Nice : des youyous dans ma mairie !

Des youyous, oui, mais des youyous français !

Des youyous ? Oui, mais des youyous français !

A l’UMP, on ne sait toujours pas que la présidentielle a eu lieu
et que, bon, la victoire aux législatives, ça sera pour dans cinq ans au mieux.
Alors, on continue comme lors de l’opération "mains basse sur l’électorat
lepéniste"…

Si les attaques concertées et concentrées sur Christiane Taubira sont le
reflet que pour une partie de la droite de moins en moins républicaine et de
plus en plus tentée par le côté extrême de l’échiquier politique il vaut mieux
ne pas être une femme noire si l’on veut prétendre à un poste de
responsabilité, notamment régalien. On imagine très bien la cohérence de cette
position de principe de droite avec un passé aussi proche que lointain.

Mais, comme tout passe et lasse dans le maelstrom de l’information
spectacle, il faut savoir renouveler ses classiques afin d’exister sur la scène
buzzo-médiatique. Ainsi, pour ne pas qu’on l’oublie, le Maire de la bonne ville
de Nice, Christian Estrosi, ancien champion de motocyclette reconverti dans le
gonflage de pneus, pardon de citoyens, a eu l’idée, alors qu’il est maire de sa
ville depuis quatre ans, de pondre (je crois que le terme est correct) une
charte « contre les mariages trop bruyants ou
démonstratifs
 » nous dit Le Monde. Une véritable salade niçoise.

Mais qu’est-ce donc un mariage trop bruyant ou démonstratif pour Môssieur le
Maire de Nice ? A en croire la charte de la discorde, il s’agit de
mariages où l’on déploie « des drapeaux étrangers », de ceux que
Nadine Morano a pu voir le soir du second tour à la Bastille, des
« groupes de musique folklorique », ce qui aurait encore mieux
sonné en "groupes de musique exotique". Pour lutter efficacement contre ces
fléaux sonores et visuels antirépublicains, notre bon maire a trouvé la parade.
La sanction qui pourra tomber si vous sortez un mouchoir de votre poche
représentant le drapeau, au choix, de la Tunisie, du Maroc ou de l’Algérie,
tout en claquant la bise un peu trop fort à la mariée ou en envoyant vers le
ciel azuréen de la ville où se promènent les Anglais quelques youyous un peu
trop appuyés, la sanction, donc, sera le « report de la célébration au plus
tard dans les 24 heures suivant l’horaire initialement prévu
», le tout en
fonction « des comportements et de la gravité des agissements
».

C’est donc dans un état d’esprit des plus constructifs dans la concorde la
plus républicaine que nous nous permettrons de suggérer au chevalier blanc des
salles des fêtes une échelle de sanctions adaptée à la situation. Ainsi, une
banderole ou un drapeau déployé devant la mairie pourrait coûter une heure de
report, un youyou coûterait un petit quart d’heure, tandis qu’un chant de
liesse à la gloire des mariés pourrait valoir aux contrevenants jusqu’à deux
heures de délai en fonction du nombre de fausses notes à la minute (par exemple
3 fausses notes par minute : une demi heure de pénitence ; plus de
5 : une heure ; plus de 10 : deux heures).

On accordera quelques circonstances atténuantes. Ainsi, dans un souci
d’intégration éthylique, la consommation d’apéritifs alcoolisés dûment mesurée
par la police municipale par éthylomètre digital pourra-t-il raccourcir le
temps de pénitence d’un quart d’heure par dixième de grammes d’alcool par litre
de sang, à savoir qu’un taux par exemple de 0,8 g/l réduira-t-il le délai de 8
quarts d’heure, donc de deux heures. Mais on pourrait imaginer d’autre
bonus : une carte de l’UMP pour le père d’un des mariés ? Quatre
heures de sursis. Pour les deux pères : huit heures ! Logique.

Donc, si lors de votre mariage vos invités entonnent deux chants de trois
minutes chaque bourrés de couacs en sortant trois drapeaux d’une contrée du sud
de la Méditerranée, mais que le père de la mariée est adhérent UMP et que le
père du mari, lui, est légèrement éméché à 0,6 g/l, pendant que la tante
préférée de la mariée nous sort six ou sept youyous de compétition, cela donne…
voyons voir : +6 h pour les chants, + 3 h pour les drapeaux, + 1 h30 pour
les youyous, – 4 h pour la carte de l’UMP et – 1h30 pour la picole, cela fait…
10h30 – 5h30 égal 5h. Ce qui vous donne un délai supplémentaire qu’on peut
utiliser à bon escient en mettant la dernière main au couscous ou tajine géant
qui ne manquera pas de régaler la noce et pourquoi pas, Môssieur Estrosi.

Le mot de la fin (que l’on dédicacera à M. Estrosi) à Tahar Ben
Jelloun : « Il faut se méfier de ceux qui ont des certitudes, qui
ne doutent jamais, des gens en béton : la moindre fêlure dans le mur peut
entraîner la chute de toute la maison
».

Mais la mairie n’est-elle pas la maison du peuple ?

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