Sortons du nucléaire
25 ans après Tchernobyl, le 12 mars 2011, le drame de Fukushima est venu nous rappeler que le nucléaire est incontrôlable. Sortir du nucléaire à moyen terme et réorienter radicalement toute la politique énergétique française est indispensable. Toutes nos explications.
Nucléaire : l’exception française
Chaque Français vit à moins de 300 km d’une centrale nucléaire. Avec 58 réacteurs répartis dans 19 centrales, notre pays est la première nation au monde en nombre de réacteurs par habitant. A ces installations, il faut ajouter les centres de stockage de déchets radioactifs existants et à venir.
En France, l’énergie nucléaire représente 18 % de l’énergie consommée, contre seulement 2,5 % dans le monde.
80% de l’électricité dans l’Hexagone est d’origine nucléaire.
FNE s’oppose au développement de cette filière énergétique et milite pour une sortie progressive du nucléaire basée sur un calendrier officiel.
Contrairement aux discours martelés depuis 30 ans
Le nucléaire n’assure pas l’indépendance énergétique de la France
Le nucléaire n’est pas une énergie propre
Le nucléaire ne remplacera pas le pétrole
Le nucléaire coûte plus cher qu’il n’y paraît
Nucléaire civil ou militaire, la culture du secret est toujours là.
Le nucléaire n’assure pas l’indépendance énergétique de la France
L’indépendance énergétique française est un leurre. Tout l’uranium vient de l’étranger, il n’existe plus une seule mine en activité en France. Les mines se situent au Canada, mais aussi dans des régions à la stabilité politique précaire tels que le Kazakhstan et le Niger. Le nucléaire n’empêche pas la France d’être massivement dépendante du pétrole et du gaz. Enfin, comment l’industrie nucléaire pourrait assurer notre indépendance énergétique quand le nucléaire ne représente que 18 % de l’énergie que nous consommons en France ?
Le nucléaire n’est ni une énergie décarbonée ni une énergie propre
L’uranium est une énergie non renouvelable. Son extraction nécessite une importante consommation d’énergie fossile et donc des émissions de CO2. Par exemple, au Niger, il faut extraire une tonne de minerai pour obtenir seulement 3 kg d’uranium. Côté consommation, les centrales nucléaires ont du mal à adapter leur production d’électricité aux variations de la demande. Chaque hiver, les pics de consommation liés à la généralisation du chauffage électrique obligent à appeler les centrales au charbon à la rescousse. Il n’existe toujours pas de solution pour traiter les déchets nucléaires, qui sont stockés et resteront radioactifs pendant des générations. Enfin, en cas d’accident grave comme à Tchernobyl ou à Fukushima, au-delà de la catastrophe humaine et du drame sanitaire, de vastes territoires sont stérilisés à jamais par la radioactivité et donc perdus pour l’humanité.
L’énergie nucléaire ne remplacera pas le pétrole
En 40 ans, notre consommation globale d’hydrocarbures (gaz, pétrole et charbon) n’a baissé que de 20%. Preuve que pour certains usages, en particulier dans le domaine des transports (qui représentent les ¾ de la consommation de produits pétroliers en France), le nucléaire n’est pas une alternative aux hydrocarbures. Le développement des véhicules électriques, de toute façon compromis, n’est pas une solution : il perpétue le règne de la voiture individuelle et fait passer la pollution du pot d’échappement à la centrale. Ce qui est nécessaire, c’est de repenser nos transports, et nos consommations d’énergie, dans leur ensemble.
Le nucléaire coûte plus cher qu’il n’y paraît
Près de 100 milliards d’euros de recherche et développement dépensés depuis 30 ans pour le nucléaire civil (rapport Charpin-Pellat-Dessus), 63 milliards à trouver pour financer le démantèlement des réacteurs nucléaires, 35 milliards minimum nécessaires pour enfouir les déchets les plus dangereux. Le nucléaire coûte cher au citoyen, en tant que consommateur comme en tant que contribuable. Fin mars 2011, EDF a d’ailleurs demandé une augmentation de 30% d’ici 2016 du prix de l’électricité. Le nucléaire va continuer à faire gonfler nos factures. Pire encore, les centrales nucléaires ne sont pas assurées en cas d’accident grave. Comme au Japon, en cas de catastrophe, les citoyens seront obligés de payer.
Nucléaire civil ou militaire, la culture du secret est toujours là.
En France, depuis toujours, le nucléaire est un domaine réservé, hors-la loi. La décision de lancer la France dans le nucléaire civil a été prise en 1974, sans aucune consultation des parlementaires. En 2005, en plein débat sur l’EPR de Flamanville, des documents ont été classés secret défense. Rebelote en juin 2010 avec le rapport Roussely sur l’avenir du nucléaire civil. Malgré le mot » transparence » qui commence à fleurir ici et là, l’industrie nucléaire reste bien opaque. Ce culte du secret est d’autant plus gênant que le nucléaire est né avec la bombe atomique et que les industries civiles et militaires sont liées. L’Inde a pu construire une bombe à travers un réacteur civil qui produit du plutonium. Nous, citoyens, devons savoir ce qui se passe dans nos centrales.
Les points clés
Fin 2010, l’AIEA dénombrait 437 réacteurs nucléaires civils en fonctionnement dans 31 pays, 123 définitivement arrêtés, 55 en construction et 5 en cours d’arrêt.
Les centrales nucléaires ont produit en 2009, 2558 TWh (Tera Watts Heure) (source : AIEA).
En France, 58 réacteurs répartis dans 19 centrales, d’une moyenne d’âge de 20 ans.
En 2010, plus de 1000 incidents et anomalies ont été répertoriés par l’Autorité de sûreté nucléaire dans les centrales françaises. C’est deux fois plus qu’il y a 10 ans.
Le nucléaire n’est pas une fatalité: en 2010 la puissance installée des énergies renouvelables (388 GW) a dépassé celle du nucléaire (371 GW) au niveau mondial.