Mobilisation générale autour du vraquier échoué dans le Morbihan

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16/12/2011

 C’est un spectacle impressionnant qu’offre depuis ce vendredi matin le vraquier maltais TK Bremen, jeté à la côté dans la nuit par la tempête qui a balayé la façade atlantique. Le navire, long de 109 mètres, est planté sur la plage d’Erdeven, près de la ria d’Etel, dans le Morbihan. Si la cargaison ne pose pas de problème puisque le bateau naviguait à vide, le carburant contenu dans ses soutes (180 tonnes de fuel et 40 tonnes) a provoqué une pollution. L’échouement a, en effet, entrainé des déchirures sur la coque, qui laisse s’échapper des hydrocarbures. La pollution est certes limitée, se cantonnant principalement autour du bateau, mais elle n’en demeure pas moins grave. Le fuel de propulsion est, en effet, très nocif pour les oiseaux marins et le TK Bremen s’est échoué dans une zone naturelle protégée. Des plaques d’hydrocarbures ont, par ailleurs, atteint ce matin la ria d’Etel, où se trouvent de nombreuses fermes ostréicoles. Pour les professionnels, le danger économique est majeur en cette période de fêtes de fin d’année, qui représentent le gros des ventes d’huîtres. Venue sur place ce midi, la ministre de l’Écologie, Nathalie Kosciusko-Moriset, leur a apporté son soutien et indiqué que tous les moyens seraient mis en œuvre pour lutter contre la catastrophe.

Il faudra peut-être découper la coque sur place

Sur zone, tous les moyens de secours disponibles sont mobilisés. Pompiers, gendarmes, marins, équipes de la sécurité civile… Le plan POLMAR de lutte contre les pollutions maritime a été déclenché par la préfecture du Morbihan et la préfecture maritime de l’Atlantique. Alors que des barrages flottants sont en cours de déploiement, des équipes ont été constituées pour commencer à nettoyer la côte. Aux premiers moyens mis en œuvre dès l’accident survenu, des renforts sont attendus. La sécurité civile a, ainsi, mobilisé deux sections, soit 60 hommes, et débloqué des moyens pour équiper 150 personnes afin de lutter contre la pollution. Mais les opérations sont rendues difficiles en raison de la météo, qui demeure mauvaise, même si le gros de la tempête Joachim est passé. C’est pourquoi le pompage des soutes du TK Bremen depuis la mer a été écarté, au profit d’un pompage depuis la terre. De plus, le mauvais temps laisse craindre des difficultés pour maintenir les barrages flottants, sans compter la dispersion de la pollution, qui pourrait être aggravée dans les prochains jours par les marées (les coefficients vont augmenter). Au-delà de la nécessité d’empêcher la propagation des hydrocarbures, il convient également de traiter le navire, solidement planté sur la plage. Des investigations vont devoir déterminer quelle est l’étendue des dégâts et s’il est possible de dégager la coque. Dans le cas contraire, à l’image du Rokia Delmas échoué sur l’île de Ré en 2006, il faudra procéder au démantèlement sur place du navire, ce qui prendra de nombreux mois. Compte tenu des premières constations faites sur la coque, c’est malheureusement une piste qui a été évoquée par la ministre de l’Écologie.

Le navire avait tenté de se mettre à l’abri à Groix

Le TK Bremen s’est échoué vers 2 heures du matin. Il avait quitté le port de Lorient, dans l’après-midi d’hier, pour mouiller au nord de l’île de Groix. Il comptait y attendre l’amélioration des conditions météorologiques avant de reprendre sa route vers l’Angleterre. Mais le vieux cargo, construit en 1982, n’a pas été capable, face aux violentes rafales de vent, de tenir son mouillage. Il a donc commencé à dériver vers la côte. A 00H40, le TK Bremen a demandé assistance au Centre Régional Opérationnel de Surveillance et de Sauvetage (CROSS) d’Etel. Idéalement, le navire aurait pu être assisté par les remorqueurs portuaires de Lorient. Mais la tempête empêchait ceux-ci de tenter une sortie. Le CROSS a donc donné l’ordre au grand Remorqueur d’Intervention, d’Assistance et de Sauvetage (RIAS) Abeille Bourbon d’appareiller. Conçu pour assurer des sauvetages dans les pires conditions, le bâtiment, basé à Brest, avait pris comme d’ habitude en cas de tempête son poste à Ouessant, de manière à pouvoir intervenir, en cas de problème, au plus près du dispositif de séparation du trafic maritime. Malheureusement, ce n’est pas dans le DST qu’on avait cette fois besoin de lui, mais au large de Lorient. Trop éloignée, l’Abeille Bourbon n’a pu arriver à temps. Le RIAS a toutefois rejoint la zone afin de pouvoir intervenir si la situation du TK Bremen, une fois échoué, venait à se dégrader. Si les conditions sont réunies, il pourra aussi, à la faveur d’une marée haute, tenter de le dégager. Quant à l’équipage, constitué de 19 marins, il a été évacué par la Marine nationale. Cette dernière a fait intervenir l’un de ses nouveaux hélicoptères Caïman Marine (version française du NH90 NFH), qui a réalisé à cette occasion sa première opération de sauvetage (la mise en service opérationnelle du Caïman Marine est intervenue le 8 décembre). Hélitreuillés, les marins du TK Bremen, sains et saufs, ont été évacués vers la base d’aéronautique navale de Lann-Bihoué, près de Lorient.
Une enquête a été ouverte. Les investigations ont été confiées par le parquet de Brest à la Gendarmerie maritime.

 

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