Sur ma TL aujourd’hui, j’ai vu défilé toute la matinée le hashtag #FerreRouen initié par @mosieurj. Puis j’ai vite compris : le Palais des Sports prend le nom de Kindarena. Humiliation ? Inféodation du domaine public ? Mon dieu, Ferrero annexe la France.
C’est donc la question du partenariat public-privé. Avec du recul, préférerais-je que mes enfants continuent d’écrire encore au stylo jusqu’en Terminale parce qu’on aura refusé par principe que Dell ou Apple fournisse gracieusement un parc d’ordinateurs ou tablettes à son lycée (qui n’a pas les moyens de le faire) alors que la course économique mondiale et l’empire numérique nous pousse à être de plus en plus compétitif notamment dans les secteurs à haute valeur ajoutée ? Alors on peut aussi faire le choix de fumer des orties, aller en montagne pour cultiver de la laine et continuer de voir le monde avec des ornières…
Revenons donc à Rouen. Bien sûr, l’on aurait sans doute préféré que le denier public finance totalement la structure et cultive donc la neutralité, sans marques, juste une infrastructure et des affiches avec le logo la Créa en bas à droite. On aurait aussi préféré que les joueurs de basket jouent torse nu pour ne pas voir l’affreux-méchant-logo-Kinder. Mais alors, on aurait aussi sans doute préféré qu’une Exposition Monet ou Basquiat ne soit pas soutenue par des mécènes et partenaires privés, on aurait sans doute préféré que le Château de Versailles ne soit pas réfectionné par Vinci. Et le sport ?
On peut regretter que dans certains sports comme la voile ou le cyclisme on parle d’abord de la marque avant des sportifs. Mais rien de choquant au fond. Les marques font parti de notre quotidien, de notre identité, qu’elles se rencontrent dans le sport comme nous dans la vie n’est pas un hasard. Alors l’argent ?
De l’Emirate Stadium au Toyota Center, la question des partenariats publics – privés dans le sport est un vrai progrès. Va-t-on un jour en France pouvoir être fier de nos entreprises et ne pas toujours s’en méfier ? Ne devons-nous pas saluer l’initiative de Ferrero de soutenir la construction d’infrastructure moderne ? Ne devons-nous pas être fier de Ferrero qui embauche nos cousins, nos sœurs, nos mères et accompagne la vie de l’agglomération ?
Une entreprise à rayonnement international ne peut que faire briller Rouen, son Palais des Sports et attirer des capitaux lors de grands événements.Voici ce que l’on peut lire sur le site de la Créa : « Ce partenariat de naming entre la CREA et Ferrero France a été imaginé sur la base de valeurs essentielles : solidarité, pérennité, engagement sportif, dynamisme et attractivité du territoire. « Ferrero France est installée en Haute-Normandie depuis 50 ans. Notre mission, c’est d’être numéro un dans les linéaires, mais aussi dans les coeurs. Nous sommes donc très investis dans le sport et toutes les démarches qui nous permettent de renforcer notre lien avec nos concitoyens. C’est en cela que notre association avec la CREA autour de Kindarena est une étape importante et majeure pour notre entreprise, » insiste Frédérique Thil (directeur dénéral de Ferrero France). »
Ci-dessous la vidéo du Kindarena :
Alors Kinder a t-il pris le contrôle de la Créa ? Comme le suggère ce logo détourné réalisé par @mosieurj :
