Max Bengston, enfant du Havre
LE HAVRE – Max Bengtsson est un authentique enfant du Havre : « Mon père était un marin suédois, « un navigateur » comme on disait alors. Ma mère était serveuse dans le quartier Saint-François… Quand mon père a fait ma connaissance, j’avais deux ans ». Max a passé son enfance dans le quartier du Perrey. Il y habite encore… « Môme, de ma fenêtre j’ai vu les trois cheminées du « Normandie ».
Max a eu 14 ans en 1940, une adolescence et des années de formation qui, pour n’être pas académiques, vous trempent le caractère… « Les bombardements sur le centre-ville et la percée de Fontaine-la-Mallet, au prix de sa destruction, sont peut-être considérés comme un chef-d’œuvre par les passionnés d’histoire militaire, mais ce ne sera jamais l’avis des gens de ma génération. Il faut voir ce qu’on a subi. Vous savez, en septembre 44, la défaite des Allemands et la libération du Havre n’ont pas été fêtées. Il y avait eu trop de morts. C’est plusieurs mois après, en mai 45, qu’on a dansé dans la rue Ca se passait au Rond-Point, nouveau centre-ville : il n’avait pas été détruit ». Après-guerre, Max est employé par la Compagnie Générale Transatlantique. « Comme bagagiste je suis monté à bord du Liberté, de l’Ile-de-France. Ce sont ces bateaux dont j’ai eu envie de raconter l’épopée… » Il évoque dans les entrepôts les chais où l’on mettait le vin en bouteilles; la blanchisserie de Rouelles où draps, torchons et serviettes étaient blanchis et amidonnés… « Je vais vous raconter une histoire : Magrin était chef cuisinier à bord du « Normandie », un cador. Le commis du charcutier de Montivilliers lui apporte une remorque de salaisons pour la prochaine traversée. Le chef touche un morceau de viande d’un doigt et le porte à sa bouche « Tu diras à ton patron que c’est trop salé ». Il a fait renvoyer toute la remorque… »
Max Bengtsson : « Le Havre, la fabuleuse histoire de la Transat » Edité par la SNAG à Gonfreville-l’Orcher.
