C’est une drôle d’histoire qui vient d’arriver au Muséum d’histoire naturelle du Havre : 3 malfaiteurs ont tenté en pleine journée de voler la corne du rhinocéros présenté dans le cadre de l’exposition Savane. Un braquage d’une grande violence.
LE HAVRE – Nous sommes dimanche 4 décembre, il est 14 h. Le personnel du Muséum d’Histoire Naturelle observe un curieux manège : trois individus au comportement suspect tournent autour du rhinocéros sis à l’étage du Muséum. Ce dernier est présenté avec son petit dans le cadre de l’exposition « Savane, un océan d’herbe ».
Si le personnel est en alerte, c’est parce qu’il sait qu’un réseau de trafiquants agit depuis plusieurs mois en Europe : plus d’une vingtaine de cornes a déjà été volée. En août dernier, une première tentative de vol avait eu lieu au Havre. Un homme accompagné de deux acolytes (tous trois anglophones) avait été surpris en train de mesurer la corne. Les vidéos surveillance du Muséum avaient été étudiées par la police, sans succès. « Ces gens-là sont des spécialistes, ils sont vêtus de façon à ne pouvoir être identifiés » explique Cédric Crémière du Muséum.
68 000 euros le kilo
Les cornes de rhinocéros ne sont pas en ivoire mais en kératine. Broyée, la poudre de corne est utilisée en tant que substance médicale. « Selon la légende, elle serait aphrodisiaque mais plus concrètement , elle serait un puissant fortifiant ». Son prix ? « 68 000 euros le kilo, ce qui est 2 fois plus que le prix du kilo d’or ». Voilà en effet de quoi attiser les convoitises…
Une grande violence
En ce dimanche 4 décembre donc, le personnel se méfie de ce trio étranger (mais au langage non identifié) pour le moins louche. Bien lui en a pris. Ce dernier revient vers 17 h tandis que les visiteurs sont toujours présents dans le Muséum. Un des hommes fait diversion en se rendant à la caisse tergiversant autour de l’achat d’une carte postale. Voilà qui met d’autant plus la puce à l’oreille d’un agent qui prévient la Police que quelque chose d’anormal se passe. En effet, là-haut, deux hommes sont restés sur place, l’un d’entre eux sort une masse et fracasse la corne du rhinocéros qui explose en mille morceaux. Les deux hommes s’emparent des plus gros morceaux et s’enfuient très rapidement. « Tout s’est passé en moins d’une minute trente ».
La morale de l’histoire : c’est qu’un Muséum avisé en vaut deux. Ayant eu connaissance de ce trafic récurrent, le Muséum avait pris soin d’emblée de mettre une fausse corne à notre rhinocéros, très bien imitée certes mais fausse. Suite aux incidents du mois d’août, la fausse corne a été retirée pour être cette fois remplacée par une corne faite dans une résine de très mauvaise qualité. C’est cette mauvaise réplique qui a été cassée. Sachant ce qui pouvait arriver, cette dernière n’avait pas été ancrée très solidement. Le rhinocéros n’a pas souffert. Reste tout de même à prendre en compte, le personnel du Muséum choqué par cette attaque d’une grande violence. Ainsi que les visiteurs qui ne sont sans doute pas près d’oublier cette visite dominicale plutôt stressante.
DLM-T
