décisives pour réduire les inégalités entre les femmes et les hommes :
– les droits à retraite sont renforcés pour les 3,5 millions de femmes qui travaillent à temps partiel grâce à l’abaissement du seuil de validation des trimestres et la possibilité de reporter des cotisations non utilisées pour valider un trimestre ;
– l’amélioration du minimum contributif dès le premier janvier 2014 bénéficiera principalement aux femmes ;
– la majoration de pension de 10% aujourd’hui réservée aux parents de plus de 3 enfants et qui dans les faits bénéficie essentiellement aux hommes sera refondue et progressivement transformée en majoration forfaitaire dès le premier enfant ; elle bénéficiera principalement aux femmes, premières concernées par les interruptions d’activité. Cette réforme concernera les retraités partant en retraites à compter de 2020.
Résorber les inégalités ne peut se résumer à les corriger une fois formées. Le Gouvernement mène désormais des politiques visant à inscrire l’égalité dans les parcours de carrière (égalité salariale, partage du congé parental …) pour éviter d’avoir à constater les inégalités à l’âge du départ en retraite.
Ma réponse à "60 millions de consommateurs"
Cet article est reposté depuis Le blog de Jacques Le Houezec.
L’article sur la e-cigarette, publié ce weekend par la revue « 60 millions de consommateurs » est cité en boucle sur tous les médias depuis ce matin, en reprenant son titre accrocheur, promesse de ventes et d’écoute maximales!
Pourtant, à bien y regarder, cet article est basé sur une étude de piètre qualité méthodologique. Pourquoi, les médias se jettent-ils tous dessus, sans même prendre le temps de bien analyser ce qui est écrit, et sans même comparer avec les études scientifiques récentes de bien meilleure qualité?
Pourtant, « 60 millions de consommateurs » est une revue très respectable, qui généralement fait des analyses assez poussées. Mais cet article, basé sur un protocole que j’ai pu me procurer, semble sortir de la rigueur habituellement observée. Dans l’article, le tableau résumant les résultats indique uniquement la présence des substances recherchées, mais mentionne dans le texte des quantités très significatives, certes, mais ne donne pas de chiffres. C’est un peu facile de prétendre quelque chose mais sans donner de preuves. D’autres études, en particulier celle de Maciej Goniewicz, un chercheur qui publie depuis plusieurs années sur le sujet, (http://tobaccocontrol.bmj.com/content/early/2013/03/05/tobaccocontrol-2012-050859.abstract), ont montré qu’effectivement certaines substances toxiques ou cancérigènes pouvaient être trouvées, mais en général soit à l’état de traces, soit dans des proportions considérablement moindres que dans la fumée de cigarette (9 à 450 moindres pour l’article de Goniewicz, voir tableau ci-dessous).
L’article de « 60 millions de consommateurs » prétend avoir trouvé des quantité significatives de formaldéhyde, d’acroléine et d’acétaldéhyde et des traces de métaux. Mais encore une fois, sans citer de chiffres. Par ailleurs, le protocole de l’étude n’est pas assez détaillé pour interpréter ces résultats. Dans l’étude de Goniewicz, les taux retrouvés étaient 9 à 450 fois inférieurs à ceux de la cigarette conventionnelle. Mais dans un cas comme dans l’autre, le mode de production des bouffées de e-cigarette, par une machine à fumer transformée, ne correspond pas forcément à une utilisation normale. Dans l’étude de « 60 millions de consommateurs » il est mentionné des bouffées de 3 secondes, toutes les 30 secondes, mais sans préciser le volume des bouffées. Dans celle de Goniewicz, basée sur l’observation de quelques vapoteurs, les bouffées étaient de 70 ml, duraient 1,8 secondes toutes les 10 secondes. Un rythme sans doute trop rapide et un volume de bouffée très important, plus que dans cet article en tout cas. Il est donc surprenant que « 60 millions de consommateurs » ait trouvé des valeurs plus importantes.
Quant à l’analyse des e-cigarettes, des e-liquides et de leur étiquetage, là encore, la méthodologie employée est médiocre. La revue a surtout testé des produits vendus hors des boutiques spécialisées, et certainement de piètre qualité. Le modèle le plus utilisé par les vapoteurs, l’eGo, n’a même pas été testé ici. Les e-liquides de marques françaises réputées n’ont pas non plus été testés. Pourquoi ces choix ? Pour ce qui est des teneurs en nicotine, il faut savoir que l’analyse chimique est rendue difficile par le fait que la nicotine est diluée dans le propylène glycol et la glycérine, ni l’article, ni le protocole ne mentionne le nombre de mesures réalisées sur chaque échantillon, c’est pourtant une pratique courante. Quant au manque de bouchons de sécurité mentionné dans l’article, c’est de la pure désinformation, la plupart des marques vendues en boutique ou sur internet en portent, si ce n’est toutes.
Malgré tout, oui, il est nécessaire que des contrôles de qualité aient lieu, dans le cadre de la protection des consommateurs. Cela permettrait d’éliminer les mauvais produits, au profit de ceux de qualité. Mais en aucun cas on ne peut prétendre que la e-cigarette est aussi dangereuse que la cigarette conventionnelle, bien au contraire, comme on a pu l’entendre aujourd’hui sur certains médias. C’est de la désinformation!
Pour un meilleur contrôle, il suffit d’une volonté de l’Etat et de la répression des fraudes, mais les autorités de santé n’ont pas besoin d’intervenir. Médicaliser la e-cigarette serait une erreur, cela la figerait dans sa forme actuelle, avec peu d’espoir d’évolution. En effet, si une autorisation de mise sur le marché devenait nécessaire, le coût de l’innovation deviendrait exorbitant. Au contraire, en contrôlant les produits, mais sans pour cela en faire un médicament, la pression des consommateurs fait évoluer les produits vers plus de qualité. C’est ce que l’on a observé au cours des 2 dernières années, et le fait que les vapoteurs discutent entre eux et se conseillent sur les forums de discussion a énormément aidé à cette évolution. L’association AIDUCE en est le parfait exemple.
Interview de Ségolène Royal dans Libération
Interview de Ségolène Royal dans Libération
Royal: «Faire consommer autrement avant de punir par les taxes»
P…
Ségolène Royal ce matin sur France Inter #2
« Ce qui est évident, c’est qu’un alourdissement, encore, des cotisations est un frein à la reprise de la croissance économique. Ce qui est clair aussi c’est que l’allongement de la durée de vie nécessite un effort supplémentaire des Français. Je crois que la piste de l’allongement modéré de la durée de cotisation est sans doute ce qui sécurise le système de la façon la plus acceptable. »

Quelques rappels concernant l’encadrement militaire et délinquance
Article publié en 2006 ! Suite aux déclarations de Ségolène Royal concernant l’encadrement militaire des jeunes délinquants, quelques points d’Information. ORGANISATION L’encadrement militaire…