Au prétexte de réduire les déficits publics se prépare un véritable coup de force.
Personne ne souhaite que le budget national, celui de la sécurité sociale, de sa région ou de sa commune soit en déficit. Personne ne se satisfait d’un endettement insupportable.
Encore faudrait-il s’expliquer exactement sur les causes de ces déficits et dettes. Sont-elles dues à des dépenses sociales et publiques excessives ? Certainement pas ! Année après année, celles-ci reculent. La cause des déficits n’est pas un excès de dépenses pour le bien commun et la solidarité, mais un manque de recettes. Et ce manque de recettes est le résultat des cadeaux fiscaux et sociaux offerts aux plus fortunés, aux détenteurs de capitaux et aux grandes entreprises.
Quelques exemples édifiants : de la taxe professionnelle (8,9 milliards en 2010, 7,5 milliards prévus en 2011), aux multiples dérogations de l’impôt sur les sociétés (le régime des sociétés (sociétés mères, filiales), 34,9 milliards en 2009 ; le régime de l’intégration fiscale pour les groupes, 19,5 milliards en 2008 ; la taxation au taux réduit des plus-values à long terme provenant de cessions de titres de participation, évalué à 6 milliards en 2009 ; jusqu’au bouclier fiscal (458 millions en 2008, 679 millions en 2009, près de 700 millions en 2010) et la réduction de l’ISF. La liste est longue des cadeaux faits au capital (le Conseil des prélèvements obligatoires estime un manque à gagner de 172 milliards d’euros en 2010 pour les finances publiques au titre des exonérations de charge fiscales et sociales). A cela il faut ajouter les réductions des cotisations sociales des grandes entreprises comme les exemptions en matière d’épargne salariale (participation et intéressement principalement), dont le coût pour l’ensemble des finances sociales est chiffré à 9 milliards d’euros. Ou encore l’exemption de la contribution des employeurs à la prévoyance (4,5 milliards), qui se cumule avec d’autres avantages fiscaux et sociaux pour un coût total de 7,5 milliards.
A ceci il faut ajouter ce que l’on appelle le « service de la dette ». C’est-à-dire les intérêts que paie l’État aux banques, qui s’élèvent à 50 milliards d’euros. Autrement dit, les banques s’enrichissent de la dette publique que paient les contribuables.
Une véritable expertise contradictoire et un débat public devraient se tenir sur les causes des déficits et de la dette. Or, le pouvoir de droite et les institutions européennes ont décidé de se servir de cette situation, qu’ils ont créée, pour imposer dans toute l’Union européenne des purges sociales inconnues depuis la seconde guerre mondiale.
Pire, la Commission de Bruxelles veut décider a priori de la nature des budgets nationaux avant et à la place des Parlements nationaux. Et voilà que le gouvernement obtempère, le doigt sur la couture du pantalon, en tentant d’inscrire dans la Constitution un dispositif visant à interdire le déficit public, au-delà de ce qu’autorisent les traités de Maastricht et de Lisbonne.
Cela se fait dans un incroyable silence ! Aucun sujet à la radio et à la télévision sur ce véritable coup de force contre les droits sociaux des peuples et contre leur droit à décider. Ceci s’inscrit dans une opération plus vaste encore : celle du projet dit du « Pacte pour l’euro plus » qui a pour objectif d’imposer pour longtemps l’austérité aux peuples, alors que les banques et les institutions financières se gaveraient sur le dos des travailleurs et des retraités.
Ce pacte diabolique pour l’argent prévoit en effet, noir sur blanc, d’abaisser les salaires, de retarder encore l’âge donnant droit à la retraite et surtout de la privatiser en détruisant le système de retraite par répartition pour des systèmes tenus par les fonds de pension et compagnies d’assurance.
Et ce pacte impose aux États de réduire plus vite les dépenses sociales et publiques. Ceci veut dire qu’il y aura encore moins de facteurs, d’infirmiers, d’instituteurs et de professeurs, moins de conducteurs de train. Ce pacte ouvre la voie à une Europe supranationale où les décisions se prennent encore plus en dehors et contre les populations.
Ensemble, il faut briser le mur du silence sur le coup de force en cours. Des peuples se libèrent en ce moment de dictatures. Ce n’est pas ici qu’il faut laisser imposer les dictatures des rapaces des marchés financiers.