Laboratoire de l’égalité par laboratoiredelegalite
Par Julie CHARPENTRAT
PARIS, 19 janvier 2012 (AFP) – Plusieurs organisations féministes ont commencé à interpeller les candidats à l’élection présidentielle, bien décidées à faire du combat pour l’égalité hommes-femmes un thème majeur de la campagne en obtenant des candidats des engagements concrets.
Le « Laboratoire de l’Egalité » a lancé mardi une campagne de sensibilisation, à grand renfort d’encarts dans la presse, de films et d’affiches, illustrant les inégalités au travail ou à la maison.
Un des visuels montre une femme, chez elle, un enfant dans les bras et trois autres en arrière-plan. « Mercredi 15h. Papa travaille. Maman est en RTT. Qui a parlé d’égalité? », demande le texte.
Malgré des progrès ces dernières années, études sociologiques comme sondages montrent que les tâches parentales et domestiques demeurent très largement l’apanage des femmes.
Le « Labo », cofondé en 2010 par la militante féministe Olga Trostiansky, adjointe au maire (PS) de Paris, Bertrand Delanoë, a fait signer aux candidats un « pacte pour l’égalité », qui prévoit notamment de réserver le financement public aux partis politiques qui présentent 50% de candidates aux élections.
« L’Assemblée nationale est encore masculine à 82% », rappelle Mme Trostiansky.
Autre cheval de bataille: l’égalité salariale, combat le plus important pour les femmes, selon un sondage Ifop de novembre.
Durant la campagne présidentielle de 2007, Nicolas Sarkozy avait promis d’agir « afin que l’égalité salariale et professionnelle entre les femmes et les hommes soit totale d’ici 2010 ».
Or, selon l’économiste Françoise Milewski, cinq ans après, « on se retrouve à la case départ ».
Les salaires moyens des hommes sont supérieurs de 27% à ceux des femmes (17% si l’on ne prend pas en compte le temps partiel, majoritairement féminin), selon l’Insee (chiffres 2008).
Des revendications également portées par « Osez le féminisme » (OLF), qui lance jeudi un appel, avec comme slogan « en 2012, prenons du poids ». Déjà signé par une trentaine de célébrités comme le comédien François Cluzet ou la journaliste Isabelle Giordano, l’appel a vocation à être signé par tous, explique la porte-parole Thalia Breton.
Egalement classé à gauche, OLF se défend toutefois d’une proximité particulière avec François Hollande et promet un regard « objectif » sur les programmes.
« Tous vont se dire le candidat des femmes », prévoit Mme Breton, qui attend des « engagements concrets » en matière de lutte contre la précarité, les inégalités au travail, les violences ou pour permettre un accès plus facile à l’IVG.
Les mouvements féministes, dont la dénonciation des violences et du « sexisme ordinaire » a trouvé un écho, en 2011, lors de l’affaire Dominique Strauss-Kahn, soutiennent aussi un allongement de la prescription de trois à dix ans en matière d’agression sexuelle.
Une proposition de loi en ce sens doit être discutée au Sénat jeudi, en présence de la présidente de « Paroles de femmes », Olivia Cattan, membre de l’état-major de campagne de M. Hollande.
OLF prône aussi un congé parental raccourci court et mieux rémunéré – pour encourager les pères à en profiter de sorte que les femmes restent moins longtemps éloignées du marché du travail -. C’était une promesse de campagne de Nicolas Sarkozy en 2007.
Le 7 mars, veille de la journée internationale des Femmes, plus de 40 associations réunies dans le collectif « Féministes en mouvement » énonceront leurs attentes, « en présence de plusieurs candidats et candidates », selon un communiqué.