Visite de prestige ce samedi 4 octobre 2014 en Normandie, pour commémorer le 100ème anniversaire de l’accueil du gouvernement belge en exil à Sainte Adresse près du Havre au début de la Première Guerre mondiale.
http://www.ouest-france.fr/le-havre-la-normandie-capitale-de-belgique-entre-1914-et-1918-2876134
Le Havre. La Normandie capitale de Belgique entre 1914 et 1918
Le roi Philippe de Belgique était à Sainte-Adresse près du Havre, là où il y a cent ans, le gouvernement belge en exil s’était installé.
Foule enthousiaste, drapeaux belges aux fenêtres: le roi Philippe a rendu samedi une visite très attendue à Sainte-Adresse (Seine-Maritime), dans les hauteurs du Havre, où le gouvernement belge en exil s’était installé il y a cent ans, pendant la guerre de 14-18.
Le souverain, accompagné du ministre socialiste des entreprises, de la coopération et du développement Jean-Pascal Labille, et accueilli par le secrétaire d’Etat français aux Anciens combattants Kader Arif, a passé quelques heures dans cette petite station balnéaire normande qui cultive le souvenir de la présence belge sur son territoire.
La commune de Sainte-Adresse, lieu d’exil pour le gouvernement belge
Cette visite officielle, à l’invitation de la ville de Sainte-Adresse, et rentrant dans le cadre des commémorations du centenaire du premier conflit mondial, a permis au souverain belge de s’échapper un court moment du tumulte politique belge alors que se profile la formation d’un nouveau gouvernement.Arrivé à l’aéroport du Havre, le septième roi des Belges, monté sur le trône l’an dernier, a fait son entrée dans une ville pavoisée aux couleurs de son pays.D’abord accueilli à la mairie par le maire centriste Hubert Dejean de La Bâtie, où il a signé le livre d’or et dévoilé une plaque marquant son passage, le souverain s’est ensuite rendu devant les deux lieux de mémoire locaux les plus emblématiques des liens d’amitié franco-belge.
« Les Belges, un peu résistant et respecté »
Il a ainsi assisté à une cérémonie militaire devant la statue monumentale en bronze d’Albert-1er. Surnommé le « roi-chevalier », ce troisième souverain belge, décédé en 1934, avait dirigé la résistance belge face à l’invasion de l’armée allemande, en août 1914, qui avait violé la neutralité du petit royaume. « La détermination et la foi en l’avenir » d’Albert 1er « ont fait des Belges un peuple résistant et respecté », a déclaré M. Arif. « S’il y a eu quelques souvenirs heureux de cette guerre, Sainte-Adresse en fait partie », a répondu le ministre belge, remplaçant à la dernière minute le vice-premier ministre et ministre de la Défense Pieter De Crem, resté à Bruxelles pour cause de changement de gouvernement.
Ballade dans le « Nice havrais »
Lors de cette cérémonie le souverain a fait quelques entorses au très strict protocole militaire, en allant saluer des jeunes lycéens de classes européennes et des anciens combattants très émus de La Panne, ville belge où s’était réfugié Albert 1er pendant le conflit et aujourd’hui jumelée avec Sainte-Adresse. Puis le roi Philippe a dévoilé, non loin de là, mais sur le territoire du Havre, une plaque sur le monument de la Reconnaissance belge, offert par la Belgique à la France en 1924.Le souverain a enfin visité une exposition de photos d’époque montrant la vie quotidienne des autorités belges à Sainte-Adresse, plus particulièrement dans le quartier huppé appelé le « Nice havrais », avant d’assister après le déjeuner à un show aérien de la patrouille de France.
Un millier de voyageurs belges ont séjourné à Sainte-Adresse
Ne pouvant plus rester en Belgique, occupée par les Allemands, à l’exception d’une petite frange de territoire à l’Ouest, entre la mer et l’Yser, le gouvernement de Charles de Broqueville avait débarqué au Havre le 13 octobre 1914. Plus de 1.000 voyageurs épuisés, ministres, fonctionnaires, diplomates accrédités à Bruxelles, et leurs familles, avaient pris possession des hôtels, immeubles et villas de la station balnéaire, complètement désertée pendant l’automne. D’autres personnels, enseignants, postiers, ouvriers de l’armement, infirmières, entre autres, arriveront par la suite pour permettre à la nouvelle « capitale » en exil de fonctionner normalement. Charles de Broqueville faisait en permanence la navette entre Sainte-Adresse et La Panne pour voir Albert 1er. Si cet épisode français de l’histoire belge était encore largement ignoré dans le royaume, les choses sont en train de changer, selon l’ambassadeur de Belgique en France Patrick Vercauteren. Les médias belges étaient d’ailleurs venus en nombre, dont la RTBF, RTL TVI et VTM, ces chaînes ayant des programmes très regardés consacrés à la famile royale. « C’est très rare que le roi vienne en visite officielle en province française, mais il y vient souvent en visite privée ».