Voyage au bout du déni (suite)

Dimanche 26 juin 2011, à Bihorel, 1811 personnes ont voté contre la délibération proposée par l’équipe municipale de Pascal Houbron. Pour mémoire, cette équipe fut élue en 2008 avec un total de 1 853 voix au second tour (1 697 au premier). La consultation d’hier à donc une valeur incontestable. Elle indique clairement que 66 % des votants ont dit Non à la délibération sur la création d’une commune nouvelle. Non à la fusion. À Bihorel, seules 915 personnes ont approuvé le projet.

À Bois-Guillaume, la participation a été plus faible avec 29 %, mais la réponse est aussi claire et cinglante : NON pour 60 % des suffrages exprimés. Cette victoire du NON n’est évidemment ni de droite ni de gauche. Elle est l’émanation du sentiment et de « l’intime conviction » des citoyens qui se sont exprimés.

De nombreuses élections sont validées en France avec un taux de participation nettement plus faible. 45 % de participation est un score  « honorable » pas de quoi crier au plébiscite, pas de quoi non plus contester la légitimité du résultat. Rappelons que le refus des deux maires d’organiser un référendum décisionnel a choqué et démotivé bien des électeurs. Rappelons que la semaine dernière il fallait être sourd pour ne pas entendre dans les rues que « voter NON ne servirait à rien puisque les choses sont jouées d’avance ». Rappelons que les documents légaux envoyés aux citoyens avant le suffrage n’ont pas été proposés et validés par les différents élus des oppositions. Quoi qu’il en soit, l’opposition se doit de partager cette victoire avec tous les gens qui y ont contribué toutes tendances politiques confondues. Hier, de nombreux électeurs « d’ Houbron 2008 » lui ont signifié qu’ils ne souhaitaient pas voir Bihorel devenir un quartier de Bois-Guillaume, cela n’indique en aucune manière qu’ils voteront pour les listes de gauche qui se présenteront en 2014.

Ce mépris du résultat des urnes est-il tenable ?

Comme nous l’annoncions (et le craignions), la réaction des maires n’a pas tardé. En deux commentaires tordus des chiffres et trois revers de la main, ils contestent et réfutent toutes légitimité à cette consultation et annoncent que lundi ils iront au bout du processus en soumettant la création d’une nouvelle commune au vote de leur conseils municipaux respectif. La palme à Houbron, bien entendu, qui, comme nous pouvions le craindre, a communiqué au public de l’hôtel de ville le pourcentage de « non » par rapport aux inscrits plutôt qu’aux exprimés.

Lundi 27 au matin, sur les ondes et dans la presse on pouvait entendre et lire des choses effroyables. Pour Gilbert Renard, ce vote fut « trop politique pour être pris en compte », pour Houbron les abstentionnistes approuvent de fait l’action de son équipe…

2 questions à Gilbert Renard :

1) N’auriez-vous pas mieux fait, pour éviter de nous enliser dans la politique, plutôt d’organiser dimanche l’élection de Miss Plateau Nord et ensuite demander à la reine de trancher sur la question de la Fusion ?

2) Depuis quand la politique (littéralement  « vie de la cité ») ne doit-elle plus entrer en ligne de compte dans … la vie de la cité ?

Aujourd’hui se pose donc la question de savoir si Bihorel et Bois-Guillaume sont bien encore des communes françaises ancrées ans la CREA, dans de la deuxième circonscription de Seine-Maritime, dans le département de la Seine-Maritime et dans la région Haute-Normandie.

Les dirigeants politiques responsables où élus de ces entités territoriales auront bien évidemment à ramener nos deux aventuriers à la raison, mais,  il semble aujourd’hui plus qu’évident que c’est particulièrement à l’UMP et au Nouveau Centre, partis politiques respectifs de messieurs Houbron et Renard de s’exprimer clairement sur cette situation inédite.

Le comble, dimanche soir, salle des mariages.

Lors d’une discussion informelle avec l’un des porte-parole de la majorité, M. Férès, qui s’occupe de l’association et du blog qui soutient l’action de Pascal Houbron, j’ai entendu de sa bouche une chose absolument extraordinaire. M. Férès expliquait à qui voulait l’entendre que  – tenez-vous bien –  « Si le maire avait organisé un référendum décisionnel, la participation du jour de 45% n’aurait pas été suffisante pour qu’il soit pris en compte ! » (NDLR : en effet, selon la loi, si un référendum ne réunit pas 50 % des inscrits, il n’est plus décisionnel et devient consultatif) et donc, le résultat de la consultation n’est pas plus « significatif » (sic)

Nous tenons à travers cette situation l’expression de toute la logique fallacieuse de cette équipe :

– Houbron et Renard ont refusé durant 6 mois d’organiser un référendum.

– à la place, ils ont organisé une consultation (où il n’y a pas de minimas de participation)

-pour commenter, interpréter et minimiser le résultat de cette consultation, ils se réfèrent aux règles du référendum qu’ils n’ont jamais eu le courage d’organiser !!!

Cette équipe vient d’inventer la mauvaise foi transitive, ou l’argument fallacieux en vases communicants !

Pour la petite histoire et la bonne bouche, il est tentant de supposer que si un référendum décisionnel avait été organisé, il aurait mobilité un peu plus d’électeurs et que le minimum de 50 % aurait été atteint ! Mais on ne peut qu’extrapoler et cela n’a pas valeur de démonstration, bien entendu, alors nous ne descendrons pas au niveau de M. Férès et nous en resterons à ces 66% avec 45 % de participation, un score honorable de second tour de cantonales.

Voilà, en tout cas, chers lecteurs, la manière dont cette équipe et ses amis traitent et manipulent les électeurs et les citoyens. Voilà pourquoi des gens de bonne volonté finissent pas baisser les bras et fuient la politique. Voilà pourquoi ma lettre d’information (NDLR : “Bihorel en question” newsletter régulière diffusée par l’auteur à qui le souhaite) continuera de paraître quand ça me chantera mais aussi pourquoi il est peu probable que je participe encore à un projet politique.

Cette attitude, mélange de cynisme et de mauvaise foi ne me surprend pas de Pascal Houbron, mais m’a bien déçu de la part de M. Férès, un homme qui a servi les Bihorellais durant plusieurs mandats sous l’autorité de maires avec qui je n’aurais sans doute pas été d’accord sur grand-chose, mais qui avaient au moins la classe et l’élégance de s’en tenir à la parole des urnes.

F. Duval

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