Veuze et Saint-Michel: les salariés des Papeteries au bout du rouleau
Open Gate et Thiollet, les deux repreneurs potentiels respectifs des Papeteries de Veuze et Saint-Michel, doivent faire une offre avant le 15 mars, date de leur examen par le tribunal de commerce. Les salariés, eux, sont épuisés.
Les délégués CGT des Papeteries de Veuze et Saint-Michel ont fait le point hier sur la situation et le moral des salariés. Photo C.A.Le soulagement, malgré l'inquiétude. Si les salariés des Papeteries de Veuze et Saint-Michel ont appris quelque chose ces derniers mois, c'est bien à n'être sûrs de rien et à gérer des revirements de situation permanents. Alors que vendredi, tout laissait penser que l'entreprise de Magnac, 91 emplois, pourrait voir son activité prolongée de trois mois, le tribunal de commerce en a finalement décidé autrement hier matin.
Open Gate, le fonds d'investissement américain qui s'est manifesté pour reprendre le site de Veuze, comme le cartonnier cognaçais Thiollet intéressé par celui de Saint-Michel, devront déposer leur offre de rachat avant le 15 mars, date de leur examen par le tribunal de commerce.
Sachant que les deux papeteries ne sont pas dans la même situation: la première est arrivée au bout du processus légal de six mois de liquidation judiciaire, la seconde, qui compte 89 emplois dont 10 CDD, vient juste d'y entrer après une période de redressement. Si l'offre de Thiollet n'est pas validée par le tribunal le 15 mars, le site de Saint-Michel pourra tout de même poursuivre son activité jusqu'au 16 avril, laissant le temps à un éventuel autre repreneur de se faire connaître.
Pour Veuze, en revanche, tout s'accélère. «Open Gate s'est engagé à déposer une offre le 11 mars», précise Jacky Bouchaud, le président du tribunal de commerce. Un temps très court, alors que Norampac, la papeterie du Nord-Pas-de-Calais rachetée très récemment par Open Gate, doit venir sur place au début de la semaine prochaine pour réaliser un audit. Un calendrier resserré qui, finalement, soulage les salariés.
«Trois mois de prolongation supplémentaires auraient été vraiment éprouvants», confie Philippe Lalue, délégué CFDT. C'est là-dessus que Jacques Laurent, le représentant CGT du personnel auprès du tribunal, a voulu insister hier. «Les collègues sont abattus, dans un état de fatigue extrême avec des dates butoir qui se déplacent de semaine en semaine. Dans le contexte actuel, avec des machines fatiguées qui n'ont pas été entretenues comme il aurait fallu, il y a un risque pour leur sécurité.»
Au point que le représentant CGT a demandé une réunion extraordinaire du Comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail aujourd'hui. «Tout accident dans une industrie lourde comme la nôtre peut être très grave. On veut zéro accident. Ce serait bête à quinze jours…»
Des salariés fatigués, il y en a aussi à Saint-Michel. «Le yo-yo, les incertitudes, c'est dur, fait valoir Christian Ménard, le délégué CGT. Et puis le mot liquidation fait peur.» C'est une trésorerie en négatif qui a motivé la liquidation judiciaire. «On peut payer les salaires, mais pas les charges, poursuit Christian Ménard, qui veut garder un peu d'optimisme. Thiollet, c'est une branche à laquelle on va essayer de se raccrocher. On préfère ça qu'un fonds de pension.»
Le délégué veut croire à une stratégie industrielle de la cartonnerie cognaçaise. «Avec 32 salariés, ils font de la récupération de papier et du carton. On peut faire de l'intégration pour avoir une filière complète. Mais tout aujourd'hui est au conditionnel.»