saint michel
Grand-Angoulême
LE PATRON DES PAPETERIES DE RETOUR AU TRIBUNAL
16.09.2010
Une semaine après un premier rendez-vous, une bonne partie des 88 salariés des Papeteries de Saint-Michel sera à nouveau devant le palais de justice ce matin à partir de 9h, pour attendre la décision du tribunal de commerce. «On arrête les machines et nous serons encore présents», confirme Jean-Luc Faucher, responsable CGT et président du comité d'entreprise, alors que son PDG a mis cette semaine l'usine en cessation de paiement, tout comme celle de Magnac (92 salariés). «Les papeteries de Saint-Michel seront mises en redressement judiciaire, tandis que celles de Veuze seront liquidées», prédit sans grande surprise Jean-Luc Faucher.
Le tribunal de commerce devrait dévoiler à cette occasion l'ampleur des pertes des deux sites qui s'étaient mariés l'an dernier, suite à la vente par le groupe Otor de l'usine de Saint-Michel à Alain Dubois.
Dépôt de bilan général L'avenir des deux entreprises en cessation de paiements se joue demain au tribunal de commerce
En attendant toute décision de justice, l'activité se poursuit sur les deux sites.
Depuis jeudi dernier, le sort des papeteries de Veuze et Saint-Michel est suspendu aux décisions du tribunal de commerce d'Angoulême qui statuera demain matin. Si les deux entreprises sont désormais en cessation de paiements, leur sort ne semble pas le même. « Sud Ouest » fait le point sur les enjeux et sur les actions de ces derniers jours. 1 Où en est la papeterie de Saint-Michel ?
Lundi, le tribunal de commerce d'Angoulême devait statuer sur le son sort et celui de ses 88 salariés. Mais lundi matin, Alain Dubois, le patron des deux papeteries, s'est rendu au greffe du tribunal de commerce pour déclarer que la papeterie de Saint-Michel était en cessation de paiements, situation dont tout le monde (avocat, salariés, procureur…) était convaincu, mais que le patron contestait jusque-là. Le tribunal n'a donc plus à faire la preuve de la cessation de paiement. Le délibéré a été repoussé à demain matin. « Ce changement d'avis et cette mise en règle soudaine par Alain Dubois nous inquiètent. C'est comme s'il complotait un éventuel projet de reprise », estime Jean-Luc Faucher, le représentant CGT de la papeterie de Saint-Michel.
2 Et celle de Veuze et ses 92 salariés ? Depuis hier matin, l'entreprise de Magnac est, elle aussi, officiellement en cessation de paiements. C'est Étienne Dubois, le dirigeant du site, qui l'a annoncé dans l'après-midi au comité d'entreprise. Les salariés s'y attendaient. Il y a fort à parier que le tribunal de commerce prononce donc la liquidation judiciaire. En effet, l'entreprise sous plan de continuation depuis 2006 devait respecter deux obligations pour ne pas être liquidée : payer les échéances de la dette et… ne pas être en cessation de paiements.
3 Quelles sont les nouvelles échéances ? Demain, les parties des papeteries de Veuze sont convoquées à 9 h 30, celles de Saint-Michel à 10 heures. Les syndicats n'appellent pas à la mobilisation. « Nous ne voulons qu'une seule chose : travailler », clament-ils.
Les machines ne seront donc pas arrêtées et les commandes honorées. Il est fort probable que le tribunal place la papeterie de Saint-Michel en redressement judiciaire avec une période d'observation de six mois renouvelables. Il se peut aussi qu'il accède à la demande de l'avocat et du procureur Nicolas Jacquet concernant la nomination d'un administrateur qui se substituerait à la direction.
L'avenir est plus sombre du côté de Veuze. La liquidation judiciaire des papeteries de Veuze pourrait être assortie d'une « poursuite d'activité pendant trois mois renouvelables afin de permettre la réalisation des actifs et d'envisager une reprise partielle du travail », selon le procureur. 4 Quelle est la situation financière ?
Beaucoup de rumeurs circulent à propos du passif des entreprises. Ce dernier sera réellement connu demain matin lors des audiences. 5 Que s'est-il passé ces derniers jours ?
Il y a d'abord eu les cessations de paiements reconnues par Alain Dubois. Puis, la venue d'huissiers sur les sites afin de mettre sous scellés les matières premières d'un fournisseur inquiet. Le président du tribunal de commerce a dû intervenir pour que les employés puissent continuer à travailler.
Les agences d'intérim ont également manifesté leur crainte en n'envoyant plus aucun des huit intérimaires sur le site de Magnac. Une agence a également cessé de travailler avec Saint-Michel. Les équipes sur le terrain rappellent donc les gens en congés pour maintenir le niveau d'activité.
Les salariés de Saint-Michel ont également eu la désagréable surprise de voir que leur direction et la compatibilité avaient déménagé sur le site de Magnac. « Nous sommes livrés à nous-mêmes », déplore Jean-Luc Faucher. Soutenus par les politiques et les services de l'État, les papetiers ont été reçus par la direction du travail afin de les renseigner sur les aides d'accompagnement. Enfin, les comités d'entreprise des deux papeteries se sont réunis hier après-midi afin de nommer les représentants qui iront au tribunal demain.
