Qu’ils
RIEN NE CHANGE,AFFICHE DES ANNEES 50.
LES PATRONS AINSI QUE LES GOUVERNEMENTS VEULENT FAIRE LA PEAU A NOTRE PROTECTION SOCIALE. LAISSONS FAIRE ILS ONT BIENTÔT REUSSI
Qu'ils mangent de la brioche…
À l’heure où quelques cas de grippe A commencent à émouvoir le pays, un autre mal fait déjà des ravages. Le syndrome Marie-Antoinette n’a jamais été aussi virulent. Sommités de l’État, experts de tout poil, grand patronat, peu de secteurs sont épargnés.
Dernier porteur à avoir été dépisté, au dernier étage de l’hôtel des ministères des Finances de Bercy, à Paris, le ministre du Budget soi-même. On ne va quand même pas, a-t-il lancé, « monter sur ses grands chevaux en appelant au drame absolu » parce que le gouvernement envisage d’augmenter le forfait hospitalier de quelques euros. C’est fou comme, chez ces gens-là, Monsieur, l’apparence du bon sens finit par relever de l’abus de brioche. Et puis, ajoutait-il en substance, vu le nombre de malades exonérés de la chose.
C’est vrai. Les femmes enceintes, leurs bébés – dans les trente jours suivant leur naissance -, les handicapés hébergés en établissement spécialisé et les titulaires de la CMU comptent parmi les heureux élus exonérés de la taxe sur l’hôpital. Encore heureux. S’il est certain que M. Woerth ne figure pas parmi ces derniers, il ne compte pas non plus au nombre des quelque cinq millions de Françaises et de Français qui n’ont pas les moyens de se payer une mutuelle complémentaire qui toutes d’ailleurs ne compensent pas ce qui, pour une fois, porte vraiment bien son nom, le forfait. Pas plus qu’il ne doit figurer dans la liste de la moitié des salariés de ce pays payés en dessous de 1 350 euros. Tous ceux-là sont bien plus nombreux que les 3 000 évadés fiscaux à qui le ministre du Budget donne gentiment jusqu’à la fin de l’année pour faire un geste. À votre bon coeur Messieurs, Dames.
Déremboursement de médicaments, dont l’aspirine ou le paracétamol – pourtant efficaces paraît-il en ces temps grippés, franchise sur les médicaments remboursés, franchise sur les visites médicales. Un euro par-ci, deux euros par-là. Tant pis pour les malades atteints de pathologies chroniques. Et toujours : malheur aux pauvres. « On ne va quand même pas monter sur ses grands chevaux. » Eh bien si, on monte. Parce que les mêmes savent racketter les malades au nom du sempiternel sauvetage de la Sécu. Dans les faits, ils en organisent le méthodique dépècement, tandis qu’avec la loi Bachelot, ils soumettent l’hôpital à la logique de la rentabilité privée. L’industrie pharmaceutique, les assurances privées et les fonds de pension y poussent. Le gouvernement n’a rien à leur refuser. Entre soi, pourquoi se gêner.
10 milliards de déficit en vue cette année, 15 l’an prochain ? Ah ! La froide réalité des chiffres. Ce serait la catastrophe pour un État capable d’offrir une vingtaine de milliards d’euros aux banques plus 360 autres milliards en garanties ? Par contre, silence radio sur les 30 milliards annuels d’exonérations des entreprises et des revenus financiers qui manquent dans les caisses de la protection sociale, dont 3 rien qu’au titre des stock-options, selon un rapport officiel de la Cour des comptes. Pourquoi ne pas taxer ces revenus stériles ou, comme le propose, en particulier la CGT, favoriser les entreprises qui créent de l’emploi au détriment de celles qui le sacrifient au lieu d’exonérer à tout-va ? On ne fera pas cavalier seul avec ces idées-là. On se hâtera même, de les rendre encore plus populaires.