Des économies sur le dos des malades du cancer

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Au bout de cinq ans, les victimes du cancer seraient exclues du remboursement des soins à 100 %. 
Des économies sur le dos des malades du cancer Au bout de cinq ans, les victimes du cancer seraient exclues du remboursement des soins à 100 %. Lançant le deuxième plan cancer, lundi, le chef de l’État a eu de fortes paroles, dénonçant les inégalités sociales qui font qu’entre trente et soixante-cinq ans, un ouvrier a un risque deux fois plus élevé qu’un cadre de mourir de cette maladie.

Quelques belles intentions aussi, en matière de recherche notamment. Mais aussi de « gros oublis », comme la question des cancers professionnels‚ qui aurait, il est vrai, impliqué d’épingler la responsabilité des employeurs…
Et puis, un gros couac. Nicolas Sarkozy a en effet apporté son appui à une mesure inscrite dans le projet de budget (PLFSS) 2010 de la Sécu et très controversée. Selon l’article 29 du PLFSS, au motif que plus de 60% des cancers sont curables et que de nombreux malades peuvent être déclarés guéris au bout de cinq ans, les victimes de cette pathologie, qui bénéficient du régime des ALD (affections de longue durée) garantissant une prise en charge des soins à 100 %, en seront désormais systématiquement sortis au bout de cinq ans. L’ALD, précise le texte, sera renouvelé, au-delà de cette période, « il y a nécessité de poursuite d’une thérapeutique lourde ou de prise en charge de séquelles liées à la maladie ou au traitement ».
Encore heureux… Mais, en dehors de ces cas, le malade dit guéri ne bénéficiera du remboursement à 100% que sur les examens nécessaires au suivi. Une étrange manière de se préoccuper de « la vie après le cancer », comme feignait de le faire Nicolas Sarkozy dans son discours, lundi.

On risque alors de dépister trop tard une éventuelle récidive

En effet, « beaucoup des cancers nécessitant un suivi très prolongé risquent d’échapper à celui-ci et au dépistage précoce des récidives en raison de cette sortie d’ALD qui ne signifie pas toujours guérison », alerte Michèle Delaunay, députée socialiste et cancérologue. Et de mettre en garde‚ « un patient dont on interrompt la prise en charge et qui s’entend déclaré guéri est logiquement incité à cesser le suivi, qui reste dans bien des cas nécessaire. On risque alors de dépister trop tard une éventuelle récidive ». Pour la médecin et parlementaire, « seul un médecin connaissant parfaitement le type de cancer, les critères pronostiques initiaux à l’intérieur de ce type, peut décider ou non du bien-fondé de la sortie du cadre des ALD. La loi ne peut en aucun cas se substituer au médecin et rendre uniforme ce qui est obligatoirement individuel, précisément adapté à chaque cas ». Le risque est donc gros, cette mesure va clairement à l’encontre du souci affiché d’intensifier le dépistage, et pourtant, le chef de l’État la juge « intéressante ».
Un qualificatif à prendre sans doute au premier degré : en restreignant ainsi le bénéfice du « 100% », le gouvernement poursuit bien sûr son objectif d’ « économies » pour la Sécu. Á tout prix, y compris celui d’une lutte cohérente contre le cancer.

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