Journal La Charente Libre : Lundi 13 Septembre 2010 PAPETERIES: LES HUISSIERS IMMOBILISENT LES MATIÈRES PREMIÈRES Le tribunal de commerce d’Angoulême a déclaré ce matin que les papeteries de Saint-Michel (88 emplois) étaient en cessation de paiements. Jeudi matin, l’entreprise rachetée par Alain Dubois pour deux euros en juillet 2009, devrait être mise en redressement judiciaire avec poursuite d’activité. Dans le même temps, les Papeteries de Veuze à Magnac (92 emplois), recevaient en début d’après-midi la visite des huissiers. L’entreprise familiale d’Alain Dubois est, elle, en redressement judiciaire depuis 2005, et la situation s’est aggravée ces derniers mois, au point qu’une liquidation pourrait être prononcée jeudi matin, également au tribunal de commerce.«Les huissiers ont immobilisé 175 tonnes de papier en début d’après-midi, explique Claude Decoux, délégué du personnel à Magnac. Cela risque de nous empêcher de travailler à partir de jeudi faute de matières premières». La cause de cette immobilisation est certainement due à une requête de créanciers de Veuze qui n’ont pas été payés ces derniers mois. Cette opération des huissiers doit également se produire dans quelques minutes aux Papeteries de Saint-Michel. «On nous a expliqués qu’ils doivent arriver vers 17h. L’ambiance est très tendue», explique de son côté Jean-Luc Faucher, responsable CGT aux papeteries. Journal La Charente Libre : Mardi 14 Septembre 2010 JOURNÉE DE «PANIQUE» AUX PAPETERIES
Le directeur a déposé le bilan des Papeteries de Saint-Michel hier matin. À Magnac, une partie des matières premières a été mise sous scellés par les huissiers. L'avenir des sites se décide jeudi. 14.09.2010 Maurice BONTINCK | m.bontinck@charentelibre.fr C'est un peu la panique partout…» pour Claude Decoux, le représentant CGT des Papeteries de Veuze. Rien qu'hier les événements se sont enchaînés à la mesure d'une situation financière «extrêmement compliquée» dixit le procureur de la République Nicolas Jacquet. En une journée, et malgré «l'énorme mobilisation des pouvoirs publics», l'avenir des sites de Magnac (92 emplois) et Saint-Michel (88 emplois) s'est encore un peu plus assombri. Avec d'abord la cessation de paiements de Saint-Michel, annoncée le matin par le tribunal de commerce. 175 tonnes de matières premières sous scellés Mais la journée «de panique» ne faisait que commencer. Quelques dizaines de minutes plus tard, le principal fournisseur de matières premières des deux entreprises, Paprec, veut arrêter les frais. La procédure judiciaire qu'il a lancée aboutit à l'envoi d'huissiers pour mettre sous scellés 175 tonnes de matières, aux Papeteries de Veuze. «On n'a plus beaucoup de stocks et on ne sait pas si on pourra travailler jusqu'à jeudi», s'alarme Claude Decoux, alors qu'un comité d'entreprise a été avancé à cet après-midi pour évoquer la situation. Apprenant la nouvelle, le président du tribunal de commerce empêche que les huissiers ne fassent de même à Saint-Michel. «C'est un fournisseur qui a pris peur, j'ai eu leur avocat en leur expliquant que ce n'est pas comme ça qu'ils pouvaient espérer récupérer leur argent», confirme le président Jacky Bouchaud. La direction déménage de Saint-Michel Mais cette petite victoire est une victoire à la Pyrrhus pour les anciens d'Otor. Le groupe qui a revendu l'an dernier et pour deux euros l'entreprise à Alain Dubois et aux Papeteries de Veuze, pourtant en redressement judiciaire depuis 2005, est encore le principal client de son ex-usine. «On peut dire qu'ils nous ont lâchés, explique Jean-Marc Chêne, le responsable de production, employé depuis 1982. Ce matin, on a chargé nos camions pour livrer comme d'habitude l'usine Otor de Cognac. Mais cette fois, ils ne nous ont pas rechargés en matière première. “Ordre de la direction'“, nous ont-ils dit. On a appelé le siège, ils sont tous aux abonnés absents». Juste avant 18h, alors que Saint-Michel continue de tourner, l'agence d'intérim appelle l'encadrement pour annoncer que ses intérimaires ne viendront pas travailler ce matin. «On veut nous isoler, on a l'impression que tout est fait pour que la production s'arrête», s'emporte un salarié. Jeudi dernier, le jour même du premier passage devant le tribunal de commerce des Papeteries de Saint-Michel, la direction de l'entreprise déménageait ses bureaux à Magnac, suivant «l'exemple» de la comptabilité, quelques jours plus tôt. «Ils ont fait ça discrètement, à des horaires de débauche : vous vous rendez compte, notre propre direction n'est même pas sur le site», s'insurge un agent de maîtrise depuis 27 ans dans l'entreprise, tout en reconnaissant que son patron, Alain Dubois n'est pas le bienvenu. Le cadre devrait pourtant le revoir très bientôt, dès jeudi, où les deux entreprises sont de nouveaux appelés devant le tribunal de commerce. Sans grand suspense, le tribunal devrait prononcer la mise en redressement judiciaire des Papeteries de Saint-Michel, tandis que du côté de Magnac, la liquidation ne fait guère de doute. «Mais avec poursuite d'activités pendant trois mois, renouvelables, comme la loi l'autorise», rappelle Jacky Bouchaud. Même si le président du tribunal de commerce brandit un «joker» quand il faut évoquer l'achat par Alain Dubois des Papeteries de Saint-Michel l'an dernier, il précise cependant que «les solutions d'un jour sont les problèmes de demain». Ce qui ne l'empêche pas d'être optimiste sur l'avenir. «L'année 2009 a été catastrophique pour toute la filière papetière, mais les prix repartent à la hausse et nous, nous nous battons tous, les pouvoirs publics, pour sauver ces emplois.» Ce que confirment les salariés de Saint-Michel: «Les gars sont tous au travail, ils sont tous motivés, le carnet de commandes est plein… Si on n'honore plus les commandes, ce sera indépendant de notre volonté.»