Chad : les premiers pas

Le pari d’ouvrir une classe à horaires aménagés danse à Joliot-Curie 1 et 2 est déjà gagné. En un trimestre, les 23 enfants inscrits ont plongé avec délice dans cette aventure collective riche. « Pourquoi la scène du Rive Gauche est plate et non penchée comme c’était le cas dans les anciens théâtres ? » La question est posée, fin novembre, par Alexandre, un des grands gaillards de la classe à horaire aménagée danse, ouverte à la rentrée dernière, pour des CE2. L’interpellation suscite un haussement de sourcil de la part du régisseur général du théâtre, chargé d’effectuer cette visite technique, qui ne s’y attendait visiblement pas. C’est aussi à la pertinence d’une telle question qu’on mesure la richesse de cette aventure scolaire et culturelle.
Car la remarque d’Alexandre n’est pas tombée du ciel, elle fait au contraire écho à un des premiers cours de danse classique dispensé aux élèves, en septembre, par Céline Daquin. Ce jour-là, la professeur du conservatoire leur fait observer – qu’en « classique, on dit « monter » et « descendre » la scène et non pas « avancer » ou « reculer » ». Parce que par le passé, les gradins n’existaient pas pour le public et donc la seule façon de voir la scène, depuis les derniers rangs, c’était justement qu’elle soit inclinée.
C’est ainsi, apprendre la danse n’est pas qu’une question de technique, il faut aussi connaître l’histoire et le vocabulaire propre à la discipline. Les petits danseurs l’ont bien compris. Forts de ces précisions, ils enchaînent les couronnes, grands pliés, pas de bourrées et autres adages, face au grand miroir de la salle de danse de l’annexe Duruy du conservatoire. « Bon, le classique, c’est un peu difficile, les positions ne sont pas évidentes, raconte Kilian. Pourtant c’est ce que j’aime le plus ! »

Mais danser, c’est aussi ressentir la musique physiquement, sa pulsation, ses silences. Cet aspect est abordé durant le cours de formation musicale dansée, avec un autre professeur du conservatoire.
Si la pratique de la danse au sein d’un conservatoire a encore parfois l’image d’une activité culturelle réservée à « certains », l’ouverture de la classe à horaires aménagés danse fait voler en éclats ce type de préjugés. Ces enfants danseurs n’ont pas été retenus pour leurs aptitudes physiques, ni en fonction de leurs résultats scolaires. La Chad ne se voulait surtout pas une classe réservée à une « élite ». Seule la motivation de ces enfants a été prise en compte. Les élèves de la Chad viennent de milieux sociaux très divers, mais ils partagent un vrai plaisir. « Au cours de ce trimestre, nous avons observé un véritable impact au sein de la classe : les enfants ont développé de plus grandes facultés de concentration. Ils sont plus autonomes aussi et puis ils sont réellement ravis de cette expérience », remarque l’enseignante Christel Delamare. Cet enthousiasme est partagé par Fabienne Grosjant, la professeur de danse contemporaine : « L’enseignement en Chad est très différent de notre activité au conservatoire. C’est formidable d’observer la progression depuis les vacances de La Toussaint. Pour moi, c’est passionnant de voir les choses naître, se mettre en place. »

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