Les bans pudiques
La décision d’une mairie de grillager les bancs publics du centre ville aurait de quoi nous indigner sur la place que l’on entend partager aux sans domiciles. Peut-on refuser aux gens de la rue d’utiliser l’espace de tous pour se reposer, voir renouer avec le lien social qui leur est trop souvent refusé ?
Cette question est au cœur de la démocratie. Les barrières ont été posées à travers les différents arrêts des cours de justice. Droit de l’homme, égalité, voir compassion devraient nous inciter à accepter que des hommes et des femmes mis au ban de la société puissent utiliser les bancs publiques sans obstacles ni entraves. Le banc n’est-il pas depuis toujours le domicile fixe du sans abri ? Pour les migrants de Calais, les forêts, les champs aux alentours ne sont- ils pas des lieux pour tous. Ne se promène-t- on pas en forêt ou ne ramasse-t-on pas des champignons dans des espaces que nous prenons souvent à tort pour des lieux publics ?
Hier, les gens du voyage réclamaient le droit de s’installer sur des terrains de football ou les champs d’agriculteurs parce que l’on ne réservait pas une aire de voyage comme le veut la loi ?
Cette notion d’espace publique ne prend pas en compte l’espace pudique auquel chacun devrait pouvoir profiter ? Au-delà de la compassion et de la souffrance de ces invisibles, il est une notion de liberté partagée que l’on peut néanmoins soulever. Dix canettes de bières, des hommes ou des femmes vautrés dans le vomi pratiquant quelquefois une manche agressive s’approprient- ils parfois l’espace public pour en dévier l’usage commun ?
Les enfants ou les personnes âgées qui s’asseyaient sur les bancs de la ville ou les parents qui promenaient leurs enfants avant la « jungle » de Calais peuvent ils toujours le faire ? Peut-on continuer à accepter que l’effort de tous pour faire de l’agora un lieu d’échange social soit souillé par l’inconduite de quelques uns.
La décision de grillager est ubuesque, d’autres mairies auraient tout simplement enlevé ces bancs mais elle révèle notre état d’esprit. Nous voulons continuer à nous voiler la face sur la détresse de milliers d’exclus sans pour autant bafouer nos idéaux. Pourquoi une centaine de personnes en détresse gâcheraient la convivialité de milliers d’autres .Une équation que nous nous refusons de résoudre avec parcimonie ?
Igor Deperraz
Les bans pudiques
La décision d’une mairie de grillager les bancs publics du centre ville aurait de quoi nous indigner sur la place que l’on entend partager aux sans domiciles. Peut-on refuser aux gens de la rue d’utiliser l’espace de tous pour se reposer, voir renouer avec le lien social qui leur est trop souvent refusé ?
Cette question est au cœur de la démocratie. Les barrières ont été posées à travers les différents arrêts des cours de justice. Droit de l’homme, égalité, voir compassion devraient nous inciter à accepter que des hommes et des femmes mis au ban de la société puissent utiliser les bancs publiques sans obstacles ni entraves. Le banc n’est-il pas depuis toujours le domicile fixe du sans abri ? Pour les migrants de Calais, les forêts, les champs aux alentours ne sont- ils pas des lieux pour tous. Ne se promène-t- on pas en forêt ou ne ramasse-t-on pas des champignons dans des espaces que nous prenons souvent à tort pour des lieux publics ?
Hier, les gens du voyage réclamaient le droit de s’installer sur des terrains de football ou les champs d’agriculteurs parce que l’on ne réservait pas une aire de voyage comme le veut la loi ?
Cette notion d’espace publique ne prend pas en compte l’espace pudique auquel chacun devrait pouvoir profiter ? Au-delà de la compassion et de la souffrance de ces invisibles, il est une notion de liberté partagée que l’on peut néanmoins soulever. Dix canettes de bières, des hommes ou des femmes vautrés dans le vomi pratiquant quelquefois une manche agressive s’approprient- ils parfois l’espace public pour en dévier l’usage commun ?
Les enfants ou les personnes âgées qui s’asseyaient sur les bancs de la ville ou les parents qui promenaient leurs enfants avant la « jungle » de Calais peuvent ils toujours le faire ? Peut-on continuer à accepter que l’effort de tous pour faire de l’agora un lieu d’échange social soit souillé par l’inconduite de quelques uns.
La décision de grillager est ubuesque, d’autres mairies auraient tout simplement enlevé ces bancs mais elle révèle notre état d’esprit. Nous voulons continuer à nous voiler la face sur la détresse de milliers d’exclus sans pour autant bafouer nos idéaux. Pourquoi une centaine de personnes en détresse gâcheraient la convivialité de milliers d’autres .Une équation que nous nous refusons de résoudre avec parcimonie ?
Igor Deperraz