Alimentation : le paradoxe français

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A table ! Deux fois par jour, cet appel a rythmé la vie de nombreuses générations. Certes, le rituel déjeuner/dîner tous ensemble est moins fréquent, mais les Français sont toujours amateurs de bonne chère. Et le repas pris en famille ou entre amis reste un moment privilégié.

Tout le monde le sait : les Français sont fous de cuisine. Et la gastronomie française est réputée dans le monde entier. Mieux, l’Unesco a inscrit en novembre le « repas français » au patrimoine immatériel de l’humanité. Ce n’est pas tant la cuisine française qui est élue que la pratique sociale du repas, lequel doit respecter des règles précises : commencer par un apéritif, se terminer par un digestif, être composé d’au moins quatre plats – entrée, plat de résistance, fromage et dessert.
Lors d’un repas entre amis, un invité allemand ironise : « Vous êtes le seul peuple à parler cuisine alors que vous êtes déjà à table. Fourchette à la main, vous restez des heures à table, goûtez, évaluez, commentez les repas que vous avez faits, ceux que vous ferez, vous échangez des recettes sur votre blanquette maison, votre fondant au chocolat ou des adresses de restos.  »

Et c’est vrai, les Français aiment manger. Ils ont su longtemps résister au modèle anglo-saxon : déjeuner sur le pouce, dîner en libre service, accoudés à un bar de cuisine ou un plateau-repas sur les genoux. Dans les pays latins, le temps consacré à l’alimentation est sacré, et la pause réservée au repas est inhérente à la vie en société.
Aux États-Unis, en revanche, se nourrir est considéré comme un simple acte nécessaire à la survie. On peut donc manger tout en menant d’autres activités… Voilà pourquoi, souvent, les Américains grignotent tout au long de la journée. Pour le Credoc*, cette alimentation fractionnée serait une des causes du nombre important d’obèses dans ce pays (26,9 %, contre 14,5 % en France).
Or, depuis quelques années, avec l’accélération des rythmes de vie et la mondialisation, les habitudes des Français évoluent. Une diversité de pratiques apparaît : cuisine rapide la semaine, gastronomie le week-end, fast-food pour tous et alimentation bio pour de plus en plus d’adeptes…

* Enquête de septembre 2010 : le modèle alimentaire français contribue à limiter le risque d’obésité, même si, bien sûr, d’autres facteurs entrent en ligne de compte (la génétique, le manque d’activité physique, les facteurs psychologiques…).

 

[01.02.11]   Anne-Marie Thomazeau

La suite :
Fast-foods : de nouveaux lieux de vie
Repas familial : les Français résistent encore
Cuisiner est devenu un loisir

 

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