Amiante et OGM : deux géants condamnés

http://www.ladepeche.fr/article/2012/02/14/1283993-amiante-et-ogm-deux-geants-
Paul François a gagné contre Monsanto.

Désormais, rien ne sera plus pareil. Pour les agriculteurs comme pour les victimes, innombrables, de l’amiante. Hier, de part et d’autre des Alpes, en France et en Italie, la justice a pris dans ses filets Monsanto et Eternit, deux géants des pesticides et de l’amiante.

Explications.

Le 27 avril 2004, Paul François, un céréalier charentais aujourd’hui âgé de 47 ans et invalide, reçoit au visage des vapeurs de « Lasso », en ouvrant la cuve d’un pulvérisateur. Il est rapidement pris de nausées puis de troubles au point qu’il doit interrompre son activité pendant près d’un an. Les analyses relèvent dans son organisme des traces de monochlorobenzène, un solvant présent pour moitié dans l’herbicide, au côté du principe actif, l’anachlore. Paul François décide alors de se battre. Sa première victoire, il la gagne en 2008 en obtenant que ses troubles soient reconnus comme maladie professionnelle par la Mutualité sociale agricole. Et il poursuit en responsabilité civile le géant américain des pesticides. Selon son avocat, Monsanto a « tout fait pour laisser le Lasso sur le marché » alors que sa dangerosité avait été établie dès les années 1980. La justice a entendu et condamné Monsanto « à indemniser entièrement M. François de son préjudice ». La firme agrochimique a déclaré, hier, qu’elle envisageait de « faire appel ».

« Responsables » de la mort de 3000 personnes

Dans la même veine de ces combats qui opposent les pots de terre aux pots de fer, la condamnation d’Eternit, le géant de l’amiante d’après-guerre, promet de laisser des traces. Hier, devant des centaines de victimes ou de proches de victimes en pleurs, le tribunal de Turin a infligé 16 ans de prison aux deux accusés de ce procès « historique ». Et pas des moindres : le milliardaire suisse Stephan Schmidheiny, 65 ans et le baron belge Jean-Louis de Cartier de Marchienne, 90 ans, jugés par contumace. Jugés responsables de la mort de près de 3000 personnes, ouvriers ou habitants de villes où Eternit Italie avait des usines, les deux hommes ont aussi été condamnés à verser plusieurs dizaines de millions d’euros aux diverses parties civiles – au total 6000 personnes.

Pour autant, l’affaire n’est pas terminée.

Les accusés pourront en effet faire appel, et aller jusqu’en Cassation, ce qui pourrait repousser à très loin un jugement définitif. Mais la justice a marqué le pas. « C’est un procès historique, le plus grand au niveau mondial dans l’histoire de la sécurité au travail », s’est félicité le procureur Raffaele Guariniello, qui a enquêté durant plus de cinq ans.

Matériau miracle qui a tourné au cauchemar, l’amiante a été utilisé massivement en particulier dans le secteur de la construction. Pour les victimes qui réclament l’organisation de procès similaires au pénal, notamment en France, le procès de Turin est une lueur d’espoir.

L’avocat Jean-Paul Teissonnière a annoncé qu’il demandera aux « autorités judiciaires en France d’en tirer les conséquences.

 

 

Posts created 1543

Articles similaires

Commencez à saisir votre recherche ci-dessus et pressez Entrée pour rechercher. ESC pour annuler.

Retour en haut