La France est-elle gouvernable ?

Pour ceux que le sujet intéresse, je viens de publier ce livre. En voici la présentation de l’éditeur ainsi que quelques extraits :

"A bien des signes, et encore plus vue de l’étranger, la France semble difficile à gouverner. Le tableau de ses oscillations politiques est ici brossé : la succession de cycles montre qu’il n’y a aucune fatalité dans le destin ou le tempérament national. L’auteur cherche les causes de notre affaiblissement dans l’organisation de la société et la défaillance de ses structures. Il appelle à une nouvelle régulation sociale fondée sur un équilibre entre valeurs collectives et valeurs individuelles."

Le monde agricole à la croisée des chemins

Tribune de Claude Taleb, vice président (Europe écologie) du conseil régional de Haute-Normandie, chargé de l’agriculture.

Le moment est venu de souhaiter un «bon salon de l’agriculture» aux Normands qui y participeront (du 19 au 27 février). C’est aussi l’occasion d’interroger les orientations entre lesquelles le monde agricole et les pouvoirs publics pour le moins, hésitent.

On s’est réjoui en 2010 de la forte progression du bio. + 1500 ha en Haute-Normandie, une des plus belles au plan national. Dans le même temps, les services de l’Etat constatent qu’on a perdu 7000 ha d’herbe dans la région. Quel lien entre ces deux réalités ? Quel enjeu ?

L’herbe est un élément essentiel des systèmes de production durable. Elle assure l’alimentation du bétail, en l’affranchissant du duo coûteux céréales – soja importé. Coûteux dans l’économie des exploitations. Coûteux pour la souveraineté alimentaire du Sud. Coûteux aussi pour l’environnement, le nôtre assigné aux monocultures, celui des pays producteurs de soja voué aux destructions de forêts, aux cultures OGM, aux pesticides. L’herbe est garante du développement de la bio-diversité et d’une bonne infiltration des eaux de pluie. Bénéfique aux élevages, à l’économie des exploitations agricoles, à l’environnement, on en vient à se demander pourquoi elle perd du terrain ?

Les mauvais choix perdurent à Paris, à Bruxelles. Les funestes conseillers d’un certain syndicalisme agricole se sont engouffrés dans une brèche administrative pour encourager des exploitants à « retourner leurs prairies pendant qu’il en est temps » avant la date d’échéance de références prévues pour les protéger…

Produire toujours plus pour profiter de la hausse des cours des céréales… et encourager la spéculation plutôt que de nourrir les hommes.

Les conséquences de la flambée des prix alimentaires sont là : selon la banque mondiale, 44 millions de personnes sont tombées en 6 mois sous le seuil de l’extrême pauvreté. Plus d’un milliard souffrent de la faim. Les éleveurs, eux, subissent l’augmentation de leurs charges quand les prix stagnent, ou baissent.

Les agriculteurs qui parient sur des pratiques qui ont du sens doivent être soutenus.

La Région et les Départements, services et élus, sont ainsi mobilisés pour lancer à la rentrée 2011 le programme “agriculture & nutrition“ : l’approvisionnement en produits locaux de qualité des cantines des collèges et lycées, dans 4 familles de produits : le pain, la viande, les produits laitiers, les fruits et légumes.
Après les “Bons repas de l’agriculture durable“ (200.000 repas annuels), l’heure est, à terme, de servir 14 millions de repas régionaux bio et qualité dans tous les établissements.
L’agriculture bio ? Bien sûr ! L’agriculture durable : toutes les exploitations sont déjà engagées ou le seront demain, à fournir des produits de qualité, à réduire l’utilisation des phytosanitaires et des intrants, à garantir un bétail nourri «sans OGM»… à accueillir à la ferme le temps d’une visite, les jeunes et leurs professeurs. Ce sont quatre ambitions en une : nutritionnelle avec de bons produits dans les assiettes, environnementale par des pratiques agricoles durables, sociétale via le lien entre les Haut-Normands et leurs agriculteurs, et économique : des débouchés nouveaux, la fixation de la valeur ajoutée à notre territoire et à ses entreprises (collecte, transformation, conditionnement, distribution). Bref, une étape pour une agriculture relocalisée. La démarche est concertée avec les filières, progressive, inclusive.

Cela suffira-t-il à changer la donne ? L’essentiel va continuer à se jouer ailleurs. Dans les choix du gouvernement et du ministre, dans la réforme de la PAC pour l’après-2013. Ce n’est pas une raison pour rester les bras croisés, même si notre ministre de l’agriculture semble, lui, les baisser.
Je l’ai ainsi entendu mercredi à la radio déclarer que les « efforts » entrepris par son ministère pour faire évoluer les pratiques agricoles (moins de pesticides, moins de nitrates) étaient… si fragiles, qu’ils étaient « fichus par terre » par la seule campagne d’affichage un peu provocante d’une fédération d’associations environnementales ?
La demande sociale du monde agricole est, comme celle des consommateurs, très forte. Un minimum de lucidité et un maximum d’engagement sont requis pour convaincre que nous avons tous à gagner à choisir le chemin de la mutation.

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