Le repérage précoce des élèves en difficulté fait débat au conseil municipal du Havre du 17 octobre 2011

Faut-il
« dépister » nos enfants à 5 ans ?

L’évaluation en dernière année de maternelle (re)fait débat. Un document sera
proposé aux inspecteurs d’académie puis aux enseignants d’ici la fin de l’année.

De quoi s’agit-il ?  » Il n’est pas question de classer les élèves en maternelle
 » rappelle le ministre de l’Éducation nationale, Luc Chatel.  » Simplement, oui,
nous sommes engagés dans un travail de longue haleine de lutte contre l’échec
scolaire.
Il est donc important de repérer les élèves en difficulté dès le plus jeune
âge
et nous allons proposer à nos enseignants des outils supplémentaires
de repérage de ces élèves  » a-t-il reconnu en ajoutant qu’aucune décision finale
n’avait été encore prise.

De quel projet s’agit-il ?

Un document qui fait actuellement l’objet de  » discussions internes au sein
du ministère « , devrait être proposé aux inspecteurs d’académie puis aux enseignants
d’ici la fin de l’année, a ajouté le ministre. Cet  » outil de repérage  » qui
ne serait pas obligatoire, s’adresserait aux élèves de grande section maternelle
(de 5-6 ans). L’évaluation se déroulerait en trois
temps :
évaluation par les enseignants dès novembre « du comportement
à l’école, du langage, de la motricité et de la conscience phonologique « . En
fonction des résultats, le classement se ferait en trois catégories :  » RAS
 » (rien à signaler),  » risque  » et  » haut risque « .
Dans un second temps, les enfants en difficulté pourraient bénéficier d' » un
entraînement progressif  » conduit par les enseignants.
Enfin, en mai-juin, une évaluation serait proposée pour faire le point sur  »
la compréhension de consignes « ,  » la maîtrise du vocabulaire « ,  » la qualité
de la production orale « ,  » la connaissance des nombres « , et le respect des
 » règles de vie commune « .

Qu’en pensent nos élus Havrais ?

En séance du Conseil municipal du 17 octobre, le sujet a donné lieu à débats
dont voici quelques extraits.

Mme NAIL :  » le but de l’école maternelle
est d’aider l’enfant à devenir élève, mais pas de le cataloguer à vie ». Pour
l’élue, il s’agirait aussi de » remettre en cause le métier même des enseignants,
qui n’ont pas attendu pour signaler les enfants en difficulté aux autorités
compétentes » ainsi que « les principes républicains » en raison de la diffusion
des résultats dans des fichiers « qui permettrait ainsi au ministère d’établir
une moyenne nationale, et donc d’entraîner une compétition
entre les écoles
« .

Pour M. CHABROLLE, « cette évaluation est
indispensable pour les élèves en difficult
é.
Si nous ne les repérons pas, comment pourra-t-on les
aider ?

Commencée tard, leur prise en charge devient plus difficile. De même, mon expérience
de pédiatre, qui a participé à l’installation du Centre d’action médico-sociale
précoce (C.A.M.S.P.) au Havre, me fait dire que plus le repérage est précoce,
parfois même néonatal, plus le pronostic à long terme pour l’enfant est meilleur.
C’est contre ce manque de chance qu’il faut lutter, et regrouper nos forces. »

Pour M. LOGIOU,  » il faut faire
confiance au monde de la santé et à l’Education nationale
, plutôt
que systématiquement mettre en place des évaluations. L’évaluation a un aspect
qui est un peu mécanique, et il vaut mieux avoir plus de professionnels pour
s’occuper des enfants, plutôt que de mettre des évaluations systématiques, qui
sont contrôlées au niveau national, et qui ne prouvent pas leur efficacité. »

M. PAUL, qui a eu l’occasion d’enseigner
en maternelle, refuse ce moment particulier : « attention à cette systématisation
(…) : une déficience, quelle que soit sa nature, n’est pas obligatoirement
quelque chose de définitif. (…) s’il y a quelque chose à faire, c’est de recommander
qu’il y ait, d’un bout à l’autre de la chaîne de l’enfance cette attention »

Edouard PHILIPPE : « Je peux parfaitement
comprendre que des questions soient posées sur un dispositif, et que nous puissions
même avoir l’idée qu’il soit inadapté ou que nous puissions le discuter. Par
contre, je rejoins volontiers Jean-Pierre CHABROLLE, lorsqu’il affirme qu‘il
est excessif de dire que le dispositif est contraire au principe républicain
.
 »

Qu’en pensent les professionnels ?

Certains y voient un outil de prévention : pour Antoine Guedeney, pédopsychiatre
à l’hôpital Bichat-Claude Bernard (Paris),  » c’est une bonne idée, surtout si
les exercices proposés aux élèves ne sont pas seulement scolaires et portent
sur le langage, le comportement, l’expression émotionnelle « . Le praticien,
qui regrette le déni de la société française face à la reconnaissance précoce
des troubles du comportement, estime que l’école reste
un lieu de prévention important.

D’autres redoutent une entreprise de fichage.  » On
marche sur la tête
 » ironise le SNUipp-FSU.  » Les enseignant(e)s
de maternelle savent très bien identifier, dans le cadre habituel des activités
en classe, les enfants qui ont besoin d’accompagnement particulier. C’est leur
métier. Ils n’ont nul besoin d’un dispositif inadapté et pernicieux « , renchérit
le syndicat SE-Unsa.

Qu’en pensent les parents ?

S’agissant des fédérations de parents d’élèves, la FCPE estime qu' » on colle
une étiquette extrêmement anxiogène sur des enfants  » tandis que la PEEP regrette
le côté inachevé du projet et émet des réserves  » quant aux termes inappropriés
utilisés pour qualifier les catégories auxquelles les enfants sont rattachés
« .

Et vous , qu’en pensez vous ?

Favorable pour ma part à cette évaluation, il serait intéressant de connaître
le point de vue des internautes havrais sur cette question…

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