Bourgi/Wade : même pas mal…lette !

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Dans le monde merveilleux des commissions et rétro commissions,
notre légionnaire d’honneur Robert Bourgi se lance dans le rétro pédalage.
Wade ? Pas Wade ? Comme Chirac, Bourgi aurait-il lui aussi la mémoire
qui flanche ?

On ne sait pas si le sieur Bourgi est lui aussi victime d’anosognosie, mais
pas besoin d’être un neurologue confirmé (j’ai bien dit neurologue, pas
urologue, on ne parle pas de DSK) pour souffrir, disais-je avant d’être
interrompu par moi-même, de troubles de la mémoire. Ainsi, dernièrement, après
son numéro de lâcher de ballons, Robert Bourgi qui a balancé à tout va quelques
noms comme Chirac ou Villepin, aimablement surnommé Mamadou par lui-même et le
Cannibale de Lewaï (a.k.a. El Hadj Omar Bongo Ondimba) vient de se souvenir
que, non, tous comptes faits, finalement, en réfléchissant bien, le bon
Abdoulaye Wade, n’a pas participé à la chasse au trésor transcontinentale en
fournissant lui aussi gracieusement de belles mallettes garnies copieusement de
jolis billets de banque, tout neufs et bien craquants.

Le Sénégal et l’Elysée respirent. Surnommé Télé-Toukki-Touba, l’ancien
avocat n’a donc pas envoyé dans l’ancienne métropole de bagages à main ou de
djembés truffés aux devises. C’est donc tout à l’honneur de Robert Bourgi de
reconnaître ses erreurs, de revenir sur ses déclarations et de laver de tout
soupçon quelqu’un dont on connaît le travail quotidien contre la corruption ou
les abus de pouvoir et son goût pour l’art nord-coréen.

Mais revenons sur la marche arrière enclenchée par Bourgi. Ce connaisseur
des secrets de l’ombre a donc d’abord balancé, outre le duo Chirac-Villepin,
les généreux donateurs : Abdoulaye Wade, Blaise Compaoré, Laurent Gbagbo,
Denis Sassou Nguesso et Omar Bongo, comme l’a confirmé pour ce dernier l’ancien
premier ministre gabonais Jean Eyeghe Ndon.

Enfin, non, plus Wade. Le président sénégalais n’a donc pas participé à la
collecte destinée au duo qui lui a permis de percevoir la modique somme de 10
millions de dollars agrémenté de bibelots tels qu’un bâton de maréchal d’empire
de la part de Mobutu, des masques africains offerts par Bongo et Gbagbo, des
livres rares, des manuscrits de Napoléon non pas par Mobutu mais par feu Bongo,
une montre Piaget sertie de diamants encore par Bongo…

Malgré ces moult détails qui ont certainement servi à crédibiliser son acte
de balance, pardon de patriote et qui nous ont prouvé que la mémoire de
Monsieur Robert ne flanchait pas, comment interpréter ce rétro pédalage ?
Le vieux lion de la Terenga est-il un pingre invétéré ? Est-il dépositaire
de la moralisation de la vie politique et diplomatique ? Méprise-t-il
l’argent ? Ou bien a-t-il encore quelques prébendes, pourboires, ou
gratifications à verser au crédit de son cher ami Nicolas, lui qui pourrait
encore rendre service au locataire de l’Elysée avant une campagne
présidentielle qui s’annonce difficile pour l’homme qui prononça le discours de
Dakar ?

Mais si « l’homme africain » n’est pas assez entré dans
l’Histoire, l’homo françafricus qu’est Robert Bourgi, lui est renté dans les
histoires, celles de ces réseaux occultes (oui, oui, avec « te » au
bout) qui, nonobstant le charme pittoresque qui en émane, continue de plomber
une bonne partie d’un continent qui n’a pas besoin de ces bâtons dans les
roues. Oui je sais, c’est une métaphore car on sait maintenant grâce au
président Nicolas Ier que s’il n’est pas assez entré dans l’Histoire, l’homme
africain n’a pas non plus inventé la roue, l’eau tiède ou le fil à couper le
beurre.

De la guerre du Biafra aux diamants de Bokassa, de l’affaire Carrefour du
Développement à l’Angolagate, du dossier Elf au djembégate
« bourgiesque » sans oublier le génocide des Bamileke au Cameroun à
celui des Tutsi du Rwanda, l’histoire de la Françafrique est une longue
histoire pour laquelle on mettra encore quelques bonnes années à découvrir
toutes les péripéties qui ont été commises au nom du peuple français et au
détriment des peuples africains.

Le mot de la fin au président français lui-même qui déclara à propos de
Robert Bourgi en lui remettant sa légion d’honneur : « Je sais, cher
Robert, pouvoir continuer à compter sur ta participation à la politique
étrangère de la France, avec efficacité et discrétion.
 »

Surtout la discrétion…

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