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imagescazcfrvt.jpgPapier : M-Real menace de fermer sa grande usine française

Le groupe finlandais n’a jamais réussi à gagner d’argent avec l’usine qu’il a achetée il y a dix ans à Alizay, dans l’Eure. En plein recentrage sur le carton, il est prêt à fermer cette unité s’il ne trouve pas de repreneur d’ici à fin septembre.

Le compte à rebours est lancé pour la grande usine de papier pour photocopieurs située à Alizay, dans l’Eure. Son propriétaire, le papetier finlandais M-Real, a fixé hier un calendrier clair : s’il ne trouve pas un repreneur crédible d’ici à la fin septembre, il lancera alors le processus pour fermer cette usine, qui emploie encore 330 personnes. Le projet a été dévoilé simultanément hier au comité d’entreprise et aux investisseurs. Il s’intègre dans un plan plus global visant à recentrer M-Real sur le seul carton d’emballage. Le groupe envisage aussi de céder tout ou partie des usines de papier de Gohr-smühle et Düren en Allemagne.

La menace qui plane sur Alizay n’a rien de virtuel. Car des repreneurs, M-Real en cherche déjà de longue date. Plusieurs candidats ont visité les lieux ces derniers mois, mais rien n’a débouché. Jugeant l’affaire en piètre état, le français Arjowiggins (Sequana), notamment, n’a pas voulu s’engager. Il n’est donc pas sûr du tout que la mise en vente, désormais officielle, de cette unité capable de fabriquer 300.000 tonnes par an permette de trouver un acquéreur. Conjoncture très difficile

Ce serait alors le coup de grâce pour une usine qui souffre depuis des années. Le site d’Alizay avait été créé dans les années 1950, durant une vague d’industrialisation de la France. A l’époque, il s’agissait de produire de la pâte à papier pour rendre le pays moins dépendant des importations. Mais les usines de pâte tricolores ont toutes connu des déboires et il a alors été choisi, pour améliorer leur compétitivité, de jouer la carte de l’intégration verticale.

Une usine de papier a donc été installée à Alizay, pour transformer sur place la pâte en produit fini. Cette stratégie n’a pas porté les fruits attendus. « Depuis que M-Real a acheté l’usine en 2000, elle n’a jamais gagné d’argent », constate Denis Beauséjour, le directeur du site. La faute, selon lui, à une conjoncture très difficile pour le papier en Europe : « Des unités ont déjà été fermées, mais pas assez pour compenser la baisse de la demande, dit-il. Le marché reste surcapacitaire. » M-Real, qui n’en détient que 8 %, loin derrière Portucel ou Stora Enso, est particulièrement à la peine.

Plans sociaux en série

A Alizay, le groupe a pourtant multiplié les mesures d’économies. « Depuis cinq ans, on va de plan social en plan social », relate, amer, Thierry Philippot, secrétaire CGT du comité d’entreprise. La dernière décision a consisté à fermer il y a un peu plus d’un an l’unité de pâte initiale, jugée définitivement non rentable.

« Cela a été une aberration, juge Thierry Philippot. Depuis, les cours de la pâte ont grimpé de 70 % et nous sommes obligés d’en importer à prix d’or d’Amérique du Sud ou du Canada. Si on avait gardé l’unité de pâte, on serait rentables ! Ces dernières années, M-Real a surtout fait la preuve de son incapacité à avoir une vision stratégique et à bien gérer ses sites. » De fait, le groupe ne cesse de réduire la voilure depuis des années : en une décennie, son effectif global est passé de 22.000 à 4.500 personnes.

Aux yeux des syndicats, la disparition d’Alizay n’est cependant pas écrite. « Fermer nécessiterait de dépolluer ce site chimique et de financer un plan social pour plus de 300 personnes, relève Thierry Philippot. Il y en a pour 150 millions d’euros au bas mot. Avec cet argent, il y aurait moyen d’investir pour rentabiliser le site. »

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