Madame, Monsieur,
Le second tour des élections municipales a reconduit le Maire sortant pour les six prochaines années. Nous le félicitons pour sa réélection, ainsi que sa nouvelle équipe, et leur souhaitons de réussir pour chacun d’entre nous. Les promesses de campagne sont des engagements. Le futur maire de Rouen doit être le maire de tous les Rouennais, sans distinction du vote qu’ils aient pu porter.
Durant notre mandat, nous avons toujours eu à coeur de porter une opposition constructive, d’ouvrir le débat, de pointer certains dysfonctionnements, ou de reconnaître les réussites de l’équipe municipale sortante. Nous en sommes fiers, même si certains auraient plutôt souhaité nous voir camper dans une opposition systématique. Telle n’est pas notre vision du débat démocratique, et du respect que l’on doit à chacun et surtout aux Rouennais.
Alors que nous n’avons eu de cesse de prôner l’union de l’opposition, que celle-ci aura été divisée, en trois, puis deux groupes municipaux, nous avons réussi, collectivement, à rouvrir le dialogue et le travail commun au sein du groupe Rouen Perspectives d’abord, avec l’arrivée de Bruno Devaux et de Régine Marre, alliant le centre, le Modem et l’UMP, puis plus largement au sein de Rouen Ensemble au lendemain des élections cantonales de 2011, en réunissant élus et non élus de la droite, du centre et de la société civile afin de réapprendre à travailler ensemble, et d’offrir aux Rouennais une alternative crédible à l’équipe municipale en place. D’autres auront toujours refusé d’y participer de par leur statut de parlementaire.
Alors, qu’au deuxième tour des élections municipales, l’équipe conduite par Jean François Bures forte de ses 12343 voix répondait au désir d’union exprimé par les Rouennais, le candidat de l’UDI, Monsieur Chabert, à moins de 24 heures du résultat a annoncé dans Paris Normandie, que l’union est morte, et qu’il ne souhaite pas travailler avec ces gens-là. Ils feront un groupe à part au conseil municipal. »
Avec ces gens là ? Mais de qui se moque t’on ?
Ces propos sont inadmissibles dans la bouche d’un élu qui s’est présenté sous le thème de l’union avec ceux là même qu’il stigmatise aujourd’hui, et nous le condamnons. Pour autant, cette situation était prévisible et il n’y a y voir qu’une seule responsable : Catherine Morin-Desailly
Nous l’accusons d’avoir choisi seule Monsieur Chabert sans respecter les règles de son propre parti et d’avoir officialisé la chose devant la presse et donc aux yeux de tous, alors même que le Bureau Départemental de l’UDI76 n’en n’est même pas avisé, et qu’il ne se réunira qu’après sans avoir étudié d’autres candidatures puisque postérieures à l’annonce publique et personnelle de la Présidente de la fédération de Seine Maritime. De par ce manquement grave au respect des statuts de l’UDI le bureau départemental se trouve donc mis devant le fait accompli et ne peut donc débattre librement d’autres candidatures. De par cette liberté face aux statuts, la désignation de Monsieur Chabert aura donc été entachée d’illégalité. On rappellera que celle qui ne respecte pas les statuts de son parti politique vote aussi les lois au Sénat.
Pourtant appelant à l’union,tout aura été fait pour ternir la campagne de Jean François Bures et de l’équipe Rouen c’est Vous, derrière lequel elle aura toujours refusé de se ranger. L’union à sens unique parce qu’elle n’accepte pas la possibilité que quelqu’un d’autre puisse être à même de représenter l’opposition à Rouen et par la même devenir maire, poste qu’elle considère comme sa propriété privée et être la seule à pouvoir décrocher, elle n’aura eu de cesse que d’opposer en dénigrant ici et là, en mettant en cause les capacités intellectuelles, culturelles ou autres du candidat, ou en laissant d’autres stigmatiser d’autres colistiers sur leur vie privée. Usant des réseaux sociaux, multipliant les sites internet ou les comptes twitter qu’elle fait tenir par des proches, les boites mails de milliers de Rouennais auront été inondées de propagande, en totale illégalité avec les obligations imposées par la CNIL, puisqu’il n’y a aucune possibilité de se désinscrire du mailing. Des plaintes ont été déposées. Dans le choix du nom de la liste de l’UDI, également, « avec tous ceux qui aiment Rouen », appellation clivante, laissant penser que ceux qui n’en seraient pas, ne l’aimerait pas. N’en déplaise à Catherine Morin-Desailly, Jean François Bures, Yvon Robert, Jean Michel Beregovoy, et tous ceux qui ont fait cette campagne, tous ceux qui y ont souscrit mais qui n’ont pas voté pour elle, l’aiment tout autant. Elle n’en n’a pas le monopole.
