Jeanne d’Arc, la chanson et la geste

Avec cet ouvrage qui sort ces jours-ci en librairie, elle signe une biographie passionnante où s’entrecroisent toutes les fougues, le sacré, le profane, la férocité et la douceur des jours. Entretien avec Côté Rouen.

Hortense Dufour se spécialise dans les biographies de personnages féminins.

Hortense Dufour se spécialise dans les biographies de personnages féminins.



C.R. Tout n’aurait pas été écrit et dit sur Jeanne pour que vous produisiez un nouvel ouvrage ?
H.D.
L’autre jour, lors du salon du livre de Nancy,un collectionneur m’a dit : « Votre livre a le n°1068 » ! J’ai voulu décrire, sur la base d’archives sérieuses la vie de cette tourterelle au milieu d’abord de sa famille aimée,de ses frères et sœur à Domrémy puis de gros durs violents et tueurs face aux Bourguignons et aux Armagnacs.


C.R.  Qu’apportez-vous de nouveau ?
H.D.
On doit comprendre mon livre à la lumière des deux dernières lignes de ce récit biographique. Les juges, à Rouen, lui demandent : « Qui était l’ange qui a porté la couronne sur la tête de ton roi ? ». « L’ange c’était moi. »

C.R.  De tous les personnages féminins dont vous avez écrit la biographie-Cléopâtre, Colette, Margot, Sand, Stuart, Ségur ou Sissi-Jeanne a-t-elle vos faveurs ?
H.D.
Certainement. Rendez -vous compte, rien ne fut aisé à Jeanne. Il en a fallu à cette petite paysanne de l’obstination pour être écoutée et reçue. A 13 ans, Jeanne,garçon manqué, est foudroyée par le mystère,s es voix, l’ange… A 17 ans,elle obtient à Vaucouleurs un habit d’homme, un cheval,une petite troupe et se rend ainsi à Chinon…Elle reconnaît le dauphin. Ebranlé, il lui fournit une armée, une armure et un étendard. C’est la victoire. Puis c’est la disgrâce, les trahisons, l’échec devant Paris. Condamnée au bûcher pour hérésie, Jeanne est brûlée vive chez vous à Rouen . Elle avait 19 ans.

C.R.  Malraux a dit de belles choses sur elle lors de l’inauguration de la nouvelle place du Vieux Marché à Rouen…
H.D.
« O Jeanne,sans sépulcre et sans portrait,toi qui savais que le tombeau des héros est le cœur des vivants, à tout ce pour quoi la France fut aimée,tu as donné ton visage inconnu ». C’est mieux que toutes les inepties, les délires que l’on a pu raconter sur ses origines et sa véritable identité.

C.R.  Savait-elle que sa mission se terminerait ainsi à Rouen ?
H.D.
Pas dans le feu,c’était sa hantise. Elle avait peur que les flammes détruisent son âme en même temps que son corps. Elle disait : « Je durerai un an, guère plus ! »

C.R.  Peut-on dire qu’elle était chef de bande à voir les La Hire et Gilles de Rais à ses côtés ?
H.D.
Elle avait une grande autorité sur eux et eux avaient du respect pour cette fille menue, vierge, sans régles. Elle leur répétait sans cesse : « Faisons la guerre mais n’aimons pas tuer ». Elle se servait de son épée quand il fallait et elle aimait surtout son étendard. Tout cela pour Charles VII, pourtant très ingrat à son égard.

C.R.  De tous les films tournés sur l’histoire de Jeanne dans la Grande Histoire, quel est celui qui a votre faveur de biographe ?
H.D.
Le plus juste, sans doute, celui de Jacques Rivette avec Sandrine Bonnaire (1994). J’aime aussi le film de Luc Besson avec Mila Jovovich et évidemment le muet de Carl Dreyer avec Falconetti (1927)

C.R.  Viendrez-vous bientôt à Rouen pour parler de Jeanne et de votre livre ?
H.D.
Je le souhaite vivement en ce 600e anniversaire de sa naissance.

Un nouveau livre sur la Pucelle

Un nouveau livre sur la Pucelle


«Jeanne d’Arc, la chanson et la geste »  Ed. Flammarion, 704 pages
Tarif : 24,90 euros.

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