(fil-fax 23/06/12)
De gauche à droite : L.Pellerin, M.Verdet, P.Capy, H. Lanic et C. Hauville.
Ils sont six et ont entre 29 et 32 ans. Ils sont discrets, inventifs, passionnés. Pas encore Chefs de clinique, ils ont en commun leur internat à Rouen et leur Bac plus 15. Ces praticiens hospitaliers viennent de décrocher leur premier poste d’assistant de recherche au CHU de Rouen.
Médecin généraliste à Rouen, Lucille Pellerin va travailler sur l’entourage des patients souffrant de démence. « L’objectif est d’améliorer la santé des aidants en définissant leurs rôles, en élaborant des outils de diagnostic et sur la mise en place sur le terrain d’une consultation par an qui leur serait réservée », explique-t-elle. Pour la mise en œuvre de son projet, Lucille a rejoint le Centre d’investigation clinique (INSERM 0204) où collaborent neurologues et gériatres sur une meilleure compréhension de la maladie d’Alzheimer.
Hélène Lanic est hématologue au centre de lutte contre le cancer Becquerel à Rouen. Elle vient de rejoindre le laboratoire “GPL“ ou Groupe d’Etude des Proliférations Lymphoïdes. Dans ce laboratoire de génétique (INSERM918), Hélène va observer chez une centaine de malades l’incidence des chimiothérapies comparée à leur perte de masse musculaire. « Il s’agit à terme d’optimiser les réponses thérapeutiques et d’améliorer la description des lymphomes B diffus à grandes cellules des patients âgés de plus de 70 ans », commente-t-elle.
Nicolas Griffon rallie le laboratoire d’informatique du traitement de l’information et des systèmes LITIS EA 4108. Son défi, adapter les méthodes et les outils existants en particulier les moteurs de recherche à l’exploitation des données du dossier personnalisé d’un patient.
Pierre Capy va consacrer deux ans à la mise en place d’une cohorte de patients porteurs d’un VIH variant de groupe O. Il vient renforcer l’équipe du Groupe de recherche sur les antimicrobiens et les micro-organismes de virologie du CHU. « Après le Cameroun, la France est le pays qui présente le plus de patients infectés par ce type de VIH. Nous allons travailler à optimiser les traitements », résume le pharmacien biologiste.
Camille Hauville lance une recherche prospective chez les patients atteints d’un rétrécissement de l’aorte. « A partir des 50.000 premières implantations de valves aortiques dans le monde je vais rechercher une amélioration de la technique en repérant les patients à risque et en étudiant un meilleur positionnement de la valve », expose la jeune cardiologue.
Mathieu Verdet a élu domicile au laboratoire de physiopathologie et de biothérapie des maladies inflammatoires du CHU pour y étudier d’un peu plus près ces médicaments anti-TNF alpha. Dans les polyarthrites rhumatoïdes, ces traitements onéreux (15 K€ par an) sont efficaces mais de moins en moins pertinents dans le temps chez certains malades. « Je vais travailler sur l’échappement thérapeutique chez ces patients qui fabriquent au bout d’un moment des anticorps dirigés vers le médicament. Faut-il changer la posologie, la fréquence des perfusions ? C’est l’objet de cette première étude nationale sur ce sujet », justifie le rhumatologue en poste à Elbeuf.
Beaucoup d’appelés, peu d’élus
La Région Haute-Normandie alloue une subvention annuelle de 300.000 € au CHU pour permettre le recrutement de ces assistants. La collectivité prend en charge le mi-temps recherche. Le temps dédié aux patients est quant à lui pris en charge par le CHU. Ce partenariat inédit en France sur cette ampleur vise d’une part à combler le déficit de médecins spécialistes en région et d’autre part à renforcer la recherche clinique basée en Haute-Normandie. L’initiative est saluée par le président de l’université de Rouen Cafer Ozkul et par le doyen de la faculté de médecine Pierre Freger. « Nous avons beaucoup d’équipes de recherche en région mais avec un nombre un peu juste de chercheurs », remarque le professeur Pierre Freger.