Tout aura été fait pour tenter de faire échouer les négociations entre les deux tours. Celles-ci auront duré presque 13 heures au premier étage du Bar des Fleurs. Dicté par la haine de ceux qui avaient choisi Jean François Bures dès le premier tour, le préalable à la négociation est leur exclusion pure et simple. Beaucoup ont crû que Jean François Bures nous avait sacrifié. Il n’en n’est rien; Nous pouvons dire que nous avons poursuivi l’aventure sur ce deuxième tour grâce à lui puisqu’il aura choisi de sacrifier des membres de sa propre famille politique, sans aucune pression ou menace de notre part. C’est rare et cela mérite d’être mis en avant. Au final, si seuls les noms des 10 premiers ont été actés ce jour là, l’UDI de Seine Maritime a choisi seule les noms des suivants. Au travers d’un mail envoyé à son équipe, elle expliquera que le choix des colistiers aura été décidé par Jean François Bures, en regrettant que ses partenaires n’aient pas eu les mêmes exigences que les siennes, une façon de faire porter le chapeau à l’UMP, alors que c’est elle qui aura recalé y compris les plus proches amis d’enfance, parce que trop « Bures compatibles ». Un clash aura pourtant failli émailler cette journée, non sur notre nom, mais sur un mot de trop d’un des protégés aujourd’hui élu, demandant qu’en cas de victoire, la municipalité passe des contrats avec la société dont il est membre. Ceux qui l’auront vu dévaler les escaliers quatre à quatre savent pertinemment de qui nous parlons. La fatigue sans doute mais ce mot de trop porte un nom : prise illégale d’intérêt.
Nous accusons Catherine Morin-Desailly de non respect des Rouennais : devenue sénatrice de la Seine-Maritime en 2004 derrière Charles Revet, réélue au conseil municipal en 2008 derrière Pierre Albertini, elle le quitte en 2010 pour rentrer au Conseil Régional de Haute Normandie derrière Bruno Le Maire. Elle rentre de nouveau aujourd’hui au Conseil Municipal de Rouen derrière Jean François Bures, sans avoir dit quel mandat elle allait abandonner alors qu’elle est touchée par le cumul. Elle se sera faite élire au nom de l’union, elle rompt aujourd’hui le contrat passé avec les Rouennais. On y ajoutera le fait que parmi ses colistiers élus, se trouve également son attachée parlementaire. Si cela n’est pas illégal, on se rappellera ses propos sur ce sujet à l’égard de Valérie Fourneyron et de son attaché d’alors Kader Chekhemani dans l’exercice de ce mélange des genres.
Nous accusons Catherine Morin-Desailly de ne pas avoir fait campagne pour le second tour, et une fois placée, de ne pas avoir apporté de soutien franc à Jean François Bures. Celle qui s’autoproclame une experte en numérique et réseaux sociaux et fait le forcing pour Monsieur Chabert, aura été particulièrement silencieuse entre les deux tours : aucun message sur ses nombreux blogs, aucun tweet, silence radio, et comble du désintérêt, une présence remarquée avec nombre de ses colistiers UDI au pot de départ de Directeur du MIN, avec champagne et petits fours, quand pendant ce temps là, les militants de la première heure continuaient à tracter et boiter le document de second tour. La victoire aurait pu être pourtant possible, même si Monsieur Chabert, s’exprimant devant la presse, disait dès 18H15, que la défaite était là, alors même que les premiers bulletins commençaient tout juste à être dépouillés. Oui vraiment, quel manque de respect envers les Rouennais.
Nous accusons enfin Catherine Morin-Desailly d’être dans l’arbitraire et d’avoir confisqué tout débat démocratique au sein de l’UDI de la Seine Maritime. Sous sa présidence, la pensée unique a gommé l’humanisme et les valeurs du centre à son seul profit. La moindre critique, la moindre désobéissance sont aussitôt sanctionnées. Cela n’est pas acceptable et relève plus d’un pouvoir totalitaire et sclérosé que d’un véritable espace de débat démocratique. Aujourd’hui le Nouveau Centre de Seine Maritime (le Parti Radical ne peut hélas faire entendre lui aussi la moindre remarque) est devenu l’extrême centre. Il est devenu sectaire et il compte ses disciples. C’est celui-ci qui rentre aujourd’hui au Conseil municipal de Rouen.
A l’instar de notre collègue Laure Leforestier, poursuivie devant le tribunal correctionnel de Rouen pour « allégation ou imputation d’un fait portant atteinte à [son] honneur ou à [sa] considération » nous savons que Catherine Morin-Desailly aura peut-être à coeur de nous emmener devant cette même juridiction. Son acharnement à vouloir absolument nous poursuivre, donnerait alors plus de poids à ce que nous dénonçons plus haut, que chacun au delà des preuves fournies ici peut aisément vérifier en consultant les sites internet de campagne et les comptes twitter, et que d’autres, présents au moment de la négociation pourront aussi confirmer.
Aujourd’hui nous sommes tristes, mais pas résignés.
Tristes non pas de ne plus siéger au Conseil Municipal de Rouen, mais de constater un tel gâchis, après avoir passé autant de temps et d’énergie avec d’autres à défendre les valeurs du centre et à travailler. Triste de voir que des valeurs auxquelles nous croyons ne sont plus de mise ici à Rouen, et en Seine Maritime, parce que confisquées au profit d’un pouvoir autoritaire, sectaire et personnel. Tristes de ne plus pouvoir voter pour nos idées pour les prochains scrutins, sauf à plébisciter localement ici ce que nous condamnons.
Nous ne siégeons plus, mais nous gardons un bien précieux, notre droit de parole, et notre liberté de jugement et d’expression. Nous ne nous résignons pas pour autant et comptons oeuvrer, différemment, avec tous ceux qui aiment vraiment Rouen. Nous ne baissons pas les bras, nous resterons vigilants et actifs et vous donnons rendez vous très bientôt dans une démarche participative et citoyenne où chacun a sa place.
Nous en prenons l’engagement ici.
Nicolas Zuili
Laurence de Kergal
Edith Calonne