Le « poison » du déficit de la Sécu…

La Cour des comptes minimise l’impact des pertes de recettes liées au chômage.

La publication du rapport annuel de la Cour des comptes a été l’occasion, hier, d’une présentation dramatique de la situation des comptes de la Sécurité sociale. Avec un total de 29,8 milliards d’euros, le déficit a atteint en 2010 un niveau « historique », triplant de volume en deux ans. Simultanément, l’endettement de la Sécu a continué de gonfler, pour atteindre un total de 136,2 milliards. Un déficit et une dette qualifiés d’« anomalie » par le président de la Cour, Didier Migaud, jugeant la « pérennité de notre système de protection sociale » remise en cause. Nous serions atteints d’une « dépendance à la dette », « devenue en réalité le poison de la Sécurité sociale », et dont il n’y aurait rien de plus urgent que de « se désintoxiquer ». Et la Cour des comptes de recommander de « revenir à l’équilibre selon un calendrier rapproché », en préconisant avant tout d’« intensifier la maîtrise des dépenses sociales, notamment d’assurance maladie ». Le rapport cible les dépenses de médicaments, l’hôpital – en particulier les CHU –, les modalités de prise en charge des soins à 100 %…

Bien qu’estampillé du label d’une institution indépendante, le diagnostic prête à controverse. Didier Migaud met l’accent sur le « caractère structurel » du déficit, le qualifiant de « spécificité française » (en clair, la Sécu serait trop – ou mal – dépensière). « Moins de la moitié de celui du régime général » est imputable à la crise économique, selon la Cour, qui, même si elle rappelle que des marges de manœuvre peuvent être dégagées en agissant sur les « niches sociales » , minimise, de fait, la question clé des recettes. La Sécu est en déficit « à peu près chaque année depuis trente ans », pointe Didier Migaud. Soit… depuis l’entrée du pays dans le chômage de masse – rappelons que la création de 100 000 emplois représente environ 1,5 milliard d’euros de rentrées chaque année pour la Sécu. Soit, aussi, depuis que les salaires (dont la part socialisée des cotisations), pressurés, ont vu leur part dans la valeur ajoutée reculer de 10 points.

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