Des perturbateurs endocriniens à l’origine de dysgénésies testiculaires

Les Pesticides entrent dans le cadre des Perturbateurs endocriniens

De Medscape France

http://www.medscape.fr/genito-urinaires/articles/1317667/

Auteur : Dr Isabelle Catala

24 novembre 2011

Paris, France.— La majoration de l’incidence des anomalies du développement et du fonctionnement des testicules serait due en partie à l’exposition in utero et chez le jeune enfant à des perturbateurs endocriniens œstrogènes-like qui interféreraient avec une susceptibilité génétique particulière, selon une communication du Dr Nicolas Kalfa (CHU Montpellier) présentée à l’occasion du 105e congrès de l’Association Française d’Urologie [1].

« La fréquence des anomalies de migration testiculaire, des cancers des testicules et des troubles de la fertilité chez l’homme augmente de façon régulière. Ces trois pathologies qui sont regroupées depuis 2001 en une entité spécifique, la dysgénésie testiculaire, semblent être liées en partie à l’exposition aux perturbateurs endocriniens dès la vie fœtale. Différentes preuves animales et humaines vont en ce sens :augmentation du taux des organochlorés dans le sang de cordon des enfants atteints de cryptorchidie, majoration nette de l’incidence chez les enfants de femmes exposées au Distilbène®, nombre des cas plus élevé dans les régions où était utilisé le DDT ou dans les régions agricoles (16 % des nouveaux-nés dans certaines régions d’Argentine où les pesticides sont très largement utilisés) », analyse le Dr Kalfa (CHU Montpellier).

Sous l’effet des hormones et de facteurs génétiques

La migration testiculaire – qui s’effectue de façon satisfaisante chez 98,5 % des garçons – est sous la dépendance de facteurs endocriniens : l’Insl3, un peptide sécrété par les cellules de Leydig permet la première phase de descente trans-abdominale et les androgènes favorisent la migration trans-scrotale. Certaines caractéristiques de développement apparaissent aussi comme des facteurs de risque (poids de naissance, prématurité, retard de croissance intra-utérin).

Des facteurs génétiques sont aussi en cause puisque l’incidence de cryptorchidie est plus élevée si le père ou un frère en sont atteints. Mais l’ensemble de ces facteurs ne suffit pas à expliquer la grande majorité des atteintes. Il semblerait donc que des éléments exogènes interfèrent avec une susceptibilité génétique pour altérer la régulation hormonale et conduire à des anomalies du développement et du fonctionnement testiculaire.

Mimant les oestrogènes

Différents types de perturbateurs endocriniens oestrogènes-like sont actuellement recensés par les autorités sanitaires. Les perturbateurs endocriniens sont dotés de modes d’action distincts. Ils sont qualifiés de mimétiques lorsqu’ils imitent l’action de l’hormone, de bloqueurs lorsqu’ils interagissent avec les récepteurs hormonaux et ils peuvent aussi interférer directement avec les hormones ou les protéines des récepteurs hormonaux. Chez l’enfant, les perturbations de développement et du fonctionnement des testicules peuvent survenir même en cas d’exposition à des très faibles doses, si le terrain génétique est particulièrement favorable induisant des anomalies des cellules fœtales à l’origine des cellules de Sertoli ou de Leydig.

Par ailleurs, ces perturbateurs sont dotés d’un effet non pas additif mais synergique et les lésions qu’ils entraînent sont d’autant plus graves et irréversibles qu’elles se produisent tôt (fœtus, embryon, jeune enfant). Même si aucune étude in vivo prouve de façon formelle l’effet de ces substances, les garçons nés de mères exposées au Distilbène® apparaissent comme une population test qui confirme l’effet majeur de substance de ce type sur le développement des testicules.

Les autorités sanitaires ont pris la mesure de ce type de risque et les premières interdictions de perturbateurs endocriniens ont été actées en 2011 (bisphénol A).

De multiples sources d’exposition

L’exposition aux perturbateurs endocriniens peut être d’origine [2] :

Environnementale : polluants organiques persistants, polychloro-biphényles, pesticides.

Alimentaire : naturelle (phyto-oestrogènes de germe de blé, soja, bière, houblon…) ou artificielle (bisphénols, phtalates, résidus de pesticides, de détergents).

Médicamenteuse : exposition au Distilbène® jusqu’à son retrait du marché, traces de résidus de médicaments détectés en aval des stations d’épuration.

Cosmétique : parabens, phtalates…

 

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