Le vendredi, connaît-on les résultats du dimanche ? Srce : blog Le Monde « Sonde Système »

Surtout ne pas se laisser griser. Mais c’est tellement tentant… Tellement tentant de se précipiter sur les sondages publiés ce vendredi – les derniers dont la parution est autorisée – en y voyant déjà les résultats de dimanche. Et pourtant…

Voici, à titre de piqûre de rappel, ce que nous disaient les sondeurs à l’avant-veille du premier tour, en 2002 et en 2007. Commençons par 2002.

Donné premier, Jacques Chirac avait été correctement évalué, à quelques dixièmes de points près. La suite, on la connaît. Le score de Lionel Jospin ne faisait l’objet d’aucun débat : dans leurs derniers sondages publiés, tous les instituts le créditaient de 18 % des voix au premier tour.

Le niveau de Jean-Marie Le Pen, en revanche, semblait plus difficile à évaluer : les estimations les plus basses le situaient à 12,5 %, les plus hautes à 14 %, soit une moyenne de 13,5 %. Nul n’imaginait, le vendredi, que le candidat socialiste était surévalué de près de deux points, et que le celui-ci du Front national était sous-estimé de plus de trois points. Des écarts suffisamment grands pour provoquer le fameux « coup de tonnerre » du 21 avril.

Cette année-là, le choc de l’affiche du second tour a occulté les difficultés qu’ont eues les sondeurs à évaluer le poids précis des petits candidats, plus nombreux que d’habitude. Arlette Laguiller, habituée des rendez-vous présidentiels depuis 1974, fut alors surestimée. Olivier Besancenot, qui se présentait pour la première fois, fut à l’inverse sous-évalué. Quant à Jean-Pierre Chevènement, qui avait durant la campagne fait figure de « troisième homme », frôlant les 15 % dans certains sondages, sa baisse dans la dernière ligne droite avait été perçue, mais elle fut sous-évaluée.

Voilà pour 2002. Qu’en fut-il pour 2007 ?

En 2007, la surprise fut évidemment moins grande que cinq ans auparavant. L’ordre d’arrivée prévu le vendredi ne fut pas remis en cause le dimanche, compte tenu des écarts existant entre, d’une part, Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal, et, d’autre part, François Bayrou et Jean-Marie Le Pen. Une exception : CSA, qui imagina le candidat du Front national devant celui du MoDem.

Une fois ceci rappelé, l’examen attentif des résultats montre qu’il y eut de vraies surprises sur les niveaux réels des différents candidats. A commencer par Nicolas Sarkozy : à part Ipsos, qui avança le chiffre de 30 %, les instituts le situaient plutôt dans la zone des 28 % à l’avant-veille du scrutin. Il obtint finalement 31,2 % des voix.

Ségolène Royal, elle aussi, fut sous-estimée, bien que dans une moindre mesure : 2 points en moyenne. Si François Bayrou fut, parmi les principaux candidats, celui que les sondeurs parvinrent le mieux à évaluer, il n’en fut pas de même pour Jean-Marie Le Pen. Encore une fois, le président du FN créa la surprise, mais une surprise inverse à celle de 2002. Sous-évalué à l’époque, il fut surévalué en 2007, et même assez largement, d’environ 3,5 points.

De ces rappels historiques, l’on peut tirer une leçon : pour certains candidats, qu’ils gravitent dans la zone des 25-30 % ou dans celle des 10-15 %, des écarts pouvant dépasser les trois points sont susceptibles d’exister entre les sondages du vendredi et les résultats du dimanche soir.

Si l’on applique cette fourchette d’imprécision aux sondages d’aujourd’hui, cela veut dire qu’une grande incertitude existe quant à l’ordre d’arrivée au soir du second tour. Dès lors, une arrivée au coude à coude comme un écart de 6 à 7 points est envisageable entre François Hollande et Nicolas Sarkozy.

De même, toutes les configurations sont possibles quant aux titulaires des troisième, quatrième et cinquième place, dans la mesure où Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon et François Bayrou se situent tous trois dans une zone comprise entre 10 et 17 %.

La conclusion de tout cela a un nom, banal, mais qui s’impose comme une évidence : prudence.

T. W.

